Davide Vago, Le tissage du vivant. Écrire l'empathie avec la nature (Pergaud, Colette, Genevoix, Giono)
Compte rendu publié sur Acta fabula (avril 2024, vol. 25, n° 4) : "Écrire animal" par Yann Figuière
Un essai qui s'inscrit dans un mouvement en plein essor de la critique littéraire française et européenne, à savoir celui de l'écopoétique. Préface d'Anne Simon.
Nous vivons une époque de crise environnementale qui a une portée historique. Que peut la littérature face aux défis qui attendent l'humanité au cours des années à venir ? Par ses créations originales, l'écriture littéraire a toujours été porteuse d'une certaine empathie à l'égard de la nature. Cet essai envisage d'abord la notion d'empathie, en résumant sa définition au sein de la psychologie, des neurosciences et des sciences humaines. En précisant le concept de point de vue, on envisage les stratégies énonciatives permettant d'inscrire au niveau du texte littéraire un véritable décentrement par rapport à un point de vue humain, unique, anthropocentré. Ensuite, quatre écrivains sont étudiés dans une perspective écopoétique : Louis Pergaud, Colette, Maurice Genevoix et Jean Giono. Par leur insistance sur les éléments non-humains comme sujets, par leurs configurations imagées, leurs récits sont à même de tisser des liens au sein du vivant, à un moment où l'on découvre la fragilité de ceux-ci aussi bien que leur importance.
Table des matières
« Quand l’Italien est heureux »… Préface d'Anne Simon
Introduction
De l’ecocriticism à l’écopoétique
L’empathie avec la nature en émergence
Percevoir la nature : l’empathie
L’empathie : psychologie, sciences cognitives,
sciences humaines
L’empathie avec la nature. Les configurations énonciatives au service d’un art du décentrement
Louis Pergaud observer et raconter le milieu animal
La notion du « monde » animal chez Pergaud
Entrer dans la peau d’une bête.
La tragique aventure de Goupil
Le miracle de Saint-Hubert à l’aune de l’altérité animale
Colette. Écrire sous le signe de la bête
Animal et animalité : la part de l’ombre
L’empathie colettienne avec le vivant : des Dialogues de bêtes à La Chatte
Maurice Genevoix. Célébrer la vie malgré tout
L’écrivain et la « parole » animale
De Ceux de 14 à Un jour : avoir confiance dans la vie
Jean Giono Réinventer les genres pour traduire le magma panique
Colline, ou le paysage animé de Pan
Jalons pour une lecture écopoéticienne. La « danse en rond » de Regain
Que ma joie demeure à l’épreuve de l’écopoétique. La disproportion à l’oeuvre
L’empathie entre fatalité et ressource poétique : Solitude de la pitié
Conclusion
Quatre intercesseurs pour re-tisser notre rapport au vivant
Bibliographie