Au XIXe siècle, les révolutionnaires français mobilisent des spectres, de plus en plus nombreux, de plus en plus gothiques, mais toujours porteurs d’une vive modernité politique. Cet imaginaire révolutionnaire accompagne deux phénomènes majeurs : l’entrée des masses en politique et la violence croissante des massacres fondateurs des régimes successifs. Cette spectralité peut même être portée par des vivants, et Louise Michel de proclamer : « nous reviendrons, spectres vengeurs sortant de l’ombre ! ». En luttant contre les effacements, en renouant les fils brisés, ces revenants soulignent avec force la première leçon de l’Histoire : rien n’est joué d’avance, rien n’est définitivement joué. Les spectres révolutionnaires du XIXe siècle se sont révélés de puissants antidotes à la résignation.
Éric Fournier, né en 1975, est spécialiste de la Commune de Paris et de son enjeu mémoriel, de l’imaginaire social et révolutionnaire du XXe siècle. Il est maître de conférences de l’université Paris1 Panthéon-Sorbonne et membre du Centre de recherche d’histoire du XIXe siècle.
—
On peut lire sur laviedesidees.fr un article sur cet ouvrage :