éditoriaux

La révolution d'Iéna

La révolution d'Iéna

Oubliez Paris : dans les années 1790, la véritable révolution a eu lieu à Iéna, une ville universitaire tranquille où les rebelles n’étaient ni soldats ni politiciens, mais poètes (Goethe, Schiller, Novalis), philosophes (Fichte, Schelling, Hegel), critiques littéraires (les frères Schlegel) et scientifiques (Alexander von Humboldt). Au centre de ce groupe se trouvait Caroline Böhmer, une femme libre et formidable. Le cercle de Iéna rassemblait les premiers Romantiques. Leurs vies libérées des conventions ont été des laboratoires pour leurs idées radicales – sur le pouvoir de création de l’individu, les rapports à la nature, les aspirations de l’art et de la science, et sur le sens profond de la liberté. Dans Les Rebelles magnifiques (Noir sur blanc éd.), Andrea Wulf nous emmène à la découverte de leurs aventures, de leurs histoires d’amour passionnées, leurs querelles mémorables, leurs succès et leurs échecs. À chaque page, elle fait revivre ces héros de l’histoire de la littérature, dont les idées sont à l’origine d’une révolution de la pensée qui imprègne notre monde moderne. Fabula vous invite à découvrir un extrait de l'ouvrage…

Les temps qui restent

Les temps qui restent

Fabula se réjouit de la naissance d'une nouvelle revue en ligne, Les Temps qui restentà l’initiative du comité de rédaction de la revue Les Temps Modernes liquidée par Gallimard au lendemain de la disparition de Claude Lanzmann. La nouvelle revue vient reposer la question de l'engagement individuel et collectif à l'âge de l'anthropocène, dans un temps qui n'est plus celui de la modernité, mais de ce qui en reste, comme l'écrit Patrice Maniglier dans un texte programmatique. Fabula vous invite à découvrir le premier dossier, "Comment hériter des temps modernes ?", mais aussi à parcourir les dizaines de textes répartis en "interventions", "études", "documents", "débats", "propositions", et à vous plonger dans les chroniques régulières de la revue ("La petite mythologie du mois" d'Emily Apter, "Poésies à problème" de Pierre Vinclair, ou encore la chronique "Gribouiller" de Francis Haselden, parmi tant d'autres) ainsi que dans les différents formats de la revue (audio, vidéo et image). Vous y trouverez notamment une relecture par Silvia Lippi de Freud à la lumière de la théorie du compost de Donna Haraway, un texte d'Etienne Balibar sur la "catastrophe informatique", une analyse, par François Hartog, du "simultané du non-simultané" ou une étude de l'"écologie de l'esprit" proposée par Catherine Malabou. Comme l'avenir, puissent Les temps qui restent durer longtemps.

Le Cercle des poètes de la Stasi

Le Cercle des poètes de la Stasi

Au début des années 1980, dans la caserne berlinoise d’Adlershof, QG étroitement gardé du régiment d’élite de la police politique est-allemande, la redoutable Stasi, une poignée de fonctionnaires se réunissent régulièrement pour discuter de poésie. Sous un portrait de Lénine, un ancien vétéran de la Seconde Guerre mondiale, de jeunes prodiges, des soldats et des garde-frontières déclament des vers et échangent leurs points de vue sur la composition métrique, les rimes et l’art du sonnet, persuadés de participer ainsi au combat de leur pays contre les puissances capitalistes et le fascisme rampant. Mais que peuvent les mots face aux armes nucléaires surpuissantes qui prolifèrent à l’époque et pourquoi la Stasi, en plein cœur de la guerre froide, se pique-t-elle ainsi de poésie ? Partant sur les traces des participants de ce club littéraire bien particulier, Philip Oltermann nous fait entrer dans Le Cercle des poètes de la Stasi (Seuil) : un univers trouble où la paranoïa grandissante d’un régime en déliquescence investit tous les champs de la pensée, où les espions ne sont pas forcément ceux que l’on croit, et où un simple poème peut vous mener en prison.

Écrire sa mère

Écrire sa mère

Le rire de la Méduse

Le rire de la Méduse

"Il faut que la femme s’écrive : que la femme écrive de la femme et fasse venir les femmes à l’écriture, dont elles ont été éloignées aussi violemment qu’elles l’ont été de leurs corps ; pour les mêmes raisons, par la même loi, dans le même but mortel. Il faut que la femme se mette au texte — comme au monde, et à l’histoire —, de son propre mouvement." Les éditions Gallimard rééditent Le rire de la Méduse d'Helène Cixous, avec le sous-titre Le Manifeste de 1975. Un essai décisif dans l'histoire du féminisme et de la réflexion sur l'écriture féminine qui mérite d'être relu aujourd'hui pour être mis en dialogue avec les théories du genre. Fabula vous invite à feuilleter l'ouvrage…
 

Corps souffrant, corps politique

Corps souffrant, corps politique

Les questionnements actuels sur le genre, sur les rapports de domination, sur le handicap ou encore sur les situations de crise sanitaire invitent à reconsidérer les récits portant sur la violence physique, la douleur, la blessure et la maladie. Supervisée par Aurélien d'Avout et Yohann Deguin, la trente-et-unième livraison de la revue Fabula-LhT : littérature, histoire, théorie propose d’étudier les représentations du corps souffrant dans la littérature, lorsque celui-ci apparaît investi d’une valeur collective et politique. En effet, bien qu’éprouvée de manière intime dans le corps d’un sujet, la souffrance est aussi affaire de toutes et tous. Le sommaire accueille également un article en varia sur Antoine Volodine.

Comme à l'accoutumée, la revue des parutions Acta fabula adosse ce sommaire à un dossier de comptes rendus sur la même question des corps souffrants. Signalons au passage les nouveaux appels à contributions affichés par Acta fabula pour deux dossiers critiques respectivement consacrés au personnage historique en littérature, et à la Troisième république des Lettres au féminin.

(Illustr. : Egon Schiele, I Will Gladly Endure for Art and My Loved Ones, crayon et aquarelle sur papier, Vienne, Albertina Museum, 1912).

Milena et Felice

Milena et Felice

En 1937, une jeune allemande et militante communiste, Margarete Buber, décide de fuir l’hitlérisme et se réfugie en compagnie de son mari Heinz Neumann, ancien député au Reichstag, à Moscou. Ils seront bientôt arrêtés pour "déviationnisme". Heinz disparaît aussitôt, sans doute exécuté, et Margarete est déportée en Sibérie pendant deux ans. En 1940, le NKVD la livre à la Gestapo qui l'interne à Ravensbrück. C'est à son arrivée dans ce camp, au mois d'octobre, qu'elle rencontre Milena Jesenská, célèbre journaliste tchèque et figure engagée de son temps. Pendant près de quatre ans, jusqu'à la mort de Milena à l'infirmerie du camp, le 17 mai 1944, les deux femmes vont vivre un bouleversant compagnonnage. Au milieu de la misère et de l'horreur quotidiennes, elles se racontent leur vie. La brève liaison de Milena avec Kafka au début des années 1920, ses deux mariages, d'abord avec l'écrivain juif Ernst Polak, puis avec l'architecte Jaromir Krejcar, sa carrière étonnante de journaliste, ses traductions de Kafka en tchèque, son mélange de force et de désinvolture face à l'invasion nazie en 1939, et ses désillusions de militante communiste. Tout cela, Margarete le rapporte fidèlement, comme le lui avait demandé Milena sur son lit d'agonie : "Tu leur diras qui je fus, n'est-ce pas ? Tu auras pour moi la clémence du juge." La collection "Fiction & Cie" des éditions du Seuil réédite Milena de Margarete Buber-Neumann, dont Fabula vous propose de lire un extrait…

Berlin 1935. Felice Bauer – par deux fois fiancée à Franz Kafka –, fuit l’Allemagne hitlérienne avec ses enfants, alors que les proches de l’écrivain tentent eux-aussi d’échapper aux horreurs d’un Holocauste annoncé. Des années plus tard, un homme prétendant être le fils de Kafka aborde le fils de Felice à Manhattan et le drame entourant les Lettres à Felice écrites par l’écrivain commence… Dans La vie après Kafka (Agullo), Magdaléna Platzová dépeint la magie et le poison des souvenirs , et met en lumière le courage nécessaire pour survivre aux vestiges brisés de l’Europe d’avant-guerre et rebâtir une vie dans un nouveau monde. Fabula donne à lire un extrait de l'ouvrage…

Lire aussi les éditos de la rubrique Questions de société…

Et les éditos de la rubrique Web littéraire…

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