Édition
Nouvelle parution
George Steiner, Les abysses

George Steiner, Les abysses

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Traduction de Pierre-Emmanuel Dauzat et Brice Matthieussent.

De George Steiner, on connaît davantage sa pensée philosophique et son statut de critique littéraire que son œuvre de fiction, mais elle n’en est pourtant pas moins digne d’intérêt. Ce recueil présente deux nouvelles radicalement différentes ; l’une nous immerge dans les angoisses irrationnelles d’Aaron Tefft, employé d’une compagnie maritime, aussi fasciné qu’effrayé par les profondeurs de la mer ; l’autre nous entraîne sous la chaleur étouffante des rues de Medellìn où une troupe de poètes mexicains est résolue à arrêter les cartels locaux, grâce aux pouvoirs des mots.

Deux ambiances très différentes mais qui dévoilent ainsi toute l’étendue du talent d’écrivain de George Steiner, aussi précis dans l’analyse psychologique des personnages que dans la construction de dialogues savoureux.

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Extrait : 

« Ce fut alors que le cauchemar fondit sur lui pour la première fois, l’impression d’étouffer, d’être entraîné par un puissant courant sous-marin vers un centre affamé. Il se souvint d’avoir lutté pour respirer, malgré l’affolante sensation d’un enchevêtrement mortel, et, enfin, après ce qui lui sembla une éternité d’angoisse contenue, l’irruption dans le froid de la nuit. Aaron s’était rué vers la fenêtre pour regarder la mer se lancer à l’assaut de la terre. Mais la vieille complicité avait disparu, volé en éclats. Quelque part sous la surface familière, les abysses guettaient, attendaient sa dépouille, prêts à lui emplir la bouche et les narines de leurs eaux inépuisables jusqu’à ce que son âme trouve la sortie. »

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Noirceurs abyssales" par Dominique Goy-Blanquet.

Les abysses réunit deux nouvelles de George Steiner, la première tirée d’un recueil de 1996, The Deeps of the Sea and Other Fiction, traduite par Brice Mathieussent, la seconde, parue en 2002 dans The Kenyon Review, traduite par Pierre-Emmanuel Dauzat. Un illustre essayiste polyglotte, deux traducteurs couverts de lauriers, que demander de plus ? Le livre paraît sans avant-propos ni mention des titres originaux, ni note éditoriale qui expliquerait le choix de ces deux nouvelles parmi d’autres.