Poésie c’est pas crevé : lisez donc Albarracin !
Poésie c’est crevé, en petits carrés mangés aux mites, Dieu l’ait.
Denis Roche1
Hélas, c’est tous les jours qu’on voit
Icare balayer
les cendres de ses ailes
et continuer la vie d’en bas.
Jean-François Mathé2
1« Il faut donc prendre ces études pour de simples relevés de terrain : pour des lectures, c’est-à-dire des parcours personnels visant au dégagement de certaines structures et au dévoilement progressif d’un sens », écrivait Jean-Pierre Richard dans l’Avant-propos de ses Onze études sur la poésie moderne. C’était en 19643 ; mais qui, aujourd’hui, s’engage encore sur ce sentier de la « critique thématique » qui ouvrit aux lecteurs de Richard tant d’aperçus, de perspectives, de clefs mêmes pour pénétrer l’imaginaire des poètes étudiés là, de Reverdy à Dupin ? Dans le champ universitaire, plus grand monde, il semble bien, et c’est grand dommage car n’en déplaise à tout un courant qui confond la mort de la littérature avec l’agonie auto-proclamée de la critique universitaire4, la poésie française se porte on ne peut mieux au départ du présent siècle, et c’est sur divers sites et/ou revues littéraires de création que la tâche de l’analyser au présent de son irruption est prise en charge par des lecteurs passionnés et certains poètes5.
2Déjà porteur d’une œuvre importante6, Laurent Albarracin est de ces poètes attentifs à leurs contemporains7 (comme encore, tellement proche, Philippe Jaccottet8) qui poursuivent à travers leurs notes de lecture la quête entreprise dans leur propre recherche :
Ces recensions et compte rendus n’ont pas été rédigés pour guider le lecteur dans ses choix ni même pour servir les livres, mais très égoïstement pour moi, pour ma méditation personnelle, en vue d’en faire mon miel et d’en tirer jouissance [...]. Il appartient à chacun de s’emparer du poème pour nourrir sa propre quête qui n’aura pas d’autre réponse que celle d’être augmentée d’un toujours plus grand nombre d’interrogations. (p. 7-8)
3Ainsi s’introduit très simplement Lectures9, volume constitué de 62 études consacrées, entre 2004 et 2015, à 52 poétesses et poètes contemporains, dont six traduits d’une langue étrangère.
Formes thématiques & enjeux stylistiques
4Ces notes, dont le format oscille entre trois et dix-sept pages (jusqu’à former quelquefois de petites monographies), donnent l’impression de retrouver J.-P. Richard, son approche des réseaux et structures de l’imaginaire des poètes qu’il a étudiés depuis Mallarmé, sa poursuite d’un secret qu’il approfondissait dans toute sa profondeur sans jamais l’éventer. Qu’il ait contribué à la formation de L. Albarracin, c’est une évidence, avec d’ailleurs en amont une commune et explicite référence à la problématique bachelardienne de l’« imagination matérielle », comme dans cette remarque à propos du poète belge Jacques Izoard :
[…] si le poème izoardien aime l’intime et la clôture des corps où l’intime s’adonne à lui-même de manière inaccessible, il aime aussi l’infime, autre lieu d’un infini. Le petit, le minuscule, est le lieu du bercement des matières rêveuses. On se souvient de cette règle bachelardienne de l’imagination : plus le contenant est petit, plus le contenu est plein et infini. (p. 41)
5Albarracin est passé maître dans cette subtilité de langue caractéristique de l’empathie richardienne avec les réseaux fins des structures thématiques analysées. Mais s’il y réussit à merveille, il fait aussi autre chose. En concluant son introduction aux Onze études, J.-P. Richard relevait que si dominait là « l’étude des formes thématiques », c’était pour regretter que le parent pauvre en fût la dimension proprement langagière, par suite, écrivait-il, du défaut d’une « stylistique structurale » encore à naître10. Or tel n’est plus le défaut de l’approche de L. Albarracin dont le métier poétique vaut à son lecteur des commentaires souvent éblouissants sur ce plan. Par exemple :
[La] dimension votive de la poésie de Jean-Paul Michel rejoint sa conception du poème comme monument, comme minéralité, comme verticalité du réel. Dès lors, dans le poème, tout doit faire poème et se différencier de la prose. Même les marques de la narration (« dit-il », « celui qui parle ») sont utilisées comme des éléments prosodiques. La ponctuation étrange, à la fois rare (peu de virgules, ponctuation sans doute trop faible), et nombreuse et forte (majuscules, guillemets, tirets et crochets), le jeu typographique des tailles des caractères comme s’il y avait plusieurs strates de narration, la coupe sévère des vers parfois au milieu d’un mot, tout cela contribue à densifier, à mettre en relief le poème, à l’identifier comme une parole livresque, comme un écho au Livre mallarméen. (p. 83)
6Et quand J.-P. Richard déplorait le défaut d’une « phonétique de la suggestion » l’empêchant de venir sur ce terrain11, c’est un peu partout qu’on la rencontre chez Albarracin, par exemple à propos d’Eugène Savitzkaya :
Ainsi le mot « sperme » dont l’emploi dans certains recueils (Mongolie plaine sale et Les Couleurs de boucherie12) est très fréquent, parfois litanique, prend-il peu à peu au fil du poème une dimension presque innocente, devenant d’une extrême légèreté, errant du côté du floral, du spumeux, du pulmonaire même, et à vrai dire en proie à une dissémination sémantique autant que séminale. (p. 148-49)
7Ou encore, à propos d’Alice Massénat13 :
Le poème semble naître d’un coup de pied dans le dictionnaire, et les mots n’en sortent pas indemnes. Il faudrait étudier de ce point de vue le système phonique qui les sous-tend et les rapprocher entre eux peut-être selon une étymologie flottante. Ainsi les nombreux mots avec des racines indo-européennes en *kel- ou *skel- sont-ils du côté du coupant : couteau et cutter, esclandre, esclaffe, exclame, escarre, etc. Les mots en *kre- du côté du cruel : crime, cri, sépulcre, etc. (p. 159).
Panorama et tendances
8Pour lui du reste, les seuls « écrivains intéressants » sont « les stylistes » (p. 98) comme Ivar Ch’Vavar, dont les travaux sont largement étudiés à travers quatre recensions. À travers l’une d’elles Albarracin livre une approche pour ainsi dire panoramique du paysage poétique actuel et de ses tendances fondamentales :
- Le formalisme et le spatialisme [...] (Ch’Vavar lui-même, Suel, Lengellé) ; - la langue picarde, les traductions, les langues autres (africaines, gaéliques, etc.) transcrites pour donner à voir leur matérialité ; - les poésies primaires, naïves, des fous (des crétins ruraux comme dit Ivar) ; - un creusement tautologique de l’objet, un retour crétinisant à l’idiotie du réel (Tarkos, Rameau, Albarracin) ; - un goût pour les images poétiques (Ch’Vavar, Delisse, Albarracin) ; - une tendance forte à la narration, à l’épopée, à la poésie comme parole de groupe, sinon d’un peuple (Ch’Vavar, Briseul, Jean-Hubert B.) ; - une recherche de la coulée, du débit, d’une poésie orale, brute, faciale (Domerg, Quintane, Pennequin, Tarkos) ; - une envie de malmener, de violenter la langue (Manon, Lassalle) ; - une revendication de la culture populaire, anti-académique. On serait du côté de la figuration libre [...] (Suel, Batsal) ; - une interrogation de la modernité comme contamination et impureté des discours (Suel, Barbet, Pennequin) ; - un certain réalisme entendu comme une volonté de lorgner vers les réalités basses, humbles, prosaïques, vulgaires. Conséquemment un refus du poétique, du noble et du beau, de tout ce qui est prétendu ascendant. (p. 57)
9De même, une recension voit chez Serge Pey14 une poésie chamanique visant, à travers les performances publiques du poète, « une appréhension transformatrice de la réalité » où « le signe n’est plus arbitraire mais lieu du passage vers le référent » (p. 128). À proximité, on retrouve la « poésie sonore » (Heidsieck, Chopin, etc.) revisitée par Bartolomé Ferrando15 ; ailleurs, Une inquiétude de Cédric Demangeot16 est prétexte à distinguer les poètes « essentialistes » en quête d’une problématique « vérité de l’être », d’avec les « existentialistes » qui « n’auraient de cesse de frotter leur vie à l’abrasive rugosité du poème » (p. 135) ; plus loin, Albarracin distingue, à propos de Savitzkaya, les « poètes du mots (comme à l’opposé il y a les poètes du vers ») (p. 147). Autre dichotomie, à propos de Victor Martinez17, entre poésie « littéraliste » (Albiach, Royet-Journoud) et un « littérarisme » poétique défini comme propension irrésistible à l’analogie en dépit qu’on en ait. Quant à Chevillard18, tout contre Ponge, les « fourches caudines » de son redoutable style « prendr[aient] à partie les choses plutôt que de prendre leur parti » (p. 161-63). En ce qui concerne Philippe Jaffeux enfin19, son œuvre s’inscrit sur au moins deux versants : celui de la poésie spatiale-visuelle à la façon de Pierre Garnier, revisitée par un traitement informatique aléatoire de la lettre ; celui de l’aphorisme qui n’a plus grand-chose à voir avec les sentences de Char, car rigoureusement soumis à certaines règles formelles incluant une sorte de combinatoire syntaxico-lexicale qui l’engendre pour ainsi dire sériellement (p. 182-84).
Méditer en poète
10En dépit de leur caractère de recueil « sans projet concerté » (p. 8), on voit que ces chroniques de lecture s’avèrent constamment guidées par un point de vue très affirmé sur ce qui se passe dans le champ autant que par une méthode d’approche dont l’un des éléments récurrents est, outre ce qu’on a vu des réseaux thématiques et des dimensions prosodico-stylistiques, une très grande attention aux enjeux des titres de recueils, lesquels, en bien des cas, livrent la ligne directrice des analyses qui s’ensuivent. Ainsi à propos de Christian Viguié :
Juste le provisoire20, c’est-à-dire l’essentiel, c’est-à-dire encore la conscience qu’on ne peut emporter avec soi que ce qui ne se conserve pas, puisque rien ne se conserve, que rien ne dure au-delà de sa plus ou moins longue consomption. [...]. Le titre liminaire, programmatique du livre de Christian Viguié sonne bien comme une injonction quasi-héraclitéenne, et d’autant plus impérieuse et ambitieuse qu’elle est modeste. (p. 46)
11Ce n’est pas la seule occurrence du présocratique (ou de ses pairs) sous la plume de L. Albarracin, dont les gloses d’intitulés sont souvent des méditations éthico-philosophiques où transparaissent les préoccupations profondes qui nourrissent son propre art, en une sorte de dialogue dont le recueil présenté constitue le terrain d’entraînement, si l’on peut dire. C’est ainsi la pensée de Levinas qui anime la présentation du recueil d’Alain Suied intitulé Le Visage secret21, à partir, ici encore, d’une émouvante glose méditative de ce titre. Et ce sont à nouveau les présocratiques qui introduisent à la poésie d’Ana Tot22, comme inspirateurs de certains contemporains
qui pensent le monde à la manière de philosophes bruts ou de métaphysiciens primitifs. Je songe à des poètes comme Valère Novarina, Jean-Luc Parant ou Christophe Tarkos. Il ne s’agit pas pour eux ni pour elle d’écrire de la poésie en philosophes, mais bien plutôt et bien mieux de philosopher en poètes. Ils sont en quête d’un logos qu’il ne faut pas dégager mais enfouir davantage pour le mêler au monde, logos d’autant plus ressenti comme agissant dans le monde qu’il y est inextricablement enraciné. (p. 75)
12On ne s’étonnera pas qu’en ces parages se promène Roger Munier préoccupé d’ontologie heideggérienne, de gnoses mystiques, de théologie négative, etc., mais aussi et surtout poète de « la méditation imaginative [...] grande rêveuse de matières » (p. 51).
13Par ailleurs, Lectures n’oublie pas l’univers de « L’Orient limpide » (Jaccottet), en citant le poète coréen Ko Un : « l’éveil est moins au bout de la poursuite acharnée de l’éveil que dans le renoncement à l’atteindre » (p. 252). Il s’agit là d’un paradoxe classique de l’enseignement bouddhique : « Tant que tu t’attaches à ce qu’existe quelque chose ou rien, point de libération23 ».
Immanence & tautologie
14Mais revenons au commentaire d’Albarracin sur Munier :
[…] l’écriture cherche à retrouver un silence originel de la chose qui serait étrangement la parole vraie de la chose. Le silence comme vérité de la chose dans le champ de la chose, de son côté à elle. Ne presque rien dire de la chose (ou en tout cas ne rien dire d’autre que ce qu’elle dit elle-même et elle seule), c’est la faire advenir comme chose, comme chose qui parle en étant chose, muette c’est-à-dire entièrement occupée à être, entièrement adonnée à elle-même. (p. 53)
15On lit ailleurs dans Lectures, à propos d’un livre de Serge Núñez Tolin24 :
[…] c’est que les choses dans [ses] poèmes, renvoient à leur pure présence, celle-ci n’étant jamais toutefois la réduction des choses à une catégorie de l’être, ce qui serait retomber dans l’illusion de la transcendance ou de la téléologie [...], mais bien leur immanente et comme imminente matérialité. (p. 125)
16D’où l’intérêt insistant d’Albarracin, dans ses propres textes comme chez certains de ses confrères contemporains, pour la figure de la tautologie, que ce soit à propos d’une « mystique de la réalité nue » et d’un « mouvement tautologique de retrait à la conscience » chez Ana Tot (p. 78), ou bien à propos de « l’ivresse des choses rendues à elles-mêmes » chez Christian Ducos (p. 8925), et encore dans cette formule concluant une recension de Jean-Yves Bériou26 : « L’emportement des choses, c’est leur existence au ras d’elles-mêmes » (p. 72). Pour autant, le styliste demeure vigilant car là, comme ailleurs, joue l’increvable rhétorique ; d’où cette analyse perplexe d’un vers de Victor Martinez : « cible étonnée de cible se découvre entière trait pour trait » :
Est-ce que l’objet ici s’en tient purement à la lettre de lui-même, au sens où cet énoncé prônerait son autosuffisance et couperait court volontairement à toute tentative d’interprétation, à toute tentative d’extrapolation ? Ou bien, au contraire, est-ce que l’objet cible n’excède pas déjà sa lettre et trouve sa rhétorique en lui-même, trait pour trait et cerne à cerne, dans une fatigue de sa propre découverte ? Car un énoncé tautologique n’est pas seulement littéraliste, mais souvent plus littéraire qu’il n’y paraît, au sens où il ajoute de la figure, du figuré, au propre de la lettre. (p. 213)
17Ne se trouve-t-on pas ici au plus proche de la rigueur du Jaccottet de La Semaison à l’égard des pièges de sa culture rhétorico-poétique ?
18En tout état de cause, si l’on voulait signaler un fil directeur transversal à pratiquement toutes ces lectures, des plus amples au plus brèves, ce serait l’obsession chez Albarracin de ce qu’il appelle « un silence originel de la chose qui serait étrangement la parole vraie de la chose » (p. 52), « un creusement tautologique de l’objet, un retour crétinisant à l’idiotie du réel » (p. 56) — au sens de Clément Rosset (Le Réel. Traité de l’idiotie, Minuit, 1978) —, qu’illustrerait notamment cette séquence de Traités et vanités d’Ana Tot :
Quelle est cette matière ? Elle est la matière. Dans quelle direction pousse-t-elle ? De l’avant, toujours en avant, toujours elle avance, toujours elle force l’obstacle, se fraye un chemin. La matière passe. Est-elle passée qu’elle passe encore. Il n’y a pas d’arrêt au passage de la matière en marche. Rien n’arrête sa progression, sa progression ne s’arrête pas, la matière n’a pas de fin, le passage de la matière est sans fin... (cité p. 77)
19– Qui se souvient Lucrèce se dira : eh bien voilà : « versamus ibidem, atque insumus usque – nous tournons dans le même cercle, nous n’en sortons jamais » (De la Nature III, 1090). Qu’Albarracin ne cite pas Lucrèce en ce volume n’implique pas qu’il n’y songe fort...
Poétiques de l’échec
20Mais il s’agit d’un Moderne. Et ce qui surtout l’inquiète avec quelques-uns des poètes qu’il étudie, c’est ce qu’il désigne, à propos de L’Emportement des choses de Jean-Yves Bériou, comme ce « constat du rien [qui] accompagne l’inexorable du réel » (p. 68), ou à propos de Jacques Izoard comme « l’impossibilité notoire qui constitue le monde » en tant qu’elle meut son écriture (p. 41) ; ou chez Demangeot, comme le fait « qu’une chose n’est jamais mieux pleinement elle-même que quand la destruction de cette chose y a sa part, y a la meilleure part même » (p. 194). On se rappelle ici l’aphorisme mallarméen : « la Destruction fut ma Béatrice ».
21Revient donc de façon récurrente dans ce recueil une sorte de fascination admirative pour celles et ceux qui ont la force de faire fond sur le manque, puisque chez Suied « la défaillance du réel est sa vraie vibration réelle » (p. 265), que chez Hubin « ce qu’on veut savoir ne veut pas savoir » (p. 231), que chez Demangeot le lyrisme consiste à « faire vigueur poétique sur des ruines » (p. 191), ou que Ch’Vavar puise son énergie « dans le fonds sans fin de l’insatisfaction (p. 99). Ce qui nous ramène à la dense étude sur les Éléments de géométrie du poète belge François Jacqmin27 où se formule peut-être l’intuition poético-philosophique centrale de ces études :
Son souci de la perfection formait et formulait une poétique de l’échec. De la même manière que la main qui approche la perfection racornit d’indignité, de même la pensée qui tente de concevoir l’être doit se déclarer nulle et non avenue pour donner à apercevoir ce qu’est l’être [...] seul l’écart abyssal entre la pensée et l’être permet à l’une d’entrevoir l’autre. Il n’y a que l’énergie du gouffre qui puisse mouvoir la pensée. (p. 29)
22– Une pensée aussi panique que l’ouragan soufflant sur ces bords, et qu’on saluera, pour conclure, d’un énoncé hassidique puisé chez Juarroz28, qui pourrait bien éclairer tout l’enjeu qu’emporte encore aujourd’hui, comme à l’époque d’Ovide, l’acte d’écrire envers et contre tout des poèmes, au cœur de la tempête :
L'abîme devient visible à chaque brèche. À chaque transformation de la réalité, à chaque mutation de forme ou chaque fois que s'altère un état de chose, l'abîme du néant est traversé et devient visible par la grâce d'un instant mystique passager. Rien ne peut changer sans qu'ait lieu le contact avec cette région de l'être absolu. (Rabbin Joseph Ben Shalom de Barcelone).