« Ceux devant qui se sont dressés, sous l’éclatant ciel bleu de juin, ces deux effrayants chefs-d’œuvre de la guerre civile, ne les oublieront jamais » : Victor Hugo, dans un chapitre des Misérables, évoque ainsi les deux plus formidables barricades de l’insurrection parisienne de juin 1848, dont il fut un témoin et même un acteur. À la tête de l’une un « gamin tragique », ouvrier mécanicien, derrière l’autre un géant truculent, ex-officier de marine.
Emmanuel Barthélemy, l’ouvrier, et Frédéric Cournet, le marin, ne sont pas des personnages de fiction, ils ont réellement existé. Ils ont beau se battre du même côté en ces jours de sang, ils vont devenir des ennemis mortels. Hugo résume leur destinée furieusement romanesque en quelques lignes qui m’ont donné envie de reconstituer du début jusqu’à la fin, de Paris à Londres, l’histoire croisée de ces deux figures oubliées des révolutions du dix-neuvième siècle. On y voit des barricades, le bagne, des évasions, un coup d’État, un duel à mort, plusieurs meurtres, le gibet, et des comparses comme Karl Marx et Napoléon III. Et Hugo lui-même, excusez du peu.
C’est ce livre. — O. R.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Deux révolutionnaires qui passent", par Sébastien Omont (6 février 2024)
Sous-titré « Sur une page des Misérables », le nouveau livre d’Olivier Rolin, Jusqu’à ce que mort s’ensuive, est à la fois une enquête historique prenante et un dialogue littéraire méditatif entre les écrivains, les siècles et les villes. En retraçant les destins réels mais romanesques de deux révolutionnaires de juin 1848 mentionnés par Victor Hugo, il scrute ce qu’on peut connaître d’un passé ni récent ni fameux. Et interroge, dans une sorte de roman vrai teinté d’humour et de mélancolie, l’engagement révolutionnaire.