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Séminaire Autobiographie et Correspondances de l'ITEM : deux archives inédites (ENS Paris)

Séminaire Autobiographie et Correspondances de l'ITEM : deux archives inédites (ENS Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Elifsu Sabuncu)

L'Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM, CNRS-ENS) est heureux de vous inviter à son Séminaire "Autobiographie et Correspondances ». 

La séance de décembre aura lieu

samedi 14 décembre de 10h00 à 13 h00 

ENS, 45 rue d’Ulm, salle Celan  

Elle nous donnera le plaisir de découvrir deux belles archives inédites, grâce aux interventions de :

Dominique Parent Maissin : « Une correspondance familiale en temps de guerre (1914-1918),  la vie quotidienne, du front à l’arrière »

et Florence Richter : «  Le Journal intime de la romancière Marie-Thérèse Bodart  »

« Une correspondance familiale en temps de guerre (1914-1918),  la vie quotidienne, du front à l’arrière »

Il s’agira durant cette séance d’évoquer la découverte et la transcription par leur ayant- droit de plus de 300 lettres, écrites du 7 aout 1914 au 10 novembre 1918, principalement par 6 correspondants Jean (23 ans, 15 lettres), Jacques (21 ans,182 lettres), Antoinette (15 ans, 46 lettres) et leur mère Aline Lelong (48 ans, 9 lettres), sa sœur Cécile Demouy (45 ans, 35 lettres) et Marguerite Ponsar, (24 ans, 26 lettres) fiancée au frère aîné Pierre Lelong (25 ans). Les lettres des fils sont principalement adressées à leurs parents parfois à leur sœur, Jean du front, Jacques de sa formation militaire puis du front. Antoinette et Marguerite (futures-belles sœurs et amies) s’écrivent régulièrement jusqu’en 1917, Aline écrit parfois à Marguerite, sa future belle-fille. Et Cécile, la tante du fiancé, Pierre, écrit à la mère de Marguerite, Catherine Ponsar, pendant toute la guerre. C’est donc aussi une chronique de la vie de ces femmes : Aline, femme de notaire, vivant avec Antoinette à Corbeil, Marguerite, qui est avec sa famille à Maulaix, propriété familiale située dans la Nièvre et Cécile, qui vit à Paris. Des deuils, un secret de famille et l’absence brutale de nouvelles du fils de Cécile bousculent un quotidien dont toutes essayent de préserver la normalité. 

Dominique Parent Massin est biologiste de formation, spécialisée en toxicologie alimentaire. Professeure des universités à Brest jusqu’en 2016, expert national et européen en évaluation du risque toxicologique pour le consommateur dans les agences de sécurité alimentaire, elle a est présidente d’honneur de la Société française de toxicologie et membre de l’Académie d’agriculture de France (créée par Louis XV en 1761). Domiciliée à Paris depuis 2016, elle est l’ayant-droit d’une importante correspondance familiale échangée au sein des familles Lelong et Ponsar 

«  Le Journal intime de la romancière Marie-Thérèse Bodart  »

« Lève-toi et sois brillante ! » : voilà la formule que Marie-Thérèse avait épinglée, sur le mur de sa petite chambre d’étudiante à l’université de Bruxelles, dans les années 1930. 

J’ai retrouvé, après des semaines d’éparpillement intérieur, le sens premier d’une pensée synthétique : amor fati – ces mots que j’ai pris pour des pierres sont des diamants: tout ce qui sera, sera bien; (...) accord de deux terribles exigences synthétiques de la vie : ma volonté et l’ananké (= nécessité) de ma route. Cultiver ma force et s’appuyer sur ce destin – cela seul, s’y tenir fermement. »

écrit encore « Thérèse » dans son Journal, vers la même époque. 

Et dans un extrait d’interview de 1972, qui sera diiusé au Séminaire « Autobiosphère », la romancière dit avoir débuté l’écriture d’une nouvelle œuvre de fiction où elle « veut mettre... tout ! » 

« Tout » : ce mot caractérise peut-être Marie-Thérèse Bodart, passionnée, curieuse de tout et de tous, épouse d’un écrivain, mère d’une écrivaine, professeure d’histoire dans un lycée, artiste et intellectuelle. Elle a voulu que sa vie soit intense et bien remplie, et ce fût le cas. 

Dans la première partie du Séminaire, la vie et l’œuvre de «Thérèse» seront présentées, ainsi que quelques photographies familiales qui donnent l’ambiance de la vie quotidienne dans cette joyeuse «tribu», caractérisée par beaucoup d’amour, beaucoup de travail (intellectuel notamment), caractérisée aussi par un mélange intense de vie charnelle et spirituelle. 

Dans la seconde partie du Séminaire, Véronique Montémont et Florence Richter s’entretiendront, sur la forme, le contenu, et la valorisation, de cet incroyable « Journal intime » de Thérèse, qui compte 4.000 pages, 25 cahiers, et couvre presque un demi- siècle, de 1926 à 1974. 

Le contenu du « Journal intime » est marqué par une réflexion à la fois profonde, intense, grave, critique, sur sa vie et sur la société. Mais il ne faut pas oublier ce rire de chaque jour qui accompagne le couple Bodart : ainsi dans une carte postale (qui sera présentée au Séminaire), envoyée de France par Roger Bodart à Marie-Thérèse, en 1970, au recto on voit une panthère dans un zoo avec la mention « Ta panthère s’ennuie », et au verso, Roger a écrit : 

 ‘Ce petit cachot, l’univers’, dit Pascal. ‘Le monde entier est une prison’ dit Hamlet. On ne s’ennuie qu’en soi, on est captif qu’en soi. Qui s’en va emmène sa cage, s’il est captif. Qui reste, voyage, s’il s’est fait esprit libre. Qui est derrière les barreaux, qui devant ? Je suis dans un petit parc où jouent des enfants. Des grilles tout autour de nous. Comme ils ont l’air heureux dans ce zoo ! Je t’embrasse, ma panthère, R.

Florence Richter est criminologue. Elle a été analyste criminelle au commissariat de Molenbeek (Bruxelles), éditrice à La Renaissance du Livre, journaliste (notamment à la rubrique "Débats" de La Libre Belgique), administratrice-déléguée des Midis de la Poésie, chercheuse universitaire (U.L.B. et U. Saint-Louis-Bruxelles). Elle travaille aujourd'hui au ministère de la Culture comme rédactrice en chef deSaison.Culture, revue professionnelle de la culture en Fédération Wallonie-Bruxelles. Florence Richter est la fille de l'écrivain Anne Richter, et la petite-fille du poète et essayiste Roger Bodart et de la romancière Marie-Thérèse Bodart. Elle a publié un essai Ces fabuleux voyous : crimes et procès de Villon, Sade, Verlaine, Genet (2010), et trois fictions qui se présentent comme un triptyque où l'on retrouve le personnage de Rose : le conte philosophique La déesse et le pingouin (2014), le roman-pamphlet Qui est Georgette ? (2019), et l'épopée Rose étrange au Mont des Arts (2023). La fiction de F. Richter relève de l'étrange et de l'écoféminisme militant.