éditoriaux

Politiques de la littérature. Fortunes et infortunes d’une formule critique

Politiques de la littérature. Fortunes et infortunes d’une formule critique

Quinze ans après la publication de Politique de la littérature (Galilée, 2007) de Jacques Rancière, dont Pascale Fautrier avait rendu compte pour Acta fabula, la formule "politique(s) de la littérature" s’est largement répandue dans la recherche littéraire contemporaine. Son usage témoigne d’une volonté de repenser la place du littéraire dans l’espace social, et de la tentation de déplacer « hors du livre » l’enquête sur les liens entre politique et littérature. Plusieurs travaux se sont approprié la réflexion de Rancière, mais également les conceptualisations amorcées par Benoît Denis et Jean-Francois Hamel au sujet des "politiques de la littérature". Un nouveau dossier accueilli dans la collection "Le fond de l'air" des Colloques en ligne de Fabula propose de revenir sur cette formule. Le sommaire réuni par Lucie Amir, Justine Huppe et Julien Jeusette prend acte de son hétérogénéité, présente les objets de recherche qu’elle a permis de penser et les prolongements auxquels elle a pu – et peut encore – donner lieu.  

(Illustr. : The Book Bloc)

Le désir du poème

Le désir du poème

Un théâtre palestinien

Un théâtre palestinien

Malebouche

Malebouche

Pourquoi les paroles font-elles mal ? Quel mal spécifique les paroles méchantes infligent-elles ? "Male bouche", le personnage du Roman de la Rose, est la figure tutélaire d'un ouvrage collectif qui tente d’apporter des éléments de réponse en analysant les raisons culturelles pour lesquelles, dans tel ou tel contexte historique, les meurtrissures infligées par la langue revêtent une signification particulière et en convoquant le droit, la littérature, le théâtre, les pamphlets, les traités de civilité. Le volume supervisé par Fosca Mariani Zini, Nathalie Vienne-Guerrin (dirs.), sous le titre La "Malebouche". Les paroles blessantes, du Moyen Âge à l'Âge des Lumières (Champion) se concentre sur trois moments saillants, en essayant d’en saisir les préoccupations les plus marquantes : la peur du mensonge au Moyen Âge ; le risque de la loquacité creuse à la Renaissance ; le détournement de la raison par les paroles malintentionnées à l’époque des Lumières. Fabula vous invite à lire un extrait de l'introduction

Rappelons, plus haut dans le temps, le volume publié par Florence Cabaret et Nathalie Vienne-Guerrin : Mauvaises Langues ! (P.U. de Rouen & du Havre), dont la recension était parue dans le dossier critique d'Acta fabula "La langue française n'est pas la langue française" : "Du bon usage de la mauvaise langue" par Caroline Loranger.

(Illustr. : Faux-semblant and Abstinence-Contrainte parlant avec Malebouche, Le Roman de la Rose, XVe s.)

Mary à tout prix

Mary à tout prix

Frankenstein, ou le Prométhée moderne, est né d'un pari lancé le soir du 15 juin 1816 par lord Byron à la petite assemblée qui l'entoure alors qu'il est en villégiature sur les bords du lac Léman : écrire un conte horrifique. Mary Shelley, compagne du célèbre poète romantique Percy Bysshe Shelley, relève le gant. Elle imagine la "hideuse chimère" d'un corps composé de plusieurs cadavres, ramené à la vie par le savant Victor Frankenstein "sous l'action d'une puissante machinerie". Mary n'a que dix-huit ans quand, en véritable pionnière, elle fait paraître ce roman épistolaire qui lance le genre de la science-fiction des deux côtés de l'Atlantique. Avec cette créature rejetée par son créateur et par la société insensibles à son humanité à cause de sa monstruosité physique, la romancière dit son goût pour l'anticipation et la marginalité. Goût que l'on retrouve en 1826 dans la fiction postapocalyptique Le Dernier Homme, dont l'action se situe en 2073 et qui associe une vision érudite de l'histoire à l'aventure de personnages en rupture avec leur époque. Mary se fera dénonciatrice de la loi patriarcale abusive dans Mathilda, un roman qui nous rappelle qu'elle est la fille de Mary Wollstonecraft, une des premières féministes. Un volume établi par François Rivière pour la collection Bouquins réunit ces trois œuvres, avec plusieurs nouvelles traduites en français pour la première fois.

(Illustr. : Boris Karloff dans Frankenstein de James Whales, 1931)

À bas bruits

À bas bruits

Maxime Cartron, Olivier Leplatre et Marine Ricord font paraître les actes d'un colloque lyonnais qui s'était mis à l'écoute des Bruits du récit sous l’Ancien Régime, pour réfléchir à la façon dont les fictions du temps conservent à leur manière les bruits, et élaborer une cartographie émotionnelle et sociale de cette période. Préfacé par Arlette Farge, le sommaire offre un parcours sonore, entre intériorité et monde extérieur, selon l’intensité et les genres littéraires ; réécouter les signes sonores qui se mêlent aux récits d’Ancien Régime invite aussi à mesurer ce que le bruit fait à la fiction, les perturbations qu’il entraîne ou les suppléments de signification qu’il engendre, le type de scènes éventuellement spécifiques qu’il suscite et alimente. Rappelons que Topiques, la revue des études satoriennes, avait également consacré une livraison au "paysage sonore dans la littérature d’Ancien régime, ou du son comme topos de scènes narratives", à l'intiative d'Hélène Cussac.

(Illustr. : La Conduite des filles de joie à la Salpêtrière, tableau d'Étienne Jeaurat, 1757)

Signé Junius

Signé Junius
Suite