Tout au long de sa courte vie, Flora Tristan (1803-1844) n’a cessé de brouiller les représentations convenues. Elle qui se voyait comme « un être à part » anticipe les sensibilités de notre époque. Cette biographie recompose l’itinéraire d’une femme qui bouscule ses contemporains en se risquant dans cette chasse gardée masculine qu’est l’espace public. Constituer la classe ouvrière, proclamer l’égalité des sexes, redéfinir le code amoureux en consacrant le principe du consentement explicite des femmes : voilà la mission qu’elle se donne. Inlassablement, elle prend la plume, s’aventure sur le terrain pour affronter le spectacle de la misère, au Pérou, en Angleterre et à travers la France, à la rencontre des prolétaires – compagnons du tour de France, associations ouvrières, vétérans des insurrections de canuts.
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« Une drôle de bonne femme » pour Gauguin, son petit-fils ; « la cousine de Marx et la grand-mère du MLF » pour ses admirateurs de 68 ; une héroïne romantique pour André Breton : tout au long de sa courte vie, Flora Tristan (1803-1844) n’a cessé de brouiller les représentations convenues. Elle qui se voyait comme « un être à part » anticipe les sensibilités de notre époque. Née aux marges de la société, elle refuse très jeune de confiner son existence ; de cette marginalité même elle fera un étendard : la Paria, une « indignée » avant l’heure.
Cette biographie recompose l’itinéraire d’une femme intempestive qui bouscule ses contemporains en se risquant dans cette chasse gardée masculine qu’est l’espace public. Constituer la classe ouvrière, proclamer l’égalité des sexes, redéfinir le code amoureux en consacrant le principe du consentement explicite des femmes : voilà la mission qu’elle se donne. Inlassablement, elle prend la plume, s’aventure sur le terrain pour affronter le spectacle de la misère, au Pérou, en Angleterre et à travers la France, à la rencontre des prolétaires – compagnons du Tour de France, associations ouvrières, vétérans des insurrections de canuts...
Flora Tristan, enfant du siècle des prophètes et des mages romantiques, transfère sur le peuple une sacralité créée par la Révolution. L’originalité de celle qui se voyait en apôtre de l’égalité est d’avoir placé l’identité sexuelle au cœur de la question sociale, avec une netteté et une radicalité inédites. Elle se sentait appelée à « faire sonner le 89 des femmes » pour enfin pouvoir réaliser le 89 des ouvriers, et ainsi l’émancipation du genre humain.
Professeure des universités (Paris-Nanterre), Brigitte Krulic est l’auteure de plusieurs ouvrages consacrés aux courants d’idées au XIXe siècle.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Flora Tristan, à l’avant de son temps", par Stéphane Michaud (en ligne le 23 février 2022)
Oubliée, Flora Tristan ? Certes non, tant elle est à l’avant de son temps. Si le premier XIXe siècle, auquel elle appartenait, a tout fait pour étouffer dans l’œuf sa révolte de femme libre et les promesses dont elle était porteuse, les historiens, les poètes, les romanciers, ont ressuscité dans sa fulgurance une figure de pionnière qui nous est aujourd’hui proche. Faute d’être portée par l’ardeur des découvreurs ou la production de documents inédits, la biographie proposée par Brigitte Krulic, informée mais sans relief, laisse le public sur sa faim.