Dupont Alexandre (dir.), « Nous nous en allons aux cyclones ». Anthologie d’écrits de femmes exilées au XIXe siècle
« Nous nous en allons aux cyclones », écrit Louise Michel au moment de son départ en déportation pour la Nouvelle-Calédonie. De la Révolution française aux révolutions russes, nombreuses sont celles qui ont dû, comme elle, partir pour l’exil. Même si le XIXe siècle est depuis longtemps considéré comme le siècle des exils, cette histoire a été longtemps oubliée. Ce n’est que depuis quelques décennies que l’on s’efforce d’exhumer l’histoire des femmes exilées et de montrer qu’elles ne sont pas parties seulement pour suivre leurs pères ou leurs maris, mais bien parce qu’elles étaient des actrices politiques à part entière.
C’est dans le sillage de ces travaux que s’inscrit cette anthologie de textes annotés et commentés, qui vise à restituer et à analyser la voix de ces femmes contraintes à partir de chez elles pour échapper à la répression. Qu’elles aient été exilées, proscrites, déportées ou bannies, leurs expériences à la fois singulières et proches peuvent désormais être entendues.
Sommaire :
Préface
Introduction
Pourquoi partir ?
Raisons et préparatifs du voyage de la comtesse de la Boutetière (1792)
L’exil de la marquise de La Rochejaquelein : un concours de circonstances (1797)
Partir sous la contrainte : les conditions privilégiées de Germaine de Staël (1803)
Malwida von Meysenbug : départ en exil politique (1852)
S’exiler pour sauver son combat politique : l’avis d’Alexandra Kollontaï sur la situation politique russe et sa décision de s’exiler en 1908
Atteindre sa destination
La question des circulations : difficultés et choix stratégiques d’itinéraires de Germaine de Staël en pleines guerres napoléoniennes (1812)
De Carthagène à Londres : fuir l’absolutisme (1823)
Madame de Gontaut en 1830 : fuir Saint-Cloud, quitter la France
La fuite de la famille Anneke (1849)
Faire face aux arrestations : vers le chemin de l’exil (1857-1861)
Le départ en exil de Victorine Brocher (1872)
Un nouveau monde
Des souvenirs de guerre dont Wilhelmine von Beck n’arrive pas à se défaire (1849)
Vers la Nouvelle-Calédonie : les souvenirs d’un adieu à bord de la Virginie (1873)
Emma Goldman en Amérique (1885)
L’arrivée de Rosa Luxemburg à Berlin (1898)
Le retour en Russie d’Emma Goldman (1920)
Garder contact avec son pays
La mission de Mme de Gontaut dans la France révolutionnaire (1793)
S’informer et communiquer dans l’exil : Pancracia de Zumalacárregui et Leopoldina O’Donnell, deux carlistes en France en 1835
Jenny Marx à Trêves en 1844 : un retour stratégique au pays
Maintenir les liens en exil : correspondance de Cristina Trivulzio di Belgiojoso et Augustin Thierry (1851)
Une relation épistolaire en exil : le cas de Zsuzsanna Kossuth (1852)
Couple et intimité dans l’exil
Se sacrifier pour sa famille : le mariage en exil d’Adèle d’Osmond (1798)
La séparation dans l’exil : la lettre du 9 novembre 1831 de José María de Torrijos à sa femme
La famille, la mort, l’exil : Pancracia Ollo et l’éloignement pendant la Première guerre carliste (1835)
L’intime et le politique dans la vie de Natalie Herzen (1870)
L’adultère et le couple en exil dans Hans Ibeles in London de Johanna Kinkel
La famille en exil
Le séjour en Angleterre (1792-1794), un basculement vers un nouveau rôle familial pour la marquise de Nadaillac
L’enfance en exil de la baronne du Montet à la cour de Vienne
Éducation des enfants Herzen par Malwida von Meysenbug (1853)
La place accordée à la famille : la précarité croissante et les solidarités chez les Marx (1851-1852)
Vie familiale vs vie sociale dans Hans Ibeles in London de Johanna Kinkel
Sociabilités et vie quotidienne en exil
L’exil : une nouvelle réalité qui s’impose à la noblesse française d’après les mémoires de Madame de Gontaut (1792)
La dépendance privilégiée d’une exilée à la cour de Prusse : précarité et opportunité d’intégration offerte par la protection royale (1794) 162
Le voyage vers l’Allemagne, le début de la germanophilie de Germaine de Staël (1803)
La difficile socialisation à Berlin de Wilhelmine von Beck (1849)
Malwida von Meysenbug : sociabilité des réfugiés
Après Bruxelles, la Suisse. La renaissance des Quinet dans la vallée de Linthal (1858)
Jenny Marx, femme tourmentée dans une rude vie en exil
Travail et subsistance en exil
Un quotidien de plus en plus difficile pour la comtesse de Dauger (1793-1796)
Travailler en exil : l’exemple de Madame de Gontaut
La gestion du foyer et les voyages de Jenny Marx (1845)
Conditions économiques de l’exil féminin au XIXe siècle : la princesse lombarde Cristina Trivulzio di Belgiojoso dans son récit autobiographique Souvenirs dans l’exil (1850)
Wilhelmine von Beck : une nouvelle vie et ses vicissitudes (1850)
Malwida von Meysenbug : travailler en exil
Les difficultés financières des femmes proscrites d’après Victorine Brocher (1872-1873)
Louise Michel institutrice en Nouvelle-Calédonie (1878-1879)
C’est un dur métier que l’exil
Les difficultés de l’exil : départ pour Trèves et péripéties du voyage de la comtesse de la Boutetière (1792)
Des persécutions qui se poursuivent pour Mme de Staël (1811)
Les difficultés de l’exil dans une lettre de Jenny Marx (1867)
Le rôle des femmes dans les corps expéditionnaires étrangers : l’infirmière Jessie White Mario au contact des volontaires italiens (1871)
Répression et réseaux de solidarité : des princes carlistes dans le sud de la France en 1872
La situation des proscrits à Genève d’après Victorine Brocher : la peur des espions et de la délation (1873)
Exilée et insurgée : les protestations de Louise Michel contre son transfert sur l’île de Bourail (1875)
L’arrestation de Rosa Luxemburg en 1906
L’action politique au féminin
Madame de Nadaillac diplomate (1800)
Amalia Struve, une révolutionnaire du pays de Bade (1848)
Emma Herwegh, espionne républicaine à Fribourg (1848)
Le rôle d’intrigante de Natalie Herzen dans la conspiration de Netchaïev (1870)
L’opinion et la participation politique de Jenny Marx en exil à Londres (1870)
Jessie White Mario, une femme indépendante
Angelica Balabanova, socialiste russe en exil (1900)
Lutte contre la terreur brune et second exil de Clara Zetkin (1932)
Au cœur des internationalismes
Emma Charlotte Herwegh et la Légion démocratique allemande (1848)
Amalia Struve, républicaine, contrebandière, autrice et exilée (1848)
Malwida von Meysenbug et son activité politique avec Mazzini (1850)
Jenny Marx, une femme exilée au centre d’un foyer politique (1858)
L’intérêt de Natalie Herzen pour la politique russe et le début de son engagement (1870)
L’exil et la construction politique de Clara Zetkin (1889)
Louise Michel à Londres : réseaux de solidarité et organisations d’exilés (1893)
Mobilisation contre les « atrocités espagnoles » et arrivée des exilés à Londres (1897)
La Suisse, capitale européenne de l’exil : Angelica Balabanova, une agente révolutionnaire internationale (1905-1907)
Retour au pays natal
Le retour d’exil de la marquise de La Rochejaquelein entre perte et reconstruction (1800-1802)
Le retour en France perturbé d’Adèle d’Osmond (1804)
La fin du voyage de Cristina di Belgiojoso en Orient : retour à l’exil
« Que feront nos amis ? ». La difficile question du retour d’exil chez les Quinet
Une intellectuelle en voyage : le retour de Jessie White Mario en Italie après la campagne militaire (1871)
Le retour de Louise Michel en France (1880)
Revenir de neuf ans d’exil : organiser l’après-révolution et être membre du gouvernement (1917-1920)
Le départ de Russie pour un nouvel exil d’Emma Goldman (1921)
Mettre en récit son exil
Regard de la marquise de Nadaillac sur son action politique en exil (1795-1797)
La marquise de La Rochejaquelein et l’exil de son mari : écrire l’exil d’un autre
L’incipit de Dix années d’exil : les raisons de l’exil de Germaine de Staël
Écrire et se rendre invisible : Juana María de la Vega, « éditrice » des mémoires de son mari (1836-1851)
Wilhelmine von Beck : bilan d’un combat (1850)
Emma Goldman : une exilée sans patrie ? (1934)
Annexe biographique