Le moment où l’art a été identifié comme une sphère d’expérience autonome et installé dans les musées et les salles de concert est aussi celui où s’est imposée à lui la nécessité de sortir de lui-même, de devenir autre chose que de l’art.
La musique a prétendu être plus que l’art des musiciens : la langue de l’esprit ou le drame de l’avenir. L’architecture a voulu construire non plus seulement des bâtiments, mais un monde nouveau et cherché pour cela à s’envoler dans les airs. Les artistes révolutionnaires ont décidé de confectionner non plus des tableaux, mais les formes de la vie nouvelle.
Et les performances et installations de l’art contemporain se tiennent sur la frontière indécise du dedans et du dehors, de l’art et de la politique.
En suivant quelques-uns de ces voyages, Jacques Rancière montre aussi comment les vieux maîtres, Kant et Hegel, nous aident à en comprendre les détours.
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On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage :
"Jacques Rancière et les paradoxes de l'art moderne", par Christian Ruby (en ligne le 6 septembre 2023).
Et sur Diacritik.com un entretien avec l'auteur…, ainsi qu'un article de J.-Ph. Cazier…
Et sur en-attendant-nadeau.fr :
"Le régime esthétique de Rancière", par Paul Bernard-Nouraud (en ligne le 30 octobre 2023)
Les voyages de l’art regroupe les textes de six conférences données par Jacques Rancière au cours des cinq dernières années. En les consacrant successivement à Hegel et à Kant, à la musique et à l’architecture, à l’art communiste et aux installations contemporaines, le philosophe varie les objets d’étude tout en les munissant de sa propre boussole, celle du régime esthétique de l’art, l’une de ses principales thèses-cadres.