Compte rendu publié sur Acta fabula (septembre 2024, vol. 25, n° 8) : « Pour une esth-éthique : la fiction et le viou crime à l’écriture, l’effraction artistique ou l’art de passer à l’actettéraire » par Lucie Nizard
Sujet impossible, le viol menace les capacités représentatives de la fiction et interroge ses rapports avec le réel. Il est pourtant omniprésent dans la fiction, depuis les mythes de l’Antiquité jusqu’aux séries télévisées de l'ère #MeToo. Comment interpréter cette confrontation continue ? Comment articuler autonomie esthétique et responsabilité éthique ? Pour comprendre les échanges entre viol et fiction, les trois autrices se tournent vers des œuvres de la première modernité qui parlent des violences sexuelles, à une époque où elles demeurent largement taboues. De Boccace à Richardson, de Shakespeare à Pauline Peyrade, d'Ovide à Sarah Kane, l'ouvrage tisse des liens entre contextes passés et questionnements présents et montre comment la fiction, à travers ses mutations, répond aux nombreux défis lancés par la représentation du viol.
Lire sur Fabula l'introduction de l'ouvrage : "Viol et fiction. Une longue histoire"…
Véronique Lochert est maîtresse de conférences HDR en littérature comparée à l’Université de Haute-Alsace. Zoé Schweitzer est professeure de littérature comparée à l’Université Jean-Monnet - Saint-Étienne. Enrica Zanin est maîtresse de conférences HDR en littérature comparée à l’Université de Strasbourg.
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Table des matières
Introduction. Viol et fiction : une longue histoire
I. Le viol, une fiction impossible ?
II. Le viol de la nouvelle au roman
III. Fait, fable, fiction : le viol de Philomèle
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"#Balance ton Boccace ?", par Ninon Chavoz (en ligne le 4 juin 2024).
Quatre ans après le retentissant essai d’Hélène Merlin-Kajman (La littérature à l’heure de #MeToo, éditions Ithaque, 2020), La fiction face au viol poursuit une réflexion indispensable sur les relectures contemporaines des textes anciens : Ovide, Boccace et Shakespeare ne seraient-ils pas susceptibles de susciter les mêmes débats que « L’Oarystis » de Chénier (mis au programme de l’agrégation et dénoncé par des étudiantes en 2017) ? S’il s’agit bien ici de lire la littérature de l’Ancien Régime « à l’heure de #MeToo », la visée des trois autrices n’est nullement polémique : l’examen des mises en récit et des mises en scène du viol les conduit à proposer une nouvelle histoire littéraire, attentive aux enjeux éthiques et esthétiques de la fiction.