Études françaises, n° 57-1: "L’insurrection kabyle de 1871. Représentations, transmissions, enjeux identitaires en Algérie et en France"
Compte rendu publié dans Acta Fabula (octobre 2022, vol. 23, n° 8) : "Représentations croisées de l’insurrection de 1871 dans l’Algérie coloniale", par Michèle Sellès Lefranc
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Études françaises, volume 57, numéro 1
« L’insurrection kabyle de 1871.
Représentations, transmissions, enjeux identitaires en Algérie et en France »
Numéro préparé par Isabelle Guillaume
Les Presses de l'Université de Montréal, 2021.
EAN13 : 9782760643888.
Ce dossier est composé d’articles écrits dans la perspective de cerner les interprétations et la mémoire, en Algérie et en France, des événements survenus en 1871.
Pour la France en guerre depuis des mois contre les armées allemandes coalisées autour de la Prusse, l’année 1870 s’achève sur un bilan négatif et, le 28 janvier 1871, le gouvernement républicain est contraint de signer un armistice. Au printemps 1871, il doit faire face à un nouveau conflit sur l’autre rive de la Méditerranée. Appuyant la lutte du bachaga Mohamed El Mokrani qui est entré en guerre contre l’occupant le 16 mars, le cheikh Ameziane El Haddad proclame le djihad pour libérer la Kabylie de l’envahisseur. Des environs d’Alger à la frontière tunisienne, les insurgés détruisent des fermes et des villages. Après la mort d’El Mokrani en mai et la demande de paix d’El Haddad en juillet, la reddition des Zouara en septembre sonne le glas de l’insurrection. Sa répression s’est accompagnée de lourdes condamnations pour les chefs de celle-ci et, dans un contexte où le traité de Francfort a obligé la France à céder l’Alsace et la Moselle à l’Empire allemand, d’une mise sous séquestre de terres qui sont revendues à bas prix.
À partir d’œuvres et de sources diverses, chroniques, romans, représentations théâtrales, essais, recueils poétiques, ce dossier étudie comment cette matière historique constituée d’une série de défaites — de la France face au nouvel Empire allemand, de la politique française en Algérie, de l’insurrection déclenchée par El Mokrani — a nourri les représentations et les imaginaires de part et d’autre de la Méditerranée.
Sommaire
Isabelle Guillaume, Présentation. L’insurrection kabyle de 1871. Représentations, transmissions, enjeux identitaires en Algérie et en France, p. 5–10.
Abdelhak Lahlou, 1871 dans la poésie orale kabyle, p. 11–25.
Idir Hachi, Prose des faits et vers défaits. L’insurrection algérienne de 1871 dans les chroniques militaires et dans la poésie kabyle, p. 27–49.
Isabelle Guillaume, « Le roman est de l’histoire, qui aurait pu être » : l’insurrection algérienne de 1871 dans Marie Chassaing d’Adolphe Badin, Amour et gloire de Charles Baude de Maurceley et Le Maître de l’heure de Hugues Le Roux, p. 51–68.
Amélie Gregório, L’Autre France : représentations théâtrales et imaginaire colonial au tournant du XXe siècle, p. 69–84.
Peter Dunwoodie, Louis Bertrand : autopsie d’une déroute, p. 85–100.
Jean-Robert Henry, De l’utopie du « royaume arabe » à la chimère d’une Algérie « européenne », p. 101–118.
Tomasz Kaczmarek, François de Curel ou la « dédramatisation du drame », p. 121–139.
Tania Collani, Voyeurisme et impasse morale dans l’oeuvre de Pascale Kramer, p. 141–159.