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Abolis bibelots

Abolis bibelots

Publié le par Antoine Poisson

Pourquoi un mot serait-il plus poétique qu’un autre ? Et qu’est-ce qui fait la poéticité d’un mot ? Est-ce le produit d’une norme plus ou moins intériorisée, ou bien d’une sensibilité individuelle ? Pour comprendre ce qu’est un "mot poétique", il faut d’abord explorer le discours lexicographique sur le statut de la langue poétique, mais il faut surtout plonger dans le travail du style accompli par les poètes et relever les réseaux de mots poétiques qu’ils constituent. L’éclatement des registres et la recherche d’une langue sans cesse renouvelée pn’empêchent pas de conserver des formes d’archaïsme et de rémanence, ou encore d’innover à partir de celles-ci, en opérant des glissements sémantiques ou en créant des néologismes. Loin d’être une recherche autonome et individuelle, la fabrication du lexique poétique est un fait de positionnement, relatif à un certain état du champ littéraire, qui permet aux poètes de se différencier d’autres positions esthétiques et, pour certains mouvements littéraires, de constituer "la langue de la tribu". Les Colloques en ligne de Fabula donnent à lire les contributions issues de la journée d’étude Définitions et illustrations du « mot poétique » dans les espaces francophones (XIXe-XXIe s.), tenue à la Sorbonne en décembre 2022. Les contributions réunies par Edoardo Cagnan, Jacques Dürrenmatt et Aurélie Frighetto considèrent les usages du "mot poétique" comme autant de prises de position, en analysant des corpus français et francophones, ainsi que le rôle de la traduction.

(Illustr. : Cy Twombly, Proem, 1983 © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne)