
Les états extrêmes du sujet dans les discours à la première personne de la Renaissance aux Lumières
Séminaire de recherches organisé par l’équipe "Formes et Idées de la Renaissance aux Lumières" (EA174 FIRL) à l’Université Sorbonne Nouvelle
PROGRAMME 2024-2025 (les vendredis de 14h à 16h):
2 février 2024:
Université Sorbonne Nouvelle, Maison de la recherche, salle Athéna
Adresse : 4, rue des Irlandais, 75005 Paris
-Clément Duyck (Université Paris-Est Créteil) : « Écriture et ignorance. Les Relations autobiographiques de Claude Moine (1652-1655) »
-Michele Bokobza (Université de Tel-Aviv) : « Les Mémoires de Carré de Montgeron, un discours à la première personne entre exaltation et pragmatisme »
17 mai 2024 :
Université Sorbonne Nouvelle, Maison de la recherche, salle Mezzanine
Adresse : 4, rue des Irlandais, 75005 Paris
-Marine Bastide De Sousa (Université de Lille – ALITHILA) : « “Où est le possible? Où est l’impossible?” Les récits à être élémentaire et la redéfinition du sublime (Crébillon, Bibbiéna, Bastide et Cazotte) »
-Louise Dehondt (Université de Caen Normandie – LASLAR) : « Raviver les pierres: parole et émotion dans Moll Flanders (1722) de Daniel Defoe »
11 octobre 2024 :
Université Sorbonne Nouvelle, Maison de la recherche, salle Claude Simon
Adresse : 4, rue des Irlandais, 75005 Paris
-Alain Grosrichard (Université de Genève) et François Jacob (Université de Lyon 3) : « De Nîmes à Paris. Variations sur quelques états extrêmes chez Rousseau »
-Leila Chevalley (Université Sorbonne Nouvelle) : « Corps extrêmes: explorations sadiennes au féminin »
29 novembre 2024 :
Université Sorbonne Nouvelle, site Nation, salle A524
Adresse : 8, boulevard Saint-Mandé, 75012 Paris
-Rosa Palamaris (Université Toulouse Jean Jaurès – Laboratoire Patrimoine, Littérature, Histoire) : « Lettres de Milady Juliette Catesby à Milady Henriette Campley son amie: tempo et actualisation des émotions extrêmes dans le roman épistolaire monodique »
-Marilina Gianico (Université de Haute-Alsace, Mulhouse – Institut de Recherche en Langues et Littératures Européennes) : « La traversée de l’Achéron: Casanova et la Charpillon »
7 février 2025 :
Université Sorbonne Nouvelle, site Nation, salle A524
Adresse : 8, boulevard Saint-Mandé, 75012 Paris
-Marc Hersant (Université Sorbonne Nouvelle): « De quelques paroxysmes de la vie intérieure du duc de Saint-Simon »
-Christine Hammann (Université de Strasbourg): « Expériences de mort imminente, de Montaigne à Rousseau »
14 mars 2025 :
Université Sorbonne Nouvelle, site Nation, salle A524
Adresse : 8, boulevard Saint-Mandé, 75012 Paris
-Antoinette Gimaret (Université de Limoges) : « Les états extrêmes de Louise du Néant : une mystique à la Salpêtrière en 1677 »
-Doriane Dupau (Université Sorbonne Nouvelle) : « “En proie à des transports que je ne connaissais pas, je voulus en vain résister”: regards croisés sur l’abandon amoureux »
25 avril 2025 :
Université Sorbonne Nouvelle, site Nation, salle A524
Adresse : 8, boulevard Saint-Mandé, 75012 Paris
-Sophie Houdard (Université Sorbonne Nouvelle) : « Les jésuites mis sur l’échafaud. La conversion impossible de Pierre Jarrige »
-Louise Piguet : « Les états extrêmes du sujet dans les écrits de Mme Guyon »
Le séminaire de recherches propose d’étudier, dans le discours à la première personne de la période moderne, les « états extrêmes » d’un sujet se décrivant dans les paroxysmes de son existence intérieure : on s’intéressera ainsi aux états d’extase (tels que les décrivent par exemple les mystiques sainte Thérèse ou Mme Guyon), aux moments de révélations (comme la célèbre illumination de Vincennes de Rousseau, racontée dans ses Lettres à Malesherbes puis dans ses Confessions) ou de ravissement (comme celui qui envahit Saint-Simon au Lit de Justice de 1718, décrit comme le moment le plus intense de toute sa vie, ou encore l’extase de Rousseau racontée dans la seconde promenade des Rêveries), aux états émotionnels violents (comme ceux de Monluc à l’issue des rêves qu’il raconte dans ses Commentaires), aux états suicidaires (comme celui-que décrit Cleveland au moment de la fuite de son épouse) ou de détresse extrême, aux moments où le sujet est entre la vie et la mort (comme ceux que décrivent Montaigne ou, dans ses Rêveries encore, Rousseau), aux moments d’exaltation créatrice ou de folie (comme ceux que dépeint Hölderlin dans plusieurs lettres autobiographiques), aux points culminants de la jouissance sexuelle (comme ceux qui sont décrits par les narrateurs des romans-Mémoires libertins, dans l’Histoire de Juliette ou dans bien d’autres récits érotiques ou pornographiques), etc.
L’attention se portera tout particulièrement sur la manière dont le « sujet narrant » rend compte d’états extrêmes ayant affecté son « moi » passé et sur le sens qu’il donne à ces moments de son existence au moment de son écriture, dans le retour réflexif qu’il porte sur eux, pour analyser notamment les similitudes et les différences qui apparaissent entre des états « extrêmes » de nature religieuse, sexuelle, sentimentale ou politique, sur le type de rapport au temps induit par ces états extrêmes, sur les moments où le paroxysme émotionnel coïncide au moins en partie avec l’écriture elle-même, etc. On se demandera également si les types d’expériences décrits sont de la même espèce dans le champ du récit fictionnel et dans celui du récit non fictionnel, tout en ouvrant ce champ à d’autres formes de discours. Des interventions sur de grands modèles autobiographiques antérieurs (comme les Confessions de saint Augustin ou la Divine comédie) ou sur des textes étrangers (les mystiques espagnols ou les romans picaresques) pourront enrichir la réflexion collective. D’autres pourront ouvrir des perspectives sur l’avenir de la littérature, comme les hallucinations nervaliennes, les différents épisodes de « mémoire involontaire » chez Proust ou encore les « instants merveilleux » de Musil – à condition de les situer dans un temps long du témoignage de l’être humain sur les moments paroxysmes de sa vie psychique. On se demandera, enfin, à travers quels déplacements (ou détournements) certains motifs fondamentaux de la littérature de la première modernité (celui de l’extase, entre autres) se sont progressivement affranchis de leur ancrage religieux initial pour susciter tout un imaginaire de l’« extase profane ».
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