Freud lecteur
1Freud avec les écrivains, paru à l’automne 2012, propose, sous la forme d’une écriture à quatre mains (Jean‑Bertrand Pontalis et Edmundo Gómez Mango), un parcours de la bibliothèque personnelle et intime de Freud. Le critère de sélection est très clairement exposé dans l’avant‑propos : « Nous avons porté notre attention exclusivement — ce qui ne va pas sans arbitraire — sur des auteurs qui ont incontestablement marqué Freud. » (p. 10)
2Néanmoins, l’élimination des lectures dont l’influence sur Freud est sujette à caution ne vise pas à restreindre le champ d’étude à quelques grands auteurs. En effet, l’ouvrage ne s’impose ni bornes strictes ni impératifs de parcours : la préoccupation, ici, porte aussi bien sur les œuvres d’écrivains qui ont joué un rôle majeur et attesté pour l’inventeur de la psychanalyse (Goethe, Shakespeare, Schiller...) que sur ceux dont le lien est plus lointain, plus ténu, qui occupent une place plus discrète dans l’inconscient littéraire freudien (Dostoïevski, Rolland, Mann, mais aussi Alphonse Daudet et Zola). Le livre ne se présente pas comme une synthèse mais bien comme une tentative de regroupement des inspirations littéraires de Freud, inspirations inégales et traitées comme telles tout au long de l’ouvrage.
3Les chapitres sont à peu près également répartis entre les deux auteurs, E. Gómez Mango s’étant plus particulièrement préoccupé des écrivains de langue allemande, tandis que Pontalis a pris en charge des chapitres plus divers, qui pour certains permettent d’élargir le point de vue vers des perspectives a priori moins évidentes, poursuivant la réflexion vers des lieux moins balisés, qu’il s’agisse de Dostoïevski, de la relation si particulière avec Schnitzler, (trop) proche et tenu à distance, de Rolland, ou encore de Mann. Le parcours ainsi proposé nous offre une vue d’ensemble riche et pertinente donnant l’occasion de voyager à travers diverses sphères culturelles et mentales pour finir dans la bibliothèque réelle du savant, dont l’examen permet de confirmer des intuitions, de mettre en perspective ce que l’on sait par les écrits et les lettres avec l’objet‑livre, ultime témoignage de la vie de lecteur de Freud.
4Si le propos du livre est donc modestement de s’intéresser à la relation de Freud aux écrivains, et plus largement à la littérature, il s’inscrit dans un projet de plus grande ampleur, qui vise à « mettre en évidence les liens qui unissent la psychanalyse à la littérature, des liens plus forts, plus intimes qu’avec les autres créations artistiques comme la peinture ou la musique » (p. 9). Il s’agit vraiment d’un Freud avec les écrivains, qu’il serait tentant mais malvenu de remplacer par un simple « et », tant l’objet de E. Gómez Mango et de Pontalis est de penser la manière dont Freud s’est nourri de la matière littéraire, c’est‑à‑dire, la manière dont l’œuvre freudienne s’est construite dans un rapport étroit et privilégié avec cet art de la transmission par excellence que l’on appelle littérature. Dans cette perspective, chaque écrivain n’a voix au chapitre dans cet ouvrage que dans la mesure où il est possible d’attester une influence exercée sur Freud : force ou faiblesse, ce parti pris est en tout cas assumé avec beaucoup de modestie par les auteurs1, et se révèle d’une sobriété salutaire dans la mesure où il donne toute sa cohérence et toute son épaisseur au propos de l’ouvrage.
Le savant & les poètes
5Les deux essais introductifs, « Notes sur le Dichter » et « Ce qui se passe (Vergänglichkeit) », rédigés par E. Gómez Mango, proposent une définition du Dichter tel qu’entendu dans la culture allemande et mettent cette notion en rapport avec celle du Forscher, le chercheur, qui s’illustre par excellence dans la figure de Freud. Ces chapitres font l’hypothèse d’une véritable aspiration au Dichter chez Freud, que l’on retrouve dans l’essai Éphémère destinée (Vergänglichkeit), que E. Gómez Mango considère comme un « hommage intime de Freud à Goethe ». Ils permettent de dégager la tentation d’une réunion du poète et du chercheur, tentation qui s’exerce autant au niveau thématique qu’au niveau de l’écriture même : il s’agit, pour Freud, autant de payer sa dette aux écrivains admirés que de faire, modestement, œuvre d’écrivain. Ces remarques introductives permettent de poser les jalons d’un ouvrage dans lequel le couple Dichter / Forscher sera au cœur des interrogations des auteurs.
Le rêve & le Witz : Freud avec Shakespeare & les romantiques allemands
6C’est aux écrivains de langue allemande, les plus proches, donc, culturellement, de Freud, que se consacre l’essentiel de la première partie de l’ouvrage. Ces écrivains de langue allemande sont ceux pour lesquels, si on y ajoute Shakespeare, il est fait référence de manière la plus constante dans l’œuvre scientifique et dans les écrits intimes du père de la psychanalyse. Freud est véritablement « avec » Goethe et Schiller, et dans une moindre mesure avec Hoffmann. Pour le dire autrement : Freud est avant tout avec les romantiques allemands, il a en commun avec eux des affinités culturelles, spirituelles, sentimentales, des intuitions qui font de lui le savant complémentaire du poète, du Dichter allemand. Ainsi, E. Gómez Mango affirme :
Le rêve et le Witz avaient été intensément travaillés par les romantiques allemands, comme si eux aussi avaient pressenti l’étrange relation qui s’établit entre ces deux activités de l’âme humaine. Freud semble reprendre à son compte ce double versant de la tradition littéraire allemande, quand après l’exhaustive investigation des rêves, il se consacre à la considération méticuleuse des traits d’esprit (p. 157)
7Cependant, et en raison même de telles affinités, ce ne sont pas les romantiques allemands qui viennent en premier : de manière assez significative, les auteurs ont voulu commencer la ronde des écrivains avec la figure de Shakespeare, une figure qui échappe donc au champ culturel germanique et avec laquelle Freud entretient un lien paradoxal. En effet, Pontalis met en avant la dichotomie entre la précocité et la profondeur du contact de Freud avec Shakespeare et la résistance — relative — du texte et du personnage shakespeariens au psychanalyste. Soulignant le nombre très important d’ouvrages publiés à ce sujet2, il s’en tient à deux cas emblématiques, celui d’Hamlet, et celui de Lady Macbeth. Pontalis oppose alors une analyse des personnages visant à restaurer leur complexité psychologique et leur exemplarité mythique aux jugements abrupts, parfois « à côté » de Freud, qui a pu qualifier Hamlet d’ « hystérique » (p. 37) ; mais l’erreur du savant est également celle d’un Goethe pour qui « Hamlet [est] une figure emblématique de la faiblesse psychologique » (p. 35). La nature de la relation entre Freud et Shakespeare semble s’inscrire dans une interrogation, un mystère constants entretenus par l’élaboration d’un certain nombre de concepts empruntés à l’univers shakespearien, de la fine frenzy du Songe d’une nuit d’été au trait d’esprit, Witz. Shakespeare était‑il meilleur Forscher que le Forscher lui‑même ? Pontalis invite le lecteur à se poser la question.
8Si les relations avec les auteurs de langue allemande sont plus apaisées, c’est que, symboliquement, elles ne viennent pas concurrencer le savant viennois sur le terrain de l’analyse, et qu’elles s’inscrivent de manière rassurante d’un seul côté de la barrière élevée entre le Dichter et le Forscher. Cependant, il faut remarquer que le premier contact de Freud avec Goethe vient non pas de la découverte du versant poétique (au sens du Dichter allemand) mais bien de textes scientifiques, par ailleurs attribués à tort à Goethe. Si le rapport à Shakespeare est celui du père rival, qu’il faut donc tuer, la relation à Goethe est elle aussi une relation paternelle, mais une relation apaisée, de maître à élève, puis de compagnon de voyage, relation qui culmine et se conclut lorsque Freud lui‑même recevra, en 1930, le prix Goethe. La boucle est bouclée. La relation avec Goethe passe par l’identification héroïque et se manifeste par une série de thématiques exploitées, d’échos dans l’œuvre de Freud dont le plus célèbre est peut‑être la citation de Faust qui clôt Totem et Tabou : « au commencement était l’action ».
9Les différents liens avec les auteurs allemands posent ainsi Freud en véritable homme d’action, capable d’être cet homme littéraire et ce savant, ce Forscher toujours prêt à formuler et enrichir ses hypothèses, au contact d’une littérature nourricière et féconde. Dans le chapitre consacré à Goethe, on a cependant l’impression que le livre a du mal à trouver son style, entre analyse de détail et mise à jour de proximités pertinentes, et grand éloge où l’humanisme commun à Freud et à ses « amis » écrivains viendrait servir de propos et de justification. La bibliographie jointe à la fin de ce même chapitre semble confirmer ce tournant puisque seuls sont mentionnés des ouvrages sur Goethe tandis que pour le chapitre sur Shakespeare, l’accent était mis volontairement sur le lien entre Shakespeare et Freud.
10Schiller, traité comme le pendant sublime de la sensibilité goethéenne, est aussi pour E. Gómez Mango un double reconnu et adopté par Freud. Quant à Hoffmann, il permet à Freud de traiter la question de l’inquiétante étrangeté, das Unheimliche. Dans un sens, le parcours du double que nous propose E. Gómez Mango passe symboliquement par une conceptualisation à l’intérieur même d’une œuvre littéraire : de l’écrivain à l’œuvre, de l’homme Freud à la recherche, le pas est franchi. Le chapitre suivant, consacré à Heine, met alors en valeur les coïncidences de parcours entre les deux hommes : retraçant ce qui dans le parcours de Heine pourrait fournir des coïncidences troublantes avec Freud, l’auteur nous propose une nouvelle lecture du Witz.
L’époque & le double : Freud avec son temps
11L’ouvrage se poursuit avec des chapitres plus courts, consacrés à des écrivains dont l’influence sur Freud est moins aisément discernable, mais qui présentent un avantage relationnel décisif sur les illustres noms précédemment abordés : ce sont des contemporains de Freud. La transition des romantiques aux contemporains s’opère de manière surprenante par une incursion dans l’œuvre de Dostoïevski, incursion qui vise à rompre avec l’unité de pensée affichée jusqu’ici entre Freud et ses interlocuteurs. En effet, E. Gómez Mango insiste d’emblée sur le fait que « le grand romancier russe n’est pas un véritable interlocuteur de Freud : il a été l’objet d’un seul de ses écrits, Dostoïevski et le parricide, publié en 1928 » (p. 177), travail, qui plus est, de commande. Ce chapitre dostoïevskien fait écho à celui sur Shakespeare dans la mesure où l’auteur s’attache plus particulièrement aux dissonances naissant entre le savant et l’écrivain : ainsi, il semble que Freud évite la confrontation avec la matière littéraire, s’éloigne sciemment de l’œuvre en dressant un portrait à charge de l’écrivain lui‑même et en concluant son essai par des remarques sur une nouvelle de Zweig. Dostoïevski s’érige donc en limite pour Freud, limite idéologique, morale et culturelle qui permet d’introduire un ensemble de rapports plus nuancés, moins unanimes avec ses contemporains.
12L’unité des chapitres suivants portant sur la Gradiva de Jensen, Schnitzler, Rolland, Mann et Zweig, est en effet à mettre au crédit de la contemporanéité — l’importance de l’époque commune est d’ailleurs mentionnée à de nombreuses reprises — qui, si elle propose un dialogue réel entre chercheur et écrivain, est aussi la cause de relations plus troubles et plus ambiguës. Les deux auteurs nous proposent là une véritable fresque d’époque en insérant des détails biographiques bienvenus permettant de se faire une idée assez précise des rapports de Freud à ces écrivains (ou à l’œuvre seule, comme c’est le cas pour la Gradiva) et éclairant d’une part les apports des différents écrivains à l’œuvre freudienne, d’autre part l’influence considérable de Freud sur la littérature de son époque, qui l’érige en interlocuteur privilégié.
13L’insertion de la figure de Freud écrivain à la suite de ces quelques chapitres où les liens avec les écrivains deviennent de l’ordre de l’intime nous renseigne sur l’orientation que les auteurs souhaitent donner à leur propos : si l’on peut parler d’un Freud écrivain, d’un « Freud avec Freud » qui aurait un regard réflexif sur son œuvre, c’est avec des précautions qui positionnent cette figure du double à la marge de la figure du chercheur et l’interrogent en relation avec cette même figure. Pontalis se pose ainsi la question en ces termes :
Alors, Freud écrivain ? Freud scientifique ? Si la singularité de l’œuvre, si ce qu’elle a d’inclassable, venait pour une grande part de cette coexistence, de cette tension entre deux pôles ? (p. 315)
14L’argumentation qui suit propose tour à tour des éléments d’ordre biographique (l’hésitation par le jeune Freud concernant le choix de ses études, p. 316), stylistique (p. 321), et critique (le commentaire de la Gradiva par Freud serait ainsi « une remarquable investigation psychanalytique qui est en même temps un récit proche du romanesque », p. 329). La tentation de l’écriture du Dichter semble enfin se réaliser dans la correspondance, abondante, de Freud, correspondance déjà mentionnée à plusieurs reprises dans l’ouvrage. Il ressort de ce parcours que l’hypothèse d’une orientation littéraire de l’œuvre freudienne se réalise davantage dans un travail de proximité avec les écrivains, dans une attirance pour le Dichter qui prend peut‑être sa source dans une similarité des fins, comme l’écrit E. Gómez Mango : « la sublimation des pulsions est un destin commun, partagé par l’artiste et le chercheur » (p. 336). Cependant, l’impression donnée est celle d’une hypothèse séduisante mais à nuancer : en effet, si la tentation littéraire est sans cesse présente, les éléments avancés par les auteurs témoignent davantage d’une attirance pour le littéraire proche de la stratégie d’écriture du critique (ou de l’écrivain lisant les autres écrivains) que du travail premier du Dichter, stratégie il est vrai réinvestie dans une logique de recherche qui propose une création originale et novatrice.
Jeunesse & inconscient : autour des points aveugles de la saisie littéraire
15Ce vagabondage autour de la littérarité de l’œuvre freudienne fournit une transition intéressante vers une dernière partie plus personnelle, qui reprend sur un mode un peu moins formel, beaucoup plus allusif, des affinités électives qui nous permettent de rentrer un instant dans l’intimité de la lecture freudienne. Celle‑ci regroupe les lectures moins évidentes, plus confidentielles, qui n’ont pour certaines pas été confirmées dans leur statut d’œuvre littéraire par la critique et l’histoire. Il y est question de Cipión et Berganza, les héros du Colloque des chiens de Cervantès, qui fournissent le modèle d’une identification et d’une amitié au jeune Freud, de Ludwig Börne, de Joseph Popper‑Lynkeus, du M. Joyeuse d’Alphonse Daudet, et enfin de Zola. Ces quelques éléments, qui orientent le lecteur vers une saisie de l’intimité et de la jeunesse de Freud, échappent à la tentation de l’anecdotique en ressaisissant les éléments exposés dans le cadre de l’œuvre du savant, tout en offrant un regard subtil et délicat sur la figure du chercheur‑lecteur. Enfin, la bibliothèque freudienne qui vient mettre un point final à l’ouvrage permet de confirmer les intuitions, de donner un support physique à cette littérature dont il est question depuis le début, espace clos qui n’a de cesse d’ouvrir sur le monde réel.
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16Si ce Freud avec les écrivains est à considérer, comme son titre l’indique d’emblée, du point de vue de l’intime, des affinités électives, il n’en propose pas moins un panorama des influences littéraires de Freud, ainsi qu’un aperçu de la manière dont la vie littéraire de l’époque a pu être profondément et durablement influencée par le savant viennois, fournissant ici un cas particulier et particulièrement fécond de dialogue entre ces deux sphères a priori opposées que sont celles du Dichter et du Forscher. On pourrait néanmoins regretter la brièveté de certains chapitres et leur tendance à l’ellipse, assez prononcée à la fin de l’ouvrage ; cependant ceux‑ci remplissent leur fonction d’incitation à la lecture et l’on y voit surtout la volonté de ne pas paraphraser, de s’en tenir à ce qui pourrait introduire la lecture des textes (ceux de Freud comme ceux des auteurs avec lesquels il s’entretient) sans empiéter sur leur contenu et la découverte que le lecteur pourrait en faire. Un autre regret pourrait être l’absence de quelques figures, notamment celle des surréalistes3. Le cas est certes un peu particulier : si Freud agit comme une référence incontestée pour Breton, à l’inverse Freud a tôt fait de considérer ces derniers comme des « fous intégraux », rejetant en bloc l’ensemble des préoccupations surréalistes. Cependant, le lien a bien existé, et il a été mis en valeur par les surréalistes4, à défaut d’être valorisé par Freud lui‑même ; il nous semble regrettable qu’il n’en soit pas fait mention, au moins au titre des contacts refusés par Freud avec cette avant‑garde poétique. Après tout, le cas de Breton et du mouvement surréaliste n’est pas si éloigné de celui de Mann (le chapitre qui lui est consacré s’intitule significativement « Thomas Mann avec Freud » et de ce fait met davantage l’accent sur la manière dont Freud a nourri l’œuvre de Mann que l’inverse5).
17De manière générale, Freud avec les écrivains fait le choix d’un mélange des époques, au risque peut‑être d’une certaine confusion. En effet, dans le cas des auteurs du passé, la communauté du « avec » désigne moins l’échange que la transmission, la circulation, du texte littéraire à Freud, puis du même texte revisité par la pensée freudienne, auquel se surajoute le texte freudien, aux lecteurs contemporains ; c’est donc en réalité vers nous (ses lecteurs potentiels et réels) que Freud ouvre le dialogue par l’entremise de Shakespeare, Goethe et consorts. En revanche, l’interaction avec des contemporains met à jour une problématique complémentaire du dialogue et de la communication (une dynamique des échanges qui motive l’« avec » proprement dit) dont les enjeux auraient peut‑être gagné à être plus explicitement posés.
18Ces quelques réserves émises, il faut cependant insister à nouveau sur la grande force de cet ouvrage, panorama riche et nourri, réunissant de nombreux terreaux poétiques dans lesquels le savant a pu puiser. Il nous reste donc à saluer un volume d’une haute tenue littéraire et critique dont la sensibilité témoigne peut‑être autant des affinités électives d’Edmundo Gómez Mango et de Jean‑Bertrand Pontalis eux‑mêmes que de Freud ; J.‑B. Pontalis nous ayant quittés récemment, on résistera difficilement à la tentation de déceler dans ce dernier ouvrage une valeur testimoniale autant qu’inspiratrice : Freud avec les écrivains joue pour nous, lecteurs, le rôle d’une transmission culturelle au sens plein du terme.