éditoriaux

Sur le chemin du retour

Sur le chemin du retour

La canicule nous y aura un peu préparé : l'heure sera bientôt venue de refermer les volets sur nos lieux de vacances, et de reprendre le chemin des bibliothèques avant de gagner les escaliers de nos salles de cours, mais on fera dans l'intervalle un passage dans quelque bonne librairie — il n'en est pas de mauvaise. Fabula est de retour en même temps que les écoliers romands, pour venir signaler dès maintenant et jour après jour les nouvelles parutions de la rentrée, en faisant la part belle  aux essais littéraires dans les billets affichés semaine après semaine sur la présente  page d'accueil, mais en s'attachant aussi aux publications relevant plus largement des sciences humaines sociales sous l'onglet "Questions de société" ainsi qu'aux initiatives directement accessibles en ligne à la rubrique "Web littéraire".

Notre revue des parutions Acta fabula reprendra ses publications hebdomadaires mi-septembre, ce qui laisse le numéro anniversaire de ses vingt-cinq ans à l'affiche (voir ci-contre et ci-dessous). Quant à la revue Fabula-LhT, elle publiera à l'automne une nouvelle livraison intitulée "Penser queer en français. Littérature, politique, épistémologie", à l'initiative de Nicolas Aude et Danielle Perrot-Corpet. Les Colloques en ligne accueilleront de leur côté courant septembre les actes du colloque de la Société Française de Littérature comparée sur les "Populations fictionnelles", et ceux d'un colloque tenu à Tokyo : "Terreur et rhétorique".

La rentrée étant aussi le moment des bonnes résolutions, Fabula invite ses lecteurs qui ne l'auraient pas encore fait à créer un compte (cliquez sur Connexion en haut à droite) pour mieux profiter des fonctionnalités du site : une simple inscription (gratuite) permet de créer son propre profil, puis de personnaliser ses usages en créant un système d'alertes individualisé aux différents fils d'actualités comme à nos ressources propres.

Comment torpiller l'écriture des femmes

Comment torpiller l'écriture des femmes

25 ans d'Acta fabula : un cabinet de lectures

25 ans d'Acta fabula : un cabinet de lectures

Les revues littéraires ne sont pas si nombreuses à pouvoir fêter leurs vingt-cinq années d’exercice. Un quart de siècle d’existence, à raison de onze numéros par an, ce sont plus de 4000 articles qui constituent aujourd’hui une précieuse archive des recherches sur la littérature (au singulier, c'est-à-dire dans le pluriel de ses langues). Ce sont aussi plusieurs générations de chercheurs qui ont trouvé dans la revue une chambre d’échos pour leurs lectures les plus vives, et un laboratoire pour l’incubation de leurs propres intuitions. Sous le titre "Un cabinet de lectures", le numéro anniversaire offre une série de chroniques personnelles qui sont autant de lectures au long cours et pour la plupart intempestives, qu’il s’agisse de rendre compte d’ouvrages passés sous les radars ou auxquels la revue n’a pas su donner la place qu’ils méritaient à leur date de parution, de rouvrir des volumes antérieurs à l’existence d’Acta fabula pour en montrer l’importance et l’actualité, ou de souligner l’influence qu’un livre a joué sur sa propre recherche, fût-ce à contretemps. Autant de façons de dire une dette personnelle et scientifique à l’égard d’un ouvrage ou d’un auteur singulier, et de signifier que la recherche n’a pas d’autre moteur que les vraies rencontres intellectuelles.

Lagarce fiction

Lagarce fiction

Dans son Journal, Jean-Luc Lagarce évoquait avec ironie et superstition les "camarades chercheurs de l’Idaho", ces universitaires qui travailleraient sur ses archives quand il aurait obtenu la gloire. Dans Lagarce, fiction (La Table Ronde), Charles Salles a su faire tout un roman de ce qui n'est déjà plus une boutade : trente ans après la mort du dramaturge, Gus Idaho, documentariste américain, mène son enquête sur Lagarce, et fait défiler devant sa caméra les proches du dramaturge : la Mère, le Père ; les producteurs Lucien et Micheline Attoun ; la Comédienne ; l’Alter Ego ; le Romancier… Tour à tour, chacun fait revivre Lagarce – comédien, metteur en scène, mais aussi ami, frère, fils. Fabula vous propose de feuilleter le livre…

Paraît dans le même temps aux Solitaires intempestifs, la maison bisontine qui veille sur la postérité de l'œuvre du dramaturge, le texte du spectacle créé en janvier dernier par Vincent Dedienne au Théâtre de l'Atelier à Paris : Il ne m'est jamais rien arrivé. Une exploration des carnets qui dessine le portrait intime d’un jeune homme drôle et terrifiant, solitaire et sentimental, entre Paris et Besançon dans les années 1980. Fabula donne à lire lire les premières pages…

Rappelons qu'on peut lire dans Acta fabula les comptes rendus de l'ouvrage de Lydie Parisse, Lagarce. Un théâtre entre présence et absence (Classiques Garnier) par Béatrice Jongy-Guéna : "Lagarce grand écrivain", et du volume de Sken&graphie : Juste la fin du monde, de Lagarce à Dolan, par Fanny Cardin : "Genèse de la fin".

Denis Roche à la table des vivants

Denis Roche à la table des vivants

Le sacré dans la vie quotidienne

Le sacré dans la vie quotidienne

En dehors de toute idée religieuse, divine ou morale, le sacré pour Leiris se tapissait dans les choses, les moments et les lieux qui lui inspiraient à la fois désir et terreur. Il représente la part de l’illicite, qui trouve ses racines dans l’enfance, et qualifie la chambre parentale par exemple, ou bien le cabinet de toilette, où Leiris formait avec son frère une sorte de société secrète. C’est la quête du merveilleux, blotti dans la vie quotidienne de l’enfant, dans les recoins, espaces ou spectacles ritualisés qui exhalent ce sentiment du sacré. Telles les courses à l’hippodrome d’Auteuil, où le jockey fait aux yeux de l’enfant figure d’idole. Mais ce sentiment s’étend aussi aux mots, à tout ce que pouvaient inspirer à Leiris le prénom Rebecca par exemple… Les éditions Allia rééditent le texte de la conférence Le sacré dans la vie quotidienne, présentée par Denis Hollier et préfacée à nouveaux frais par Lionel Menasché. Fabula donne à lire un extrait de l'ouvrage…

Bovary Madame

Bovary Madame

Dans L’Art de la fiction, Henry James s’étonnait qu’un roman qui présente la destinée d’une épouse d’un médecin de campagne dans un bourg normand, puisse aboutir à un tel chef-d’œuvre : "Les éléments à peindre sont en nombre infime, la situation de l’héroïne est pour ainsi dire minable, le matériau des moins prometteurs ; or tout cela va donner vie à une œuvre de génie… Les pauvres aventures d’Emma Bovary sont une tragédie pour cette raison qu’en un monde ne soupçonnant rien d’elle, la laissant sans aide et sans consolation, elle doit seule distiller le précieux et le rare." La lutte démesurée et perdue d’avance qui se joue pour Emma Bovary entre sa réalité cruelle et ses aspirations romantiques fonde le mystère du personnage, que Christophe Honoré tente de percer avec les moyens du théâtre dans un spectacle qui sera créé mi-septembre au Théâtre de Vidy-Lausanne, avec Ludivine Sagnier dans le rôle-titre, et en tournée ensuite en France. "Est-elle une sœur éloignée de Don Quichotte ou bien juste une héroïne sans moyen dont on peut moquer la candeur et l’ignorance, ou bien incarne-t-elle, d’une manière flamboyante et frondeuse, et très moderne, le refus féminin face à la renonciation ?". Le texte de cette Bovary Madame est à paraître prochainement aux Solitaires intempestifs.

(Photo : ©Laurent Champoussin)

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Et les éditos de la rubrique Web littéraire…

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