Avec André Gide. Itinéraires poétiques, parcours critiques
« On croit le saisir... C’est Protée1. »
1Tout au long de sa vie, Gide n’a cessé de se définir comme un « être de dialogue2 » et de contradiction, un Protée justement. N’a-t-il pas inscrit en épigraphe à ses Morceaux choisis : « Les extrêmes me touchent » ? Face à l’auteur des Déracinés, dont les thèses reposent sur l’idée qu’il existe un lien déterminant entre l’individu et la terre qui l’a formé, l’écrivain considère sa personnalité comme le produit d’une conjonction géographique et culturelle d’exception. Dans son esprit sont intimement unis le Nord et le Sud — Uzès et la « garrigue enflammée » d’une part, La Roque-Baignard et « les bois normands3 » de l’autre.
2L’affirmation du nationalisme français, dans la foulée de l’affaire Dreyfus, influence profondément la manière dont Gide précise les contours de sa figure. « Rien de plus différent que ces deux provinces de France4 », écrit-il dans Si le grain ne meurt. Tout comme Victor Hugo qu’il ne manque pas de citer — celui-ci étant « d’un sang breton et lorrain à la fois5 » — ses attaches diverses sont la pierre de touche de sa vocation d’écrivain. Et elles expliquent en même temps son impossibilité à demeurer :
Je ne sais encore, à trente-six ans, si je suis avare ou prodigue, sobre ou glouton… ou plutôt, me sentant porté soudain de l’un à l’autre extrême, dans ce balancement même je sens que ma fatalité s’accomplit. Pourquoi formerais-je, en m’imitant facticement moi-même, la factice unité de ma vie ? C’est dans le mouvement que je peux trouver l’équilibre.
Par mon hérédité, qui croise en moi deux systèmes de vie très différents, se peuvent expliquer cette complexité et ces contradictions dont je souffre6.
3Comme le narrateur de Paludes, Gide a horreur de la stagnation : vivant dans un état de perpétuelle métamorphose, de tension constante entre les pôles opposés de son esprit, il ne peut rester longtemps au même endroit, ni physiquement ni intellectuellement. Ses textes se font ainsi un lieu de recherche et d’expérimentation où, au fil du temps, son Moi « ondoyant et divers7 » — selon le mot de Montaigne — dessine une trame d’aspirations multiples. Du Journal aux Mémoires, des fictions aux articles critiques, sans oublier le chantier de la correspondance, l’œuvre de Gide se configure comme un espace de dialogue de soi à soi et de soi aux autres. Dans cet ensemble vaste et hétérogène, plusieurs visages se superposent, ceux-ci étant tout aussi différents que profondément complémentaires.
4C’est autour de ces idées que se développe le volume de Pierre Masson, dont le propos est « d’éclairer les diverses facettes d’une œuvre dont la richesse est aussi celle de son auteur, avant tout un écrivain qu’il n’importe pas de juger, mais bien de comprendre, ce qui est sans doute plus difficile » (p. 15). Quelques années après la publication, chez Flammarion, de la biographie de Frank Lestringant, André Gide, l’inquiéteur8, P. Masson choisit d’adopter une approche thématique, avec un découpage en chapitres, ou plutôt en vies : la vie du corps, la vie avec les autres, la vie nomade, la vie de famille, la vie d’écrivain, la vie morale et, pour conclure, la vie spirituelle. Au lieu de suivre l’ordre chronologique des faits, il s’efforce de démêler, l’un après l’autre, les fils de cet esprit au carrefour, sans ne jamais perdre de vue l’unité profonde de l’homme et de l’œuvre. Une œuvre qui, par sa complexité, échappe à toute lourdeur monumentale en s’offrant, au contraire, comme un corpus foisonnant et sans frontières, à l’image de son auteur.
L’infatigable « Bypeed »
5Gide apprécie l’effort, l’exercice, et la marche tout particulièrement. Inquiet — et inquiéteur, comme il aime à se définir — il ne tient pas en place et est toujours en proie à la « bougeotte » (p. 248). « Je t’écris entre deux malles et sur le pouce9 », confie-t-il à son ami Eugène Rouart. Et c’est encore à Eugène Rouart qu’il avoue, au moment de la publication des Déracinés, que « ces gens-là [le] suppriment » et « qu’il n’a de raisons d’être qu’en s’opposant à eux10 ». En plaidant pour l’ouverture et le mouvement, contre la clôture et la fixité, Gide a très tôt « pris le parti de voyager11 ». En 1918, dans ses Feuillets, il proteste contre l’usage de certains « mots spécifiquement français », voire nationalistes :
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir demeurer en repos, dans une chambre. »
« Désormais je ne bouge, et ferai cent fois mieux. »
« Que diable allait-il faire dans cette galère ? »
« Cultivons notre jardin. »
« Comment peut-on être persan ? »
« L’homme… porte toujours le châtiment d’avoir voulu changer de place. » (Ironique chez Baudelaire)
« La terre et les morts. »
« Fallait pas qu’il y aille. »
Etc.12
6Comme P. Masson l’explique dans « La vie nomade » (p. 175-273), Gide considère le voyage à la fois comme une forme d’opposition aux tenants du culte de la Nation — ayant « la haine large et l’amour étroit13 » — et comme une marque distinctive de sa personnalité et de sa pensée. Plus profondément, il s’impose à lui comme un mode de vie, le conduisant à sillonner sans cesse le Vieux Continent, et à le quitter également, pour ses incursions en Afrique, ou encore en Russie. Pourtant, celui qui comme Édouard se refuse d’être un « côtoyeur14 », ne s’est jamais aventuré ni trop à l’Ouest, ni trop à l’Est — quitte à le regretter à la fin de sa vie. En 1946, exprimant sa lassitude, il confie à Jean Lambert : « L’Inde, la Chine… Il est trop tard15. »
7Bien que l’auteur ait ressenti à plusieurs reprises l’appel de ces horizons, il se voit retenu par la peur du trop loin, d’où la nécessité — affirmée sans relâche dans le Journal — d’un « entraîneur », un ami qui pourrait le conduire où il n’a pas le courage d’aller seul. Mais, même en bonne compagnie, Gide est-il vraiment prêt à voyager « partout », comme le déclare Jérôme à la sédentaire Alissa16 ? C’est la question que se pose P. Masson dans ces pages, où il revient sur des thématiques qui lui sont particulièrement chères17. La déception que l’auteur éprouve, en 1914, lors de son séjour en Turquie — avec Aline Mayrisch et Henri Ghéon —, montre à quel point la notion d’équilibre demeure centrale : il faut savoir se dépayser, mais avec modération. En effet, si un certain degré d’étrangeté est nécessaire, celle-ci ne doit pas dépasser les limites de l’assimilable, au risque de compromettre le sens même du voyage. Cela vaut pour Gide — qui, en Asie Mineure, ne ressent qu’incompréhension —, ainsi que pour les personnages de ses fictions, un aspect sur lequel P. Masson s’attarde longuement, proposant de nouveaux éclairages.
8Procédant selon un rythme pendulaire entre Cuverville— où réside le plus volontiers Madeleine — et divers points de France, d’Europe, voire du monde, l’existence de Gide ne semble pas connaître de repos. Pourtant — souligne P. Masson —, il y a un lieu où le temps se suspend, comme par miracle, un lieu où le voyage devient, paradoxalement, « immobile » (p. 192). En 1893, le paradis algérien accueille pour la première fois l’écrivain comme une seconde terre natale et se fait le berceau de sa résurrection. Sous la houlette d’Oscar Wilde, ce sont les joies de Corydon qu’il trouve dans le désert africain : après l’épreuve de la maladie, ou plutôt grâce à elle, le corps fait entendre sa voix et impose ses lois. Un corps « encombrant » (p. 48), avec lequel Gide ne cessera jamais de lutter, ainsi que son Journal et ses Mémoires le montrent. Sans oublier ses fictions, qui mettent en scène l’opposition entre épanouissement et mortification, entre triomphe (L’Immoraliste, 1902) et déni de soi (La Porte étroite, 1909). Toutes ces tensions sont décrites dans la « vie du corps » (p. 17-104), où P. Masson parvient à élucider, avec finesse, l’un des paradoxes de l’intime gidien, « poursuivant à travers le plaisir quelque chose au-delà du plaisir » (Journal, cité p. 23).
9« Il semble que pour Gide, » — explique le critique — « la finalité de la jouissance soit sa propre dissolution, ou plus précisément que le corps ne se constitue en instrument de plaisir que pour conduire à son propre dépassement. » (p. 18) L’épanouissement des sens s’accorde, chez l’écrivain, à la « nostalgie du paradis » (p. 14), voire à un idéalisme d’origine religieuse fondé sur une lecture très personnelle de la parole biblique. Si P. Masson sépare la vie du corps de la « vie spirituelle » (p. 467-528), c’est donc tout simplement pour mieux nous montrer à quel point l’une et l’autre se font écho. Dans ces pages, le développement est essentiellement chronologique, avec une attention particulière portée à l’année 1916, au cours de laquelle Gide connaît une longue crise mystique. Convaincu de l’importance de la religion, donnant profondeur et épaisseur à l’existence de l’homme, il a toujours élevé sa voix contre toute forme de dogmatisme, sous le poids duquel il estime avoir grandi. Le portrait du petit André qu’il dessine dans Si le grain ne meurt est bien celui d’un enfant qui se demande si la foi protestante, dont il reçoit l’enseignement, est vraiment celle que son cœur tourmenté réclame. À l’âge de huit ans, il joue avec l’idée de se convertir au catholicisme, ce dont le pasteur, M. Couve, le dissuade instantanément, sans pourtant répondre à ses interrogations. Ce silence est bien parmi les raisons qui le poussent à affirmer, beaucoup d’années plus tard : « La religion et la famille sont les deux pires ennemis du progrès18. »
Je & « AUTRUI19 »
10Il ne faut certes pas attendre 1931 pour trouver trace dans les textes de Gide d’une certaine hostilité envers la famille. Ce qu’il lui reproche, au fond, c’est le fait d’être « une grande chose fermée20 », jalouse de bonheur. P. Masson plonge dans l’œuvre de l’écrivain — des Cahiers d’André Walter à L’École des femmes —, afin de montrer de quelle manière celle-ci aborde les différents aspects de l’influence parentale. Plus que tout autre chapitre du volume, celui qui concerne la famille (p. 275-327) resserre les liens entre vécu et écriture, révélant toutes les ambiguïtés de l’enfant, de l’adolescent et de l’homme. P. Masson reparcourt fidèlement ces étapes et en ajoute une quatrième, la plus importante : en 1923, à cinquante-quatre ans, Gide devient père. C’est alors une nouvelle famille qui se crée, « composée non seulement de la petite Catherine et de sa mère, Élisabeth, qui n’est pas sa compagne, mais encore de Maria Van Rysselberghe, mère d’Élisabeth, qui est sa compagne intellectuelle et bientôt sa voisine de palier, et aussi de Marc Allégret, naguère son amant, plus récemment celui d’Élisabeth, et durablement l’ami des deux » (p. 305). À l’intérieur de ce « foyer ouvert », Gide se sent libre et aimé, et parvient ainsi à calmer cette soif d’amour et d’amitié qui l’accompagne depuis son plus jeune âge.
11Faisant en 1943 le bilan de sa vie, il constate : « Le besoin de sympathie a toujours orienté ma vie21. » En dépit de l’incompréhension de certains et du mépris de quelques autres, il serait difficile d’énumérer tous ceux auxquels il a montré son affection, que ce soit sous forme d’échanges de lettres, de rencontres, d’escapades, ou encore de sorties. On ne saurait imaginer un auteur plus entouré, plus recherché que ne le fut Gide : s’il avait des relations privilégiées, il s’efforçait de faire de chacune un point de départ, car rien n’était plus important pour lui qu’influencer et se faire influencer. Or, comme le constate P. Masson, il est assez intéressant de souligner que ce qui était chez l’auteur un instinct naturel — la recherche d’un camarade, ou plutôt d’un « grand frère » (p. 136) — ne devient que très lentement matière d’écriture littéraire. Son intérêt pour les êtres d’exception, qui caractérise tout particulièrement sa première production, le conduit à privilégier des figures de héros solitaires, en lutte contre tout et tous. S’il y a toujours un désir d’intégration qui contredit la révolte et la rupture, celui-ci semble demeurer inassouvi, au moins jusqu’aux Faux-monnayeurs.
12Comme dans le roman Olivier réserve une place à Bernard pour le premier numéro d’Avant-garde, l’amitié est étroitement liée, pour Gide, à son travail créateur. Écrire est pour lui une activité éminemment relationnelle, car toute idée, tout projet, est une manière très concrète de partager sa « vie avec les autres » (p. 105-173). L’histoire de La NRF — explique P. Masson — en est la preuve la plus convaincante, mais elle n’est pas la seule, car il faut également considérer d’autres entreprises littéraires, comme Potache-Revue et La Conque. Sans oublier que l’amitié est également à l’origine de l’engagement de Gide pour des causes humanitaires — le Foyer franco-belge, au cours de la Grande Guerre — et politiques. Si, au début des années trente, il est séduit par les idées communistes, c’est justement en raison du fait qu’elles lui apparaissent comme une voie d’accès à une forme de camaraderie universelle. Il n’est pas étonnant alors de l’entendre exprimer, en 1948, l’espoir d’être reconnu un jour, par la postérité, comme un membre de la « même équipe » que Valéry, l’un de ses plus chers amis. Une entente profonde et durable est celle entre ces deux grands esprits du xxe siècle, qui ont subi au même moment de leur vie « l’influence plus ou moins secrète de Mallarmé22 ».
Esthétique (& éthique) de l’écriture
13Le fait que, pour répondre à sa vocation littéraire, Gide s’est voulu « poète », voilà qui porte la marque de l’époque. Dans un contexte de rejet du naturalisme (et du réalisme en général), le jeune écrivain essaie de trouver sa place parmi les grands : « Donc Mallarmé pour la poésie, Maeterlinck pour le drame — et, quoiqu’auprès d’eux deux je me sente bien un peu gringalet, j’ajoute Moi pour le roman23. » En souhaitant restituer au genre ses fastes perdus, Gide refuse tout déterminisme associant le milieu, la race et le moment — selon les critères théorisés par Hippolyte Taine — et élève sa voix contre les tenants du roman à thèse, en particulier Paul Bourget, qui affirme la primauté de la cohésion nationale sur l’épanouissement individuel. Cependant, face aux dérives hermétiques du symbolisme, son point de vue sur le métier d’écrivain évolue rapidement : s’il demeure convaincu que l’œuvre d’art trahit sa vocation première lorsqu’elle se veut d’intérêt politique ou social, il se montre critique envers les adeptes de la rue de Rome, dont les œuvres « [sentent] furieusement le factice et le renfermé24 ». Obsédé par le « désintéressement » qu’exige la pratique artistique, à partir de son premier voyage africain, il se découvre de plus en plus intéressé au monde et à ses habitants.
14Tout au long de sa « vie d’écrivain » (p. 329-410), Gide n’a jamais cessé de remettre en cause les limites d’une certaine conception idéaliste, aprioriste, de la littérature. P. Masson revient sur ce sujet, isolant quelques moments cruciaux de son long chemin intellectuel : de l’entrée en littérature avec Les Cahiers d’André Walter (1891) — censé être une « Somme » — au faux départ de celle qui sera sa revue, sans négliger le rôle de « contemporain capital » qu’il a joué dans les années vingt et trente, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. En dépit de l’importance accordée à la reconstruction historique des événements, l’approche demeure thématique, avec une attention particulière portée aux « sources du fleuve Gide » (p. 329). Une vérité fondamentale se dégage ainsi de ces pages : l’esthétique et la morale obéissent, pour l’auteur, aux mêmes règles et sont donc indissociables l’une de l’autre. Cette idée, exprimée dans une note du Traité de Narcisse (1892), traverse l’ensemble de l’œuvre et constitue le fondement de sa poétique.
15La morale dépend de l’esthétique, affirme Gide. Mais quelle est cette morale ? En 1890, il essaie pour la première fois d’en donner une définition : « Ne pas se soucier de paraître. Être seul est important » (Journal, cité p. 417). Dans les années suivantes, « la complaisance à son entourage, mais aussi la difficulté de soumettre exactement sa plume à sa pensée, et encore l’impossibilité de dire d’un coup les facettes contradictoires de son esprit » — explique P. Masson — « lui font voir comme cruciale la question de la sincérité » (p. 420). Une question qui marque profondément le projet journalier, ainsi que l’ensemble de sa production fictionnelle, où l’idée de fausse monnaie joue un rôle clé. « Mentir aux autres, passe encore ; mais à soi-même25 ! », s’exclame le narrateur des Faux-monnayeurs. Chaque texte de Gide est une mise en garde contre l’hypocrisie et un appel à « savoir être soi » (p. 440). C’est dans ce sens qu’il faut lire l’évolution du personnage de Michel dans L’Immoraliste, texte qui appelle pourtant aussi à une réflexion sur les excès de l’individualisme. Dans son Journal, comme dans ses Mémoires, au moment de la mort de sa mère, l’auteur évoque « ... le cerf-volant, qui croit qu’il monterait plus haut sans sa corde » (Si le grain ne meurt, cité p. 448). Cette image est peut-être la meilleure représentation du « besoin de moralisation » (p. 429) qui hante l’esprit de l’auteur : la vie, comme l’art, est « toujours le résultat d’une contrainte26 ».
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16Pour Gide, suivre une ligne droite constitue une véritable torture. D’instinct, il aime le « crochet », toujours déchiré entre la volonté de s’en tenir aux obligations qu’il s’est imposées, d’une part, et la volonté de s’en acquitter, d’autre part. Tout en nous invitant à suivre l’écrivain dans ses différents mouvements, le volume nous encourage indirectement à rendre hommage à une carrière d’exception : quatre volumes de la « Bibliothèque de la Pléiade » — Essais critiques (1999), Souvenirs et voyages (2001) et Romans et récits, œuvres lyriques et dramatiques (2 vol., 2009) — une douzaine de correspondances, essais et actes de colloque, sans oublier ses nombreux articles pour le Bulletin des Amis d’André Gide27. Avec cet ouvrage, tout aussi riche que passionnant, Pierre Masson nous ouvre une voie royale pour (ré)découvrir, l’une après l’autre — ou plutôt l’une avec l’autre — les sept vies de l’écrivain. Et qu’il y en ait sept ou davantage importe peu : il s’agit de saisir, sous différentes formes, l’élan créateur de Gide, « parce que, en donnant sens à son existence, il enrichit la nôtre28 ».
1723 Lettre d’André Gide à Paul Valéry, Correspondance (1890-1942), Peter Fawcett éd., Paris, Gallimard, 2009, p. 52 (26 janvier 1891).