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Dissolution(s) (Lille)

Dissolution(s) (Lille)

Publié le par Marc Escola (Source : Clara Joubert)

Deuxième Journée d’étude du Laboratoire Junior Cédille

Dissolution(s)

Vendredi 28 mars 2025

Université de Lille

Campus Pont de Bois, Bâtiment B, Salle B0.619

Comité d’organisation:

Julien Beckaert, Marion Clanet, Laura Depré, Camilla Fornaro, Jennifer Harvey, Clara Joubert,

Katerina Koti, Nina Milonet, Giovanny Ramos, Thaiza Senna, Bianca Vallarano

Qu’elle désigne la disparition d’une institution, la désagrégation d’un organisme ou le dérèglement des mœurs, la dissolution désorganise, détruit et déconstruit. À l’occasion de sa deuxième journée d’études, le Cédille (laboratoire junior du CECILLE, Centre d’études en civilisations, langues et lettre étrangères de l’Université de Lille) s’empare de cette métaphore chimique et invite les doctorant·es en sciences humaines et sociales à l’appliquer à leur propre domaine de recherche.

Dans les textes littéraires, peut ainsi être exploré tout ce qui a trait, au sens propre ou figuré, à l’apocalypse, la disparition, l’enfouissement ou le retour à la poussière. La décomposition est un thème fécond, notamment en science-fiction ou dans les textes dystopiques, et est à entendre dans toutes ses acceptions : dé-composition (séparation, morcellement, dislocation…) mais également pourrissement, déclin…  Dans Staying with the Trouble (2016), Donna Haraway envisage ainsi une forme de résistance aux effets matériels du capitalisme sur les ressources naturelles et à l'anthropocentrisme qui l’accompagne (anthropocène). D’un compost inter-espèce où toute forme de hiérarchie est dissoute pourrait ainsi surgir un narratif et des pratiques d’aide mutuelle dans le vivant.

La dissolution peut ainsi être abordée dans une perspective historique, sociologique, politique. On pense au sens institutionnel : la dissolution de certains groupes comme acte de censure ou la dissolution d’une chambre parlementaire. On peut aussi envisager l’appropriation réactionnaire de ce terme avec les représentations idéologiques d’un déclin de la civilisation humaine favorisant des discours eugénistes.

La dissolution permet également de penser la subversion, lorsqu’elle est comprise comme un refus de rentrer dans le rang. Débauche, excès en tous genres et libertinage pourront ainsi faire l’objet d’une analyse, de même que les textes mettant en scène ces pratiques. Seront aussi considérées les formes de subversion des identités (genrées ou autres) et des normes établies dans un contexte sociopolitique, souvent imposées à travers un réseau complexe de relations de pouvoir. Ces normes sont généralement associées à des récits ou des valeurs dominantes, telles que la famille, la patrie, ou d'autres institutions traditionnelles. Dans ce cadre, la dissolution se présente comme une tentative de transgression des discours hégémoniques et des frontières établies, visant à déconstruire les structures identitaires figées liées au genre, à la classe sociale, à la nationalité, etc. Elle ouvre ainsi la voie à une réinvention du sujet, tel qu’il apparaît au sein des textes ou dans le discours public.

En traductologie, la dissolution permet d’interroger la relation entre les textes : l’original est-il dilué, dissolu, disséminé dans sa traduction ? S’agit-il d’une destruction, d’une (re)création, d’une recomposition ? La métaphore chimique de la dissolution souligne la nature organique du travail traductif, « mouvement inlassable par quoi s’approprier c’est être approprié, manger c’est être mangé et traduire c’est être traduit » (Tiphaine Samoyault, Traduction et violence, Paris, Gallimard, 2020, p.51). On s’intéressera ainsi, par exemple, aux dimensions destructrices et créatrices du processus traductif, à l’hétérogénéité et à l’hétérolinguisme dans le texte traduit ou à la manière dont la traduction peut combattre (ou provoquer !) la disparition de langues minorées. ​​La dissolution peut nous amener à interroger le concept d’acceptation et d’inclusion de l’altérité en traduction et autotraduction, les formes d’engagement en traduction, la traduction dans la culture transmédia (expérimentations linguistiques, adaptations, relation entre la culture visuelle et la traduction), les rapports de pouvoir entre le marché éditorial global et local, le lectorat cible et le texte traduit, ainsi que les dynamiques complexes entre l’invisibilité du traducteur.trice et le texte produit. De manière générale, ce sont bien les relations entre traduction et pouvoir qui sont en jeu ici, en tenant compte du fait que « les relations de pouvoir en traduction sont constamment (re)négociées » (« power relations in translations are being constantly negotiated », Castro et al., Self-Translation and power, Londres, Palgrave Macmillan, 2017).

Dans la sphère socioculturelle, on peut, enfin, envisager d'autres formes de dissolution : le silence, l'effacement et l'absence de représentation des minorités ou des populations minorisées face à des cultures et des structures de pouvoir oppressives. On observe des processus délibérés de dissolution et d'élimination de leurs contributions à l'Histoire, à la littérature, aux arts et à la culture. Cet effacement se manifeste par la non-reconnaissance et l'omission de leurs réalisations, passant par des représentations limitantes, stéréotypées ou déformées, et allant jusqu'à la dilution de la couleur de peau et de l'héritage culturel de grandes figures historiques, que ce soit dans des représentations picturales ou dans la dissociation de leurs origines ethniques et raciales. D’un autre côté, on souligne la résilience de ces populations, qui résistent aux multiples tentatives d'effacement et s'engagent dans la déconstruction et la reconstruction d'histoires, de récits et d'identités.

Modalités de soumission

Les doctorant·es en sciences humaines et sociales sont invité·es à nous soumettre un descriptif de communication d’un maximum de 300 mots, accompagné d’une brève notice biographique à l’adresse cedille.labo@gmail.com avant le 31 janvier 2025. Les communications ne devront pas dépasser 20 minutes et se feront en français. 

L’événement se tiendra sur le campus de l’Université de Lille en mode hybride, le 28 mars 2025. Les communications se feront en présentiel uniquement. Veuillez noter que nous n'avons pas de fonds disponibles pour vous aider à financer vos déplacements ou votre hébergement. Nous vous invitons à vous informer auprès de votre établissement concernant les possibilités de financement.

Dates importantes

31 janvier 2025 : date limite pour l’envoi des propositions

10 février 2025 : notification d’acceptation

28 mars 2025 : journée d’études à l’Université de Lille.