Essai
Nouvelle parution
Olivier Gloag, Oublier Camus (préface de F. Jameson)

Olivier Gloag, Oublier Camus (préface de F. Jameson)

Publié le par Esther Demoulin

Compte rendu publié sur Acta fabula (février 2024, vol. 25, n° 2) : "Sur un abus de mémoire", par Vincent Berthelier

Préface de Fredric Jameson

Des programmes scolaires aux discours politiques, dans les médias et les conversations mondaines, Camus est partout le parangon d’un humanisme abstrait qui a ceci de commode – et de suspect – qu’il plait à droite comme à gauche. Peu d’ouvrages se sont penchés sur les contradictions du personnage comme le fait ici Olivier Gloag à partir d’une relecture de Camus dans le texte – contradictions qui constituent pourtant la force motrice de l’œuvre camusienne, une clé de son « style », et expliquent sa popularité actuelle.

Olivier Gloag rappelle l’attachement viscéral de Camus au colonialisme et au mode de vie des colons qui traverse ses trois romans majeurs, L’Étranger, La Pesteet Le Premier Homme. Il examine ses engagements politiques à la lumière de sa brouille avec Sartre : la tension entre révolte et révolution, son recours à l’absurde comme refus du cours de l’Histoire, son anticommunisme et son déni de la lutte des peuples colonisés. Il se penche enfin sur les récupérations de Camus : l’auteur le plus populaire en France et le Français le plus lu dans le monde est devenu un enjeu politique et idéologique. L’invocation d’un Camus mythifié projette un reflet flatteur mais falsificateur de l’histoire coloniale. C’est ce Camus-là qu’il faut oublier pour reconnaître les déchirements d’un écrivain tout aussi passionnément attaché aux acquis sociaux du Front populaire qu’à la présence française en Algérie.

Voir la Table des matières et lire un extrait…

Olivier Gloag est Associate Professor à l’université de Caroline du Nord (UNC) à Asheville. Ses recherches portent notamment sur les représentations coloniales dans la littérature hexagonale, l’histoire culturelle et littéraire de la France au xxe siècle. Il est l’auteur de Albert Camus, A Very Short introduction (Oxford university press, 2020).

On peut lire sur nonfiction.fr un article de Benjamin Caraco sur cet ouvrage…

Ainsi que sur Diacritik.com l'article de Christiane Chaulet Achour…

Et sur en-attendant-nadeau.fr :

"La question Camus", par Yves Ansel (en ligne le 26 décembre 2023).

Paru en septembre, le livre d’Olivier Gloag, Oublier Camus, n’est pas passé inaperçu. Même si son auteur prend soin de préciser que ce n’est évidemment pas Albert Camus ni son œuvre qu’il faudrait « oublier », mais plutôt « Camus tel qu’on nous le présente », la virulence des critiques lui ont été adressées interpelle. Il faut bien qu’Oublier Camus ait touché juste pour susciter des réactions aussi vives, des mots aussi excessifs. Alors, qu’y a-t-il donc dans ce livre qui irrite, qui dérange ? Quel est le crime d’Olivier Gloag ? Pour le comprendre, En attendant Nadeau sollicite le point de vue d’Yves Ansel, qui a travaillé sur la postérité de l’écrivain dans Albert Camus totem et tabou (Presses universitaires de Rennes, 2012). Bien qu’il donne systématiquement tort à Camus, le livre d’Olivier Gloag s’affirme comme un jalon important dans la lecture de cette œuvre, comme de la France coloniale.