Journée d’étude « François Perrin, poète, dramaturge, antiquaire »
Université de Bourgogne
Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures (CPTC UR 4178)
Appel à communications
François Perrin (ca 1533-1606) est une figure méconnue de la littérature bourguignonne de la Renaissance. Issu d’une famille de notables autunois, il fut chanoine du chapitre de la cathédrale Saint-Lazare d’Autun et principal du collège de la même ville. « Discret homme d’Église1 », Perrin est aussi l’auteur d’œuvres poétiques variées qui relèvent de genres littéraires alors en vogue (recueils de sonnets, comédie, tragédie, poésie gnomique, paraphrase biblique…) et, comme beaucoup de résidents d’une ville au riche patrimoine gallo-romain, il s’est intéressé au passé antique de sa ville.
Son principal recueil est Le Pourtraict de la vie humaine, où naifvement est depeincte la corruption, la misère, et le bien souverain de l’homme (Paris, Guillaume Chaudière, 1574, publié également chez le même libraire en 1588 sous le titre de Trois centuries de sonnets concernant le vray portrait de la vie humaine). On lui doit aussi un recueil de poésie gnomique, les Cent et quatre quatraines de quatrains, contenantz plusieurs belles sentences et enseignemens (Lyon, Benoît Rigaud, 1587) et quelques pièces de vers (Imploration de la paix au Roy, Lyon, Benoît Rigaud, 1576 ; Oraison de Jérémie après la destruction de Jérusalem, Lyon, Benoît Rigaud, 1588 ; Histoire tragique de Sennacherib, Paris, Abel l’Angelier, 1599). Il est aussi l’auteur d’une une comédie et d’une tragédie (Les Ecoliers et Sichem ravisseur, Paris, Guillaume Chaudière, 1589). Il aurait également rédigé des Recherches de l’Antiquité de la cité d’Autun dont a seulement subsisté une copie manuscrite fragmentaire.
Perrin connut une certaine notoriété de son vivant (Du Verdier lui consacre une notice dans sa Bibliothèque française) et au-delà, puisque Colletet, au XVIIe siècle, lui a consacré une de ses Vies des poètes françois. Malgré cela, il reste peu étudié. Sa poésie et plus récemment son théâtre ont fait l’objet de quelques travaux, mais il n’existe pas à ce jour d’étude d’ensemble sur son œuvre, en dehors de celle d’Anatole de Charmasse (« François Perrin, poète autunois du seizième siècle », Mémoires de la société éduenne, deuxième série, tome quinzième, Autun, 1887, p. 1-251), quelque peu datée.
La journée d’étude projetée par l’Université de Bourgogne entend rendre à François Perrin la place qui lui revient dans la vie littéraire du XVIe siècle. Trois axes d’étude pourront être envisagés :
Perrin, poète et humaniste
Loin de se limiter à un seul genre littéraire, Perrin s’est essayé au sonnet, à la poésie gnomique, dramatique, biblique, politique. Connaisseur avisé de la poésie de son temps, il est marqué par la poésie de la Pléiade (les réminiscences de Ronsard et surtout de Du Bellay abondent dans ses vers) mais s’approprie également les nouvelles tendances de la poésie du dernier quart du siècle : satire, moralisation, dévotion, sensibilité tragique… Son recueil des Trois centuries de sonnets associe la déploration de la misère humaine et la louange de l’homme comme chef d’œuvre de la création divine. Ses autres œuvres poétiques touchent à la politique (Imploration de la paix) dans la veine des Discours ronsardiens, la poésie moralisante initiée par Pibrac (Cent et quatre quatraines de quatrains) et la réécriture biblique (Oraison de Jérémie, Histoire tragique de Sennacherib). Avec ses œuvres dramatiques (Les Ecoliers, Sichem ravisseur), il s’inscrit dans le renouveau de la comédie et de la tragédie, avec Jodelle, Grévin, Garnier… Enfin son intérêt pour les antiquités d’Autun rejoint l’engouement pour les vestiges gallo-romains qui s’était emparé des milieux humanistes dans d’autres villes au riche patrimoine (Lyon, Bordeaux, Nîmes…). La prise en compte de la diversité de l’œuvre de Perrin, de son adéquation avec les genres et les thématiques de son temps, permettra de dépasser l’image quelque peu réductrice de poète dévot où se trouve confiné le chanoine d’Autun.
Un enracinement autunois, un réseau littéraire bourguignon
Les épîtres liminaires, les pièces de dédicaces et d’hommage des œuvres de Perrin laissent entrevoir un réseau étendu d’amitiés littéraires (Jean des Caurres, Jacques Guijon ou l’obscur Nicolas Moquot…) et de liens avec les élites de l’Église (Charles d’Ailleboust, évêque d’Autun, est dédicataire des Trois centuries) et de la Robe (le président du parlement de Dijon Pierre Jeannin). Issu d’une famille de notables autunois, Perrin, qui aurait fait dans sa jeunesse un assez long séjour à la cour de France, est un homme de réseaux. On s’efforcera de mieux connaître ce « microcosme provincial » aux ambitions peut-être sous-estimées, foyer de culture humaniste et de création littéraire, fasciné par le glorieux passé d’Autun.
Perrin témoin de son temps
Enfin, on ne peut dissocier l’œuvre de Perrin du contexte tragique de son époque. Les Trois centuries évoquent les guerres civiles et leurs cortèges de maux (pillages, famine…). Dans sa poésie politique (Imploration de la paix) le poète se montre sensible aux souffrances des humbles et plaide pour un retour de la paix. L’actualité est également présente dans son œuvre par le détour de l’inspiration biblique : l’Oraison de Jérémie et l’Histoire tragique de Sennacherib sont inspirées par les exactions commises par les Reîtres et saluent leur écrasement par le duc de Guise.
Projets de communication (titre et résumé de 300 mots maximum) à faire parvenir avant le : 31 janvier 2025 à
Richard Crescenzo (richard.crescenzo@u-bourgogne.fr)
Et
Domitille Coudert (Domitille.Coudert@u-bourgogne.fr)
1 J.-P. Barbier Muller (dir.), Dictionnaire des poètes français de la seconde moitié du XVIe siècle (1549-1615), Tome V, M-P, Genève, Droz, 2023, p. 713.
2 A. Sirvin, « François Perrin, un parcours immobile : les enseignements du paratexte dans l’œuvre du poète autunois », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, LXII, 2000, p.303-315.