
Rêver la littérature mondiale
Il y a quelques années Jérôme David faisait paraître Spectres de Goethe. Les métamorphoses de la "littérature mondiale" (Les Prairies ordinaires), dont l'Atelier littéraire de Fabula avait accueilli un large extrait ainsi qu'un entretien de l'auteur avec Lionel Ruffel, et dont Didier Coste avait rendu compte au sein d'un dossier critique d'Acta fabula intitulé "Anywhere out of the nation". Devenu l'un des animateurs du "Bodmer Lab" voué à valoriser les immenses collections de la Fondation Bodmer, il avait fait paraître ensuite une anthologie des textes de Martin Bodmer consacrés à la littérature mondiale, accompagnée d'un essai sur Martin Bodmer et les promesses de la littérature mondiale (les deux titres aux éd. Ithaque). Jérôme David nous invite aujourd'hui à Rêver la littérature mondiale, car la littérature mondiale désigne depuis deux siècles un rêve, "celui d’un commun devenu mondial et favorisé par la circulation des œuvres littéraires. Ou un cauchemar, quand des régimes totalitaires s’inventent leur propre Weltliteratur ou mirovaja literatura. Un passé hétérogène, en somme, dont on n’hérite pas sans confusion aujourd’hui. Explorer les archives, même les plus improbables, ne suffit pas. Il faut rêver à notre tour, puis juger ce que nous y découvrons : quelle expérience de la mondialité chaque littérature mondiale nous propose-t-elle ? Si nous rêvons avec elle, comment faisons-nous communauté par la littérature ?" Mêlant théorie, histoire et autobiographie, l'essai propose une réflexion qui va de Goethe à Spivak, des journaux de propagande aux foires du livre contemporaines, des bibliothèques prestigieuses aux plus modestes boîtes à bouquins.