De par son ampleur et sa durée ‒ vingt-huit années entre 1407 et 1435 ‒, le conflit entre Armagnacs et Bourguignons est un archétype de la guerre civile et, partant, une référence pour les historiens. Le meurtre de Louis d'Orléans, à l’instigation de Jean sans Peur, le fils du duc de Bourgogne, suivi de celui du même Jean douze ans plus tard, en 1419, sont à l’origine d’un cycle de violence sans précédent, conséquence fatale du vide politique créé par la folie du Valois, Charles VI. Le royaume plonge à l'abîme, laissant le champ libre à l'invasion anglaise. De nouveaux et terribles outils, lèse-majesté et tyrannicide notamment, en sont comme banalisés.
Tout en retraçant les événements de manière exhaustive, le présent ouvrage montre à quel point l'ensemble des situations régionales et internationales est affecté par cette guerre civile – que l’on songe au Grand Schisme d’Occident, à la guerre de Cent Ans, aux séditions urbaines et paysannes – tant l'onde de choc est forte, tant elle bouscule la stabilité des alliances et des pouvoirs en place.
La société tout entière vacille sur ses bases, en même temps qu’on assiste à une prodigieuse effervescence culturelle, aussi bien dans les arts et les lettres que dans le droit et la philosophie politique. Une période éminemment troublée et foisonnante, d’où émergent des personnalités hors du commun, souvent féminines (Isabelle de Bavière, Christine de Pizan, Jeanne d’Arc, Yolande d’Aragon). Joël propose ici une approche mieux articulée d'une séquence historique souvent négligée et noircie qui constitue pourtant une page essentielle de notre histoire, car de ce chaos surgira le renouveau de la vie politique et intellectuelle.