![Louise Labé, Œuvres complètes (éd. Mirelle Huchon, Bibliothèque de la Pléiade)](https://www.fabula.org/actualites/documents/104285_61f6affe98908c3f4cb2b0aee4dc3013.jpg)
Édition de Mireille Huchon
Euvres de Louïze Labé Lionnoize - À M. C. D. B. L. - Debat de Folie et d’Amour - Elegies - Sonnets - Aus Poëtes de Louïze Labé - Escriz de divers Poëtes, à la louenge de Louïze Labé Lionnoize - Le Privilege du Roy - Florilège - Portraits - Documents et commentaires - Louise Labé en librairie (1555-1824), Fac-similés.
Les Euvres de Louïze Labé Lionnoize (1555) sont un livre singulier. Après une dédicace aux accents féministes et un « Debat de Folie et d’Amour » en prose, on n’y trouve que trois élégies et vingt-quatre sonnets. Mais suit une section souvent omise dans les éditions modernes : les Escriz de divers Poëtes, à la louenge de Louïze Labé Lionnoize, vingt-quatre pièces anonymes ou aux signatures cryptées, dans lesquelles les « Poëtes de Louïze Labé » se jouent du lecteur au moyen de correspondances cachées et de connivences à réinterpréter. Les Italiens offraient des ouvrages similaires, où des mains masculines célébraient les plumes féminines (qu’elles avaient parfois tenues).
Autour de « Louïze Labé » sont à l’œuvre des réseaux de poètes prêts à toutes les expériences, en un temps d’« illustration » du français où sont imitées les figures antiques de manière à créer un Panthéon français, dans lequel Louïze incarnerait la nouvelle Sappho. Un Florilège rassemble ici les sources antiques (Sappho, Catulle, Ovide) et les poèmes « modernes » (de Pétrarque, Marot, Ronsard, Scève, etc.) qui entrent en résonance avec ce brillant recueil d’avant-garde.
« Louïze Labé Lionnoize » n’a laissé aucune autre trace. Il subsiste en revanche des documents sur Loyse Labbé, la belle Cordière, que l’on a négligé de distinguer de Louïze, amalgamant en une figure légendaire réalité et fiction. Les éléments de l’affaire Loyse Labbé / Louïze Labé sont réunis dans la section Documents et commentaires de cette édition – de quoi lire d’un oeil neuf les œuvres complètes de la mystérieuse Louise Labé.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau un article sur cette édition :
"La fabrique de Louise Labé" par Maurice Mourier (en ligne le 4 novembre 2021 )
La plupart des lecteurs assez férus de poésie pour oser remonter à notre XVIe siècle – et pour cela affronter les difficultés du « moyen français » dont la langue diffère tout de même beaucoup de la nôtre – ne connaissent de Louise Labé que trois élégies et vingt-quatre sonnets, dont le premier est d’ailleurs en italien. 662 vers en tout et pour tout. Le mérite initial de cette édition de la Pléiade est de restituer à « Louïze Labé, Lionnoize » la totalité de son bien.
Et sur nonfiction.fr :
"Louise Labé, autrice de papier ?", par Anne Coudreuse (mis en ligne le 20 novembre 2021)