Acta fabula
ISSN 2115-8037

2016
Août-septembre 2016 (volume 17, numéro 4)
titre article

1Dès l’été 1967, nombre de militants de l’Union des jeunesses marxistes-léninistes, l’UJC(ml), organisation maoïste, suivent les directives de leurs dirigeants fraîchement revenus de Chine, et vont s’établiren usine à la fois pour se fondre dans les masses et pour noyauter les organisations syndicales. Ces jeunes personnes quittent leurs fonctions intellectuelles pour répondre à l’appel des masses ouvrières. Il est peut-être bon de se souvenir que Jean-Paul Sartre fut bienveillant à l’égard des maos, signant la préface des Maos en France de Michèle Manceaux en 1972, mais surtout, soutenant La Cause du peuple,l’organe de presse de la Gauche Prolétarienne (GP). Cette bienveillance se manifeste par une toute relative proximité, bien résumée par l’historien britannique Ian H. Birchall :

Sartre ne montra jamais un réel intérêt pour la structure économique et sociale de la Chine communiste et il avait peu de contacts avec les « marxistes-léninistes » prochinois qui insistaient sur leur attachement à l’orthodoxie de Pékin. Il ne semble pas avoir été tellement affecté par la période de désillusion qui touche de nombreux maoïstes après la mort de Mao1.

2Bienveillance, donc, qui trouve des ramifications dans le numéro spécial que publie Les Temps modernes à l’occasion de la mort de Pierre Overney en 1972, jeune militant mao tué par un vigile de l’usine Renault. Juliette Simont ouvre ce dossier coordonné par Jean-Pierre Martin en rappelant les rapports historiques entre les Temps Modernes,revue dont elle est adjointe à la rédaction, et les maoïstes. J. Simont ne se contente pas faire resurgir le passé de la revue ; elle tente d’éclairer la compréhension des mouvements actuels de gauche européens (Podemos, Syriza) par la connaissance des expériences politiques des années 68. L’établissement en usine des jeunes maos ne serait pas totalement étranger à notre époque. « Revenir sur cette séquence du siècle passé n’est donc pas vain » (p. 3), écrit J. Simont.

3Jean-Pierre Martin donne le ton au dossier dans un avant-propos intitulé « L’épreuve du réel ». Si J.‑P. Martin est d’abord connu comme universitaire (ENS-Lyon) et comme biographe de Michaux, il a également été établi dans sa jeunesse, expérience dont il rend compte dans Le Laminoir2. Le numéro qu’il dirige vient combler une lacune historiographique : peu de publications tentent de tirer toutes les conséquences historiques et théoriques de l’établissement. La première partie (« Histoire et représentations de l’établissement ») trace les contours historiques de ce mouvement qui ne résume pas à quelques slogans de Mao, et qui marque véritablement les histoires ouvrières et intellectuelles en France de 1967 jusqu’au milieu des années 70. Le second bloc de textes expose une variété d’expériences d’établissement aux États‑Unis, en Italie et en Allemagne3. S’en suit une courte section sur les « précédents historiques » de l’établissement, qui a le grand mérite de désingulariser l’expérience mao en mettant en lumière les tentatives précédentes d’intellectuels d’abolir la séparation entre le peuple et les élites pensantes. Finalement, le dernier bloc de textes constitue environ la moitié du numéro, soit près d’une vingtaine de témoignages, qui dominent sur les articles analytiques. Notons au sommaire de ce numéro la présence de Marnix Dressen, auteur d’importantes publications sociologiques sur l’établissement4. À l’exception de quelques figures connues (Leslie Kaplan, Erri de Luca, Jean-Pierre Martin, Daniel Rondeau), la plupart des intervenants n’occupent pas aujourd’hui des fonctions intellectuelles dans la société, ou à tout le moins, ne font pas partie du secteur culture, contrairement à l’idée reçue. Certains sont restés en usine après leur établissement, d’autres œuvrent encore dans des milieux militants. Ce sont, pour le dire simplement, des « anonymes ». Le choix des auteurs rend compte d’une volonté claire de ne pas donner la parole à un nombre limité de figures célèbres qui se sont déjà maintes fois prononcés sur l’aventure mao.

4Ce numéro vise en effet à mettre en lumière certains aspects de l’expérience de l’établissement occultés par une mémoire idéologiquement orientée par un culte du vedettariat. En ce sens, il poursuit l’entreprise de Kristin Ross. Dans Mai 68 et ses vies ultérieures5, elleen appelle à l’élaboration d’une mémoire de Mai 68 qui tiendrait compte des phénomènes collectifs, en opposition à sa concentration autour de figures individuelles qui singularisent et réifient la nature des événements. Contre l’entreprise commémorative de Patrick Rotman et Hervé Hamon6 qui fait de Mai 68 un roman de cape et d’épée, Kr. Ross produit une histoire de la transformation des pratiques politiques qui, conformément à la pensée de Jacques Rancière, induit de profonds changements subjectifs. Cette histoire des mouvements, des entreprises collectives, doit inévitablement passer par une mise en récit de témoignages individuels. Ce dossier des Temps Modernes ne cherche pas à éviter un tel paradoxe. J.‑P. Martin le souligne d’emblée :

Avec le recul, plus de quarante ans, c’est certainement le bon moment pour réfléchir à nouveaux frais sur les aspects contradictoires d’une telle aventure, pour s’intéresser à son détail, creuser les questions majeures qu’elle pose et qui souvent la dépassent. C’est peut-être aussi le bon moment pour y prêter attention de façon plus sereine. Mieux vaut un témoin actif qu’un témoin chosifié, embaumé ou dépecé. Autant contribuer de notre vivant, tant que nous le pouvons, aux archives. Et y a-t-il lieu plus propice, symboliquement, que Les Temps Modernes, pour revenir sur une histoire déjà lointaine et pourtant proche, qui est sans doute une sorte d’acmé de l’engagement et de l’espoir révolutionnaire tels qu’ils se manifestaient alors et auxquels Sartre pris part jusqu’à la porte des usines. (p. 15)

5L’arrivée de nombreux intellectuels (étudiants-militants, intellectuels en devenir) en usine suppose la rencontre de deux identités sociales différentes, l’ouvrier et l’intellectuel, choc responsable des « aspects contradictoires » évoqué par J.‑P. Martin. Appréhender ce phénomène suppose une perspective qui croise les histoires intellectuelle et ouvrière. C’est plutôt l’histoire ouvrière qui ici est valorisée, mettant en relief les visées stratégiques de l’établissement plutôt que ses bases intellectuelles ou la coupure épistémologique dans le marxisme qu’il est censé incarner. Parti pris intéressant de la part de J.‑P. Martin qui tente de mettre de l’ordre dans la mémoire d’un moment politique qui fut l’objet de nombreuses récupérations.

6L’établissement est un déplacement social qui est parfois vécu comme une épreuve, mais qui n’exige pas expressément une réparation symbolique, comme un trauma nécessitant une expression pour trouver sa résolution. Les contributions évitent le piège du mea culpa politiqueet la distance temporelle semble suffisante pour rendre possible une objectivation de soi. Le texte d’Yves Cohen se tient sur cette mince ligne :

Le parti de cet article est de se tenir au plus près du souvenir, sans rien relire ni revoir. Devenu historien de l’usine et de la région mêmes où j’avais été établi, j’ai aussi tenté de ne pas faire un texte historique. Je connais par profession la faillibilité du témoin et tout ce que la mémoire compte de reconstructions et d’erreurs. Il vaut mieux dire tout de suite que je n’ai aucune chance d’y échapper. (p. 386)

7Les distorsions mémorielles ne sont pas évitées, elles font ici partie d’une démarche historiographique qui expose ses limites. Cohen montre bien que l’établissement ne se solde pas inévitablement par un échec, quand bien même l’établi sortd’usine. L’historien américain Donald Reid, pour sa part, tente d’identifier l’héritage intellectuel de l’établissement, de voir ce qui reste une fois le « retour aux livres » effectué :

Comme un juste retour des choses, c’est seulement en racontant leur histoire après coup que les établis ont accompli leur voyage. Ils se sont alors à nouveau transformés — pas forcément pour redevenir les mêmes. Les catalyseurs ne sont pas modifiés par les réactions qu’ils stimulent, mais les établis, eux, le furent. Les représentations simplistes ou convenues des établis, les assimilant à des idéologues ou à des martyrs, ignorent ce phénomène. En questionnant le rôle et la place de l’intellectuel au xxe siècle par une stratégie de déclassement ou de déculturation, l’établissement contribua à l’élaboration d’une nouvelle compréhension de l’activité intellectuelle. Le retour aux livres favorisa une relation rafraîchie aux textes, il suscita chez des intellectuels encore plus jeunes un désir nouveau de lire, d’étudier et d’écrire, plus enthousiaste pour avoir été frustré ou banni pendant quelques années. Tantôt leur fibre littéraire ou philosophique les a propulsés dans des champs de recherche assez éloignés de leurs aspirations antérieures. Tantôt ils ont retrouvé d’une autre façon l’industrie ou la fabrique. (p. 52)

8La perspective de D. Reid pose sur nouveaux frais la question de l’héritage de Mai 68. L’établissement correspond largement à une remise en question de la fonction d’intellectuel. S’il est évident que la division idéologique entre travail manuel et travail intellectuel n’a pas été abolie par la simple volonté de quelques maos, il est indéniable que l’établissement a permis l’émergence de nouvelles idées politiques, dont certaines ont une relative pérennité dans le champ intellectuel. Les interventions réunies ici visent à une mise en récit qui viendrait compléter, près de cinquante ans plus tard, cette « volonté de voyager loin des livres » pour reprendre la belle expression de D. Reid (p. 50). Si D. Reid tente de rescaper un héritage intellectuel de l’établissement, Claire Brière-Blanchet tente pour sa part de saisir la nature de l’échec stratégique de l’établissement :

Si nous avons partagé la condition ouvrière, son exploitation, celle d’humains asservis à la chaîne par un patronat avide de performances et utilisés par des syndicats, qui dans ce système avaient trouvé leur clientèle électorale et financière, nous n’avons pas su créer du neuf, incapables de formuler une autre fois que celle de la confrontation brutale. Là où il eut fallu apprendre à négocier, à anticiper, nous ne sûmes que parler de guerres car nous fûmes nous-mêmes prisonniers. Les prisonniers d’une idéologie de révolution violente et insurrectionnelle. (p. 417)

9En somme, les maos n’ont pas su voir les changements du monde du travail à venir, et ont tenté de faire une révolution ouvrière alors que le monde ouvrier était destiné, à très brève échéance, à se transformer de manière durable. Le texte de Brière-Blanchet constitue un bon échantillon de la sévérité du jugement autocritique que l’on retrouve dans quelques interventions. Ainsi, Pierre A. Vidal-Naquet dans « Une sombre expérience » exprime son hésitation à revenir sur ses six années passées en usine :

Après tout, si on ne voit pas en quoi témoigner de la vie d’usine comme l’a si bien fait Robert Linhart, ou rendre compte des combats qui y sont menés, pourrait engendrer de l’embarras. On ne saisit pas non plus la gêne qui pourrait être occasionnée par les récits d’établis évoquant leur expérience de l’usine. En revanche, dès lors que l’on replace l’établissement de l’époque, si l’on s’interroge sur les raisons de ce mouvement, alors les réserves — du moins les miennes — deviennent, je pense, compréhensible. (p. 242)

10P. A. Vidal-Naquet rappelle en effet que certains établis, par leur proximité avec la GP, faisaient la promotion de la violence politique. À leur insu, certains établis auraient prolongé une idéologie totalitaire. Se rapprochant du maoïsme pour s’éloigner du stalinisme qui encroûtait alors le PCF, les établis auraient eu comme objectif ultime de préparer une insurrection ouvrière (insurrection restée à l’état théorique, évidemment). Force est d’admettre, toutefois, que nombre de témoignages viennent contredire P. A. Vidal-Naquet et que la tonalité dépréciative ne domine pas cette publication. Les objectifs de l’établissement semblent pour la plupart des acteurs convoqués plus concrets et plus modestes. Notons, à titre d’exemple, le beau témoignage de Fabienne Lauret qui est restée toute sa vie en usine :

Lorsqu’on me demande si je n’y ai pas « sacrifié » mon existence, je tombe des nues, moi qui ai l’impression d’avoir vécu une grande page d’histoire sociale, avec de multiples amitiés, de multiples solidarités. Beaucoup de joie, d’émotions et de satisfactions à certains moments. J’ai voulu apporter aux travailleurs tout ce que je pouvais leur donner, je l’ai fait avec plus ou moins de succès, mais je suis sûre qu’il leur en reste quelque chose — la volonté de ne pas renoncer face à une injustice, un parfum de libération peut-être. […] Je fais mienne chaque jour cette réflexion de Gramsci : « Allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté. » (p. 346)

11Le dossier aborde ainsi la question de l’après-établissement en permettant à nombre d’intervenants de raconter leur engagement à long terme dans les milieux ouvriers, sans pour autant le réduire à la simple désillusion politique. Comme l’écrit Pierre St-Germain : « Depuis les années 75, nous avons vécu un basculement dans un tout autre régime d’opinions : l’engagement politique qui avait été le nôtre s’est réinvesti différemment, en partie dans la politique traditionnelle, dans la vie associative dans l’action humanitaire. » (p. 285) Ainsi, le mea culpa habituel qui réduit l’expérience mao à un échec politique et à un aveuglement idéologique est nuancé au profit d’une longue histoire de 68 qui tient compte à la fois des ratés stratégiques, des impensés de l’époque, mais aussi des conséquences ultérieures de l’établissement sur les sciences sociales. Ce n’est pas la seule vertu de ce dossier : il permet également de tracer les contours d’une mémoire ouvrière précarisée par la faillibilité des mémoires individuelles. Ces usines où les établis vont s’installer n’existent souvent plus et le dossier fait œuvre utile en gardant une trace d’une vie ouvrière sur le point de disparaître complètement.

12Dans la foulée de D. Reid, on peut donc observer que l’établissement, dans la plupart des cas, provoque une modification du rapport au champ politique et à la culture, et par conséquent, à la subjectivation politique. L’entreprise collective de l’établissement naît d’une dénégation de la subjectivité (suspectée d’être bourgeoise). Mais, comme l’écrit D. Reid, après avoir été refoulé, le sujet revient après l’établissement avec une « plasticité accrue par la prodigieuse torsion qui l’a précédée ». (p. 53) Il est d’ailleurs intéressant que Benny Lévy (répondant au nom de Pierre Victor durant les années d’existence de la GP) utilise la même expression, qualifiant l’établissement de « prodigieuse torsion de lʼintellectuel en France7. » La torsion de la subjectivité et la torsion de l’intellectuel sont les deux faces d’une même médaille : dans les deux cas, c’est l’idée d’une individualité bourgeoise qui est remise en cause. On conteste la figure de l’intellectuel livresque qui dicte aux masses le sens de leur devenir historique. Comme le souligne Bernard Brillant dans Les Clercs de 688, les révoltes dans les universités en 68 sont largement redevables à une augmentation des effectifs étudiants. Cette augmentation de futurs intellectuels « spécialistes » déclenche une profonde remise en cause des intellectuels généralistes et des intellectuels de parti. Conséquemment, cette forte impulsion des sciences sociales se répercute dans l’engagement de ces intellectuels défroqués en usine.

13Pour plusieurs établis, l’entrée en usine correspond avec l’abandon de l’idée d’une classe ouvrière uniforme et homogène. Elle est le lieu d’une découverte des doubles dominations qui ont cours en milieu ouvrier, d’une observation empirique des doubles dominations vécues par les femmes ; la femme ouvrière n’est pas soumise aux mêmes dominations que l’intellectuelle parisienne9, donnant un aperçu de ce qui deviendra le féminisme de troisième vague. Plusieurs établis constatent aussi les tensions raciales entre travailleurs d’origine française, algérienne et yougoslave. Il a très souvent été dit, à juste titre, que les revendications féministes avaient peu de place dans l’ensemble du mouvement de 68. De surcroît, nombreuses sont celles à avoir témoigné de la virilité belliqueuse qui régnait dans les groupes gauchistes. C’est au tournant des années 70 que le mouvement des femmes prend toute son ampleur. Notons, à titre d’exemple, que nombre de militantes de Vive la Révolution (VLR) s’engagent dans le MLF dès 1971. Guy Hocquenghem, pour sa part, fonde le Front homosexuel d’action révolutionnaire. Ces trajectoires ont peu à voir avec l’ouvriérisme dont il est question dans le numéro des Temps Modernes,qui dément une lecture univoque du maoïsme français, réévalué comme un aveuglement ouvriériste coupé des conditions réelles d’existence de travailleurs. S’il serait largement exagéré de faire du gauchisme mao le berceau de l’intersectionnalité, il semble qu’il y a néanmoins une filiation à tracer entre les enquêtes maoïstes précédant l’établissement en usine, et un décloisonnement graduel des luttes au courant des années 70 et 80. L’établissement annonce une reconfiguration durable des identités politiques.

14Il me semble toutefois que le dossier ne tire pas toutes les conséquences littéraires de l’établissement. L’établissement naît dans la tête d’intellectuels proche d’Althusser, mais sa mémoire a largement été construite par les écrivains Leslie Kaplan, Robert Linhart, Daniel Rondeau, Jean Rolin, Olivier Rolin, pour n’en nommer que quelques‑uns. J.‑P. Martin, de manière évocatrice, dessine les contours d’un établissement aux effluves rimbaldiennes : « L’usine serait mon Abyssinie. Les métallos seraient mes duchesses. » (p. 347) En effet, l’établissement a cette particularité d’être un événement intellectuel et ouvrier qui fut, par la suite, saisi par la littérature. Il semble qu’il y a davantage à comprendre de cette sortie de la littérature qui fut l’objet de tant de récits autobiographiques. Il s’agit là d’un paradoxe qui aide à éclairer la difficulté pour toute cette génération à conjoindre la littérature et politique.

15L’histoire définitive de l’établissement reste à faire. Celle-ci parviendrait à ne plus être captive d’une stricte logique du témoignage, que l’on retrouve non seulement dans ce numéro des Temps Modernes, mais aussi dans la récente Histoire de la Gauche prolétarienne par des militants de base10qui fait la part belle aux archives d’époque et aux propos des militants. Il semble maintenant temps de faire basculer cet objet mémoriel dans l’histoire de manière à éviter une polarisation qui soit diabolise cette utopie politique, soit la romantise à outrance. Ce numéro évite habilement ces écueils, constitue une somme de témoignages qui deviendront certainement de précieuses archives, mais ne parvient pas à mettre suffisamment à distance les événements pour que l’on puisse, si tel est l’objectif de la publication, tirer les leçons politiques du passé.