Pour l’épopée du XVIIe siècle…
Misères de Desmarets, misère de l’épopée
1Si l’on en croit Voltaire, Jean Desmarets de Saint‑Sorlin serait l’un des innombrables auteurs du premier xviie siècle considérés comme médiocres1. Cette vision téléologique de la littérature trouvant son accomplissement le plus parfait dans le second xviie siècle, c’est‑à‑dire pendant le « siècle de Louis XIV », s’exprime ainsi chez Voltaire en ce qui concerne Desmarets : « Sa comédie des Visionnaires passa pour un chef‑d’œuvre, mais c’est que Molière n’avait pas encore paru2 ». Le reste de la carrière littéraire de Desmarets est passé sous silence. Il est certain que ses poèmes religieux ne pouvaient guère plaire à Voltaire, qui considère que « sur la fin de sa vie, il fut plus connu par son fanatisme que par ses ouvrages3 ». Le fanatisme est bien attesté4, mais des poèmes comme Esther (1670), Marie‑Madeleine ou le triomphe de la grâce (1669) ou Clovis ou la France chrétienne (1657) n’en présentent pas moins un intérêt notable.
2Force est cependant de constater que ces textes, depuis Voltaire5, ne suscitent plus guère l’intérêt des lecteurs. Francine Wild ouvre d’ailleurs son édition critique du Clovis par les constatations suivantes :
Après avoir été l’un des auteurs et poètes les plus réputés de son temps, Jean Desmarets de Saint‑Sorlin a subi un purgatoire dont il peine à sortir. Seuls les spécialistes le connaissent, et souvent par une partie seulement de son œuvre. C’est sans doute pour son théâtre qu’il est le plus habituellement nommé, et notamment pour la comédie des Visionnaires (1637), que la troupe de Molière avait à son répertoire et qui fut rééditée encore au xviiie siècle. Mais il a composé aussi des romans, des poèmes religieux et profanes, des traités, des dialogues, des essais6.
3Le purgatoire que connaît Clovis est partagé par les nombreuses épopées écrites au xviie siècle ; de genre majeur (avec la tragédie) de la poétique classique, l’épopée est devenue, du point de vue de la réception, un genre prisé par des minores, des poètes jugés médiocres, aux vers durs et froids brocardés par Boileau.
4Cette pensée est solidaire d’une certitude solidement ancrée dans les esprits, résumée par Jean‑Pierre Chauveau en ces termes : « Les Français, paraît‑il, n’ont pas la tête épique7 ». De la Franciade de Ronsard à la Henriade de Voltaire, l’histoire de l’épopée en français serait donc une suite d’échecs et de désillusions. De là provient l’idée d’une inaptitude épique inhérente à la poésie de langue française8, qui considère automatiquement que les poèmes héroïques de Godeau, Scudéry, Le Moyne ou encore bien entendu Desmarets, seraient nécessairement manqués. Double purgatoire donc, puisque les textes épiques majeurs du xviie siècle français, écrits dans les années 16509, relèvent du merveilleux chrétien, fustigé par Boileau10. L’épopée chrétienne est donc fort mal considérée : vouée à l’échec en son principe même et déconsidérée par le classicisme quelque peu étriqué de Boileau ou de Chapelain (critique quelque peu excessif de l’absence de vraisemblance et du manque de respect des bienséances du Clovis), elle semble destinée à demeurer dans un oubli à peu près complet, sauf pour quelques érudits.
5Cependant, dès le xviie siècle, des voix se font entendre en faveur de l’épopée française. Ainsi
6« dans la préface de Saint Paul, Godeau s’inscrit en faux contre les détracteurs du vers français — l’alexandrin —, inapte, selon eux, à la poésie héroïque à cause de ses contraintes (tyrannie de la rime, interdiction des enjambements et des césures multiples, impossibilité de forger des mots nouveaux, etc.). Et il répond en faisant l’éloge de Le Moyne, de Scudéry, de Desmarets, de Chapelain surtout, dont La Pucelle est alors très attendue11 ».
7Jean‑Pierre Chauveau propose également l’hypothèse suivante, qui mériterait sans doute d’être considérée dans le cadre d’une étude de la réception de ces textes :
Les poèmes héroïques du xviie siècle ont assez mauvaise réputation. Peut‑être la doivent‑ils pour une grande part au malheureux Chapelain, dont la prolixité et les alexandrins rocailleux rebutaient déjà les premiers lecteurs de La Pucelle12.
8Une intervention de Voltaire eut peut‑être une nouvelle fois son importance. En effet, le Discours aux Welches moque les historiens français, en particulier Grégoire de Tours et, plus proche de lui, le Père Daniel, coupables selon lui de trahir la vérité historique au profit de la construction d’une idéologie chrétienne nationaliste, que l’on retrouve précisément dans le Clovis13. Le sujet même du poème de Desmarets le disqualifierait donc d’emblée.
9Avant toute chose, il importe finalement de lire les textes concernés afin de mettre en question la réception de la poésie épique française du xviie siècle et, le cas échéant, de réhabiliter ces œuvres. Ainsi, en 1964 déjà, Raymond Picard rééditait de larges extraits de Clovis14 dans La Poésie française de 1640 à 1680, souhaitant par là « permettre au lecteur d’apprécier certains aspects de la poésie française de 1640 à 1680, sans avoir à recourir sans cesse aux grandes bibliothèques15 ». Un premier pas vers la réhabilitation de Clovis était déjà franchi. L’édition critique de Fr. Wild vient concrétiser un travail de fond mené depuis quelques années déjà autour de l’épopée française au xviie siècle, et ayant notamment donné lieu à un important colloque16. À cet égard, cette réédition du Clovis constitue un jalon critique et textuel important.
Quel texte ?
10La question de l’établissement du texte est toujours problématique. Fr. Wild a collationné tous les exemplaires disponibles en bibliothèque, et nous expose clairement ses choix.
11Notons avant tout qu’il existe deux versions importantes du Clovis : la première date donc de 1657, et la seconde de 167317. Cette édition modifie radicalement le texte, puisque Desmarets a resserré le poème en vingt livres au lieu de vingt‑six. Fr. Wild précise que
le début et la fin de chaque livre ne coïncident donc pas entre les deux éditions […]. La structure de l’intrigue n’est pas modifiée, mais quelques passages disparaissent, un épisode est ajouté, des développements sont légèrement resserrés ou au contraire amplifiés. Les vers ou groupes de vers réécrits, souvent avec une modification de la rime, sont nombreux. Desmarets a de toute évidence voulu améliorer la qualité des vers, en même temps qu’il mettait à jour son propos et recherchait un meilleur respect des bienséances18.
12Il est donc « impossible de proposer une édition confrontant vers à vers les deux éditions de 1657 et 1673. On est contraint à choisir son texte et à se contenter de signaler les écarts les plus significatifs19 ». Clovis avait déjà été réédité au xxe siècle, sous forme de fac‑similé par Felix R. Freudmann20. Tout comme Felix R. Freudmann, Fr. Wild réédite le texte de 1657 et s’en explique en ces termes :
J’ai à mon tour préféré cette première édition, tournée vers le souvenir de Richelieu, imaginative et romanesque parfois jusqu’à l’excès, à la suivante, où Desmarets se joint au chœur des thuriféraires de Louis XIV et tente, sans tout à fait y réussir, de raboter ses inconvenances en matière de mœurs et même, ici ou là, de versification. L’édition de 1673 a aussi contre elle la polémique littéraire à l’intérieur de laquelle elle s’inscrit : elle n’est guère lue que pour le Discours pour prouver que les sujets chrétiens sont les seuls propres à la poésie héroïque que Desmarets y a inséré. Il est plus facile de proposer l’édition de 1657 comme un texte qu’on peut lire sans arrière‑pensées d’histoire littéraire, en y cherchant un certain plaisir de lecture21.
13Même si l’on peut se montrer tatillon en disant que la polémique est déjà là en 1657 avec l’« Avis » de Desmarets, de telles raisons semblent solides. En effet, le texte de 1673 ne présente pas la même valeur d’authenticité que celui de 1657 : authenticité générique tout d’abord, de la part de l’auteur, qui entend écrire le poème le plus conforme à sa vision de l’épique, authenticité du geste poétique également, qui prévient les critiques, y compris sur le plan stylistique, nous y reviendrons, mais qui n’en maintient pas moins fermement ses choix. Le texte de 1673, qui fut choisi par Raymond Picard pour les extraits du Clovis qu’il publia, défigure, dans une certaine mesure, le Clovis pensé par Desmarets.
14Fr. Wild ne suit cependant pas Felix R. Freudmann, qui donna (du fait du fac‑similé naturellement) le texte en graphie et en ponctuation d’époque, puisqu’elle opte pour une modernisation de l’ensemble : « Comme la langue de Desmarets est résolument moderne, et selon son idéologie de la modernité, la modernisation de l’orthographe et de la ponctuation s’imposait22. »
15Une telle approche peut poser question : jouerait‑on Charpentier ou Bouzignac, voire Rameau ou encore Gluck sur instruments « modernes » du fait de la modernité de leur écriture ? Car comme pour ces compositeurs, la modernité de la langue de Desmarets se trouve néanmoins enclose dans la langue de son siècle, elle ne se comprend qu’au sein de cet univers de référence. D’autre part, si « les noms propres et les noms de lieux ont été conservés dans leur orthographe d’origine, ainsi que les quelques formes qui ont disparu depuis (hannir, vindrent…) » et que les « graphies anciennes ont été maintenues lorsqu’elles déterminaient la rime23 », il n’en reste pas moins qu’un tel « mélange » nous place face aux embarras suscités habituellement par la modernisation de l’orthographe et de la ponctuation des textes anciens, bien décrite par Alain Niderst :
L’orthographe des poèmes a été modernisée, et cela ne va pas toujours sans encombres. Nous avons parfois été contraints de maintenir la graphie ancienne pour éviter des hiatus ou des rimes incorrectes. Ajoutons que notre diction n’est pas exactement celle du xviie siècle : certaines syllabes sont maintenant élidées et peuvent donc créer des vers de onze pieds où il y avait de parfaits alexandrins24…
16De plus, la modernisation de la graphie et de la ponctuation peut rendre relativement folkloriques les effets archaïques voulus par Desmarets, en créant un éloignement plus grand encore entre la langue modernisée et la langue archaïsante (le cas des inversions, notamment, longuement développé par Desmarets dans l’« Avis25 », est révélateur). La recherche d’expressivité, fondamentale, risque alors de se réduire à un « art de l’éloignement26 » moyenâgeux qui ferait, bien involontairement et paradoxalement, le jeu de Boileau.
17Mais de tels reproches sont sans nul doute partiaux, car Fr. Wild vise avant tout à donner un texte accessible et parfaitement lisible27. De ce point de vue, le choix de la modernisation de la ponctuation et de la graphie est justifié. L’annotation, claire et précise, a toujours pour but d’éclaircir le texte. L’ingéniosité de sa disposition mérite d’être évoquée ; on retrouve en effet trois niveaux de notes :
Le premier apparaît directement dans le texte, en bas de page. Il correspond à l’annotation originale de Desmarets qui, visant un public mondain et féminin, explicite quelques termes et références historiques, géographiques et théologiques afin de ne pas prêter le flanc aux critiques considérant que l’épopée, par sa dimension encyclopédique, constitue un refuge de pédants érudits. Le romanesque exacerbé du Clovis renforce bien entendu une telle volonté, dans la mesure où la lecture des fameux longs romans du xviie siècle était très prisée par le public féminin, visé avant tout par Desmarets.
18Le second collationne les variantes à la fin de chaque livre.
19Le troisième, également proposé à la fin de chaque livre, rassemble les commentaires de l’éditrice.
20Ce système d’annotation va de pair avec la volonté de clarté et de lisibilité de cette édition, qui aère ainsi considérablement le texte pour laisser le lecteur entrer directement en contact avec lui. Il s’agit là d’une grande réussite de cette édition critique, qui arrive à tenir simultanément la dimension savante, scientifique28, et la pleine lisibilité du texte. Un excellent résumé, un lexique précis et un riche index viennent confirmer cette impression.
Ekphrasis, hypotypose & épopée
21Si, comme le note Fr. Wild, l’ekphrasis « est un ornement quasi obligatoire de l’épopée depuis Virgile29 » , on peut également constater que Desmarets en fait un usage tout à fait considérable. Une large partie du Clovis peut se lire comme structurellement construit par l’ekphrasis ou, surtout, l’hypotypose :
On est frappé en lisant Clovis par la précision des indications de lieu, de direction, et par le caractère visuel de l’imagination de Desmarets : souvent il organise en tableau un spectacle remarquable, comme le retour de chasse de la belle Yoland, telle Diane entourée de ses nymphes (livre II, v. 841‑862), ou le déplacement de la Vierge entourée d’anges sur les nuages du ciel, qui évoque infailliblement une coupole d’église (livre IV, vers 1387‑1392)30.
22Et de fait, « Desmarets […] met en place des spectacles émotionnellement ou esthétiquement marquants — on dirait qu’il a imaginé l’illustration éventuelle de son épopée —, ou, s’il s’agit de caractériser un lieu, un personnage, se borne à des formules brèves, frappantes31 ». Ce point est fondamental : Clovis illustre, aussi bien par l’exemplum de l’image que par l’éloquence de la scène32. La présence des gravures originales de 1657 dans cette édition critique33 restitue parfaitement la cohérence du texte, qui dialogue avec l’image. Chaque livre comporte une illustration en exergue, qui fait en quelque sorte office de frontispice, en signalant l’importance d’une scène particulière trouvant place dans le livre34. La tension entre texte et image se manifeste notamment, chez François Chauveau, par la volonté de rendre compte de l’ensemble de la scène et non uniquement d’un seul de ses moments. L’exemple du songe de Gondebaut au livre sixième est particulièrement éclairant : conformément au texte, le graveur choisit de représenter le roi dans son lit, épouvanté par l’apparition des fantômes de son frère et de sa belle‑sœur, qu’il fit assassiner pour prendre le pouvoir35. Le fantôme de son frère, qui se trouve devant lui, sa femme étant positionnée en retrait mais dans le même angle de perspective, lui lance par la bouche « deux infâmes serpents36 ». La strate temporelle suivante narre l’apparition des serviteurs, alertés par les bruits de leur maître, incapable de crier37. La gravure anticipe ce passage et condense la scène en faisant apparaître les serviteurs à l’arrière‑plan, à gauche, introduisant un clair‑obscur par le rai de lumière amené par leurs torches. Cette anticipation se justifie par la posture de Gondebaut, condensant elle aussi le cri, le gémissement, l’effroi, en un mot ses diverses gesticulations successives qui finissent par alerter les serviteurs. L’asyndète du vers 2370, signalant cet enchaînement de sensations brouillées, est ainsi rendue picturalement et introduit un autre rapport au temps et à la continuité narrative. Ce remarquable travail de François Chauveau interroge donc avec force le rapport du texte et de l’image dans Clovis. D’autres gravures pourraient évidemment mettre en valeur cet aspect intéressant du poème héroïque. Nous nous contenterons de noter que la reproduction de ces illustrations, essentielle, nous fournit l’œuvre complète, dans la mesure où Clovis serait, sans ces gravures, quelque peu amputé.
Expressivité & épopée
23Desmarets le dit dans son « Avis », il vise avant toute chose l’expressivité et note à ce sujet que
la poésie héroïque se sert de quelques mots qui semblent n’être plus en usage, et les rappelle à son secours, pour s’en fortifier ; parce qu’ils sont plus forts que les mots communs, et qu’elle en a besoin pour diversifier ses termes […] Quand on sait bien placer ces mots anciens, et que l’on ne s’en sert pas souvent, ils donnent parfois de la majesté à l’expression et l’anoblissent plutôt qu’ils ne la ravalent38.
24On perçoit peut‑être mieux ici ce qui déconsidéra le Clovis : l’esthétique de la diversité, qui caractérise le baroque selon Wilfred Floeck39, épris avant toute d’expressivité, parfois au détriment du sens de la ligne, ne pouvait que déplaire aux tenants d’un classicisme policé, bannissant notamment, à la suite de Malherbe, les « vieux mots qui sentent le rance40 ». Desmarets passa donc, sans doute aussi en raison de cette volonté d’expressivité, pour un « poète baroque aberrant41 ».
25Le travail de Fr. Wild vise à gommer cette appréciation excessivement négative. Avec un appréciable sens de la nuance, l’éditrice ne cherche pas à faire de Clovis un chef‑d’œuvre absolu, mais elle observe (et nous fait observer) avec finesse les diverses qualités de ce texte, que ce soit d’un point de vue stylistique42, poétique 43, narratif et psychologique44, ou du point de vue de la structure de l’épopée45. Fr. Wild nous aide également à comprendre avec précision les intentions de Desmarets, notamment concernant les louanges explicites qu’il adresse à Richelieu et à sa famille, en inscrivant leur filiation dans l’épopée (Aurèle est l’ancêtre de Richelieu, Clovis celui de Louis XIII et de Louis XIV), mais aussi concernant la politique anti‑protestante qu’il soutient et les questions de théologie soulevées par Clovis (à l’aide d’une pertinente et prudente analyse de l’allégorie)46. Fr. Wild ne passe pas pour autant sous silence les incohérences logiques (l’itinéraire de Clovis au livre second par exemple) ou les quelques faiblesses stylistiques de l’ensemble. Elle note ainsi, en accord avec Jean‑François Castille, « la lourdeur de certaines inversions, et l’abus constant de la polysyndète binaire, dont il n’est que trop facile de donner un exemple :
Enfin, sur les serments et donnés et reçus,
Les Francs quittent Vienne et prompts et pleins de zèle
Ce procédé, qui permet de bien marquer les coupes régulières du vers, devient ici lancinant et apparaît comme une cheville47.
26Fr. Wild note également l’emploi de « périphrases précieuses48 », dont le meilleur exemple semble bien les « perles liquides49 ». Une telle figure est effectivement embarrassante chez un poète marquant clairement son opposition à l’esthétique galante.
27Fr. Wild nous offre donc une lecture complète du Clovis et des problématiques qu’il soulève, en attirant notre attention sur l’expressivité voulue par Desmarets, qui ordonne tous les faits de style, et nous évite ainsi de tomber dans la condamnation hâtive50. Une telle approche, probe, est prudente, bien à raison, car le positionnement critique à adopter face à des textes anciens déconsidérés par la postérité est souvent délicat.
Plaidoyer pour l’épopée & pour Desmarets
28À travers cette édition critique, on perçoit la volonté bien affirmée de réhabiliter Desmarets et l’épopée du xviie siècle, qui, sans rejoindre nécessairement le bataillon des chefs‑d’œuvre oubliés, constituent des moments importants de la poésie et de la littérature française.
29Après son théâtre51, Desmarets mérite bien que l’on réédite ses œuvres poétiques. Après Marie‑Madeleine ou le triomphe de la grâce52, le tour de Clovis ou la France chrétienne est venu, en attendant, nous l’espérons, Esther, Les Promenades de Richelieu (1653) ou encore Le Triomphe de Louis et de son siècle (1674), texte important dans le contexte de la Querelle des Anciens et des Modernes, et Abraham ou la Vie parfaite (publication posthume en 1680, Desmarets était décédé en 1676).
30Quant à l’épopée chrétienne, elle attend encore d’autres rééditions. Si l’Alaric de Scudéry, le Moyse sauvé de Saint‑Amant, et maintenant le Clovis de Desmarets sont désormais accessibles, il reste encore des batailles à livrer pour le Saint Paul d’Antoine Godeau, le Saint‑Louis du Père Le Moyne et pour La Pucelle de Chapelain, pour ne citer que les plus importants. Cette édition critique, qui permet de se faire l’idée la plus juste du Clovis, constitue donc un jalon important dans la redécouverte et la réhabilitation de l’épopée française du xviie siècle.