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Scénographies contemporaines en Eurasie (en ligne)

Scénographies contemporaines en Eurasie (en ligne)

Publié le par Esther Demoulin (Source : FOHR Romain)

Journée d’études Eurasie #1.9 (27 septembre 2024)

Scénographies contemporaines en Eurasie

 Elena Gordienko (INALCO/Université Sorbonne Nouvelle), Romain Fohr (Université Sorbonne nouvelle) 

L’aire géographique aux croisements de l’Europe de l’Est, du Caucase du Sud et de l’Asie centrale connaît de nombreux changements et défis politiques lors des dernières décennies, la guerre russo-ukrainienne mettant fin à la considération de la région comme unie et intégrée par le patrimoine commun. La scénographie théâtrale est également concernée par ces processus, reflétant la vision du monde qui évolue, influencée par les politiques culturelles de chaque pays, ses nouveaux rapprochements et ses ruptures, les liens entre les théâtres se désintégrant pour les uns et se reconstruisant pour les autres. Dans cette journée d’études, on s’intéressera aux nouvelles générations de scénographes qui se font connaître ces quinze dernières années, leurs années d’études tombant sur la période post-soviétique. Les chercheurs vont examiner les changements générationnels en ce qui concerne les méthodes utilisées, les esthétiques et les discours employés par les artistes. L’influence de narrations identitaires et de bouleversements socio-politiques et militaires est aussi à prendre en compte, ainsi que les conditions matérielles et sécuritaires du travail des artistes, qui se retrouvent de plus en plus en situation d’exil ou d’émigration intérieure (thème 1). Les praticiennes invitées, ayant toutes les deux quitté la Russie par opposition à la guerre déclenchée, vont raconter leurs parcours et leurs principes de travail qui semblent d’ailleurs se rapprocher des préoccupations de leurs collègues européens, y compris l’éco-gestion et la spectaction participative (thème 2). Enfin, les deux études de cas sur les créations russes des années 2010 vont permettre de mettre en question ce passé récent, très fructueux dans le domaine théâtral, qui restait, comme il le semble maintenant, une sorte de réserve culturelle, à l’intérieur de l’autocratie montante, avec des modèles scénographiques  progressistes et subversifs pour des jauges réduites (thème 3).

Thème 1 - Scénographies actuelles face aux enjeux géopolitiques 

Lilia Manasserian (Académie des sciences de l’Arménie) 

L'individu face au monde dans la scénographie arménienne actuelle 

Les constructions compositionnelles, l'organisation de l'espace, les particularités coloristiques  de la scénographie  des années  2020, dévoilent la sensation  du monde de  la société arménienne. La  scénographie s'avère donc être un reflet, conscient ou non, de la psychologie personnelle ainsi que de  la mentalité collective actuelle. Une réalité scénique dynamique, changeante, un décor asymétrique ainsi qu’un phénomène du dédoublement de l'espace théâtral en espaces scénique et  scénographique sont propres à la scénographie arménienne de la dernière décennie.

(15 mn suivi de 5 mn d’échange) 

 Magdalena Lachowicz (Université Adam Mickiewicz de Poznań, Pologne) 

Voix biélorusses et ukrainiennes en exil. Sur les projets scéniques alternatifs en Pologne 

La communication présentera le rôle et le développement de projets culturels, y compris le théâtre, menés par des artistes biélorusses et ukrainiens installées à l'étranger. Dans la situation de migration, les groupes artistiques, les artistes, y compris le théâtre, entreprennent de « raconter l'histoire dans sa version interdite », rejoignent le dialogue social pour la défense des droits de l'homme et documentent la réalité des réfugiés. Les formats de théâtre documentaire dominent, définissant l'artiste migrant contemporain. Après 2020, il y a une période unique de résistance aux régimes de pouvoir extérieurs, qui est définie et créée dans des conditions démocratiques de liberté d'expression, de médias, mais aussi de commercialisation de l'art. Il s'avère exceptionnellement difficile de combiner les contextes culturels, historiques et de sensibilisation dans les conditions de polarisation des sociétés d'Europe centrale, y compris la Pologne. Rappelons que les projets biélorusses et ukrainiens s'adressent non seulement aux migrants, mais aussi aux représentants des diasporas et visent le dialogue social. C'est une voix de discorde face à une guerre injuste, face au processus de propagande et de désinformation qui inonde l'Europe, mais aussi un moment pour restaurer la mémoire et le dialogue sur un passé difficile.

(15 mn suivi de 5 mn d’échange)

Alla Shenderova (European Humanities University, Lituanie) 

Un petit théâtre vivant dans un immense faux (théâtre) : Lisa Bondar, Alexander Plotnikov, Dmitry Volkostrelov, Liocha Lobanov. Russie, 2022-2024 

Il est encore possible de trouver du théâtre véritablement « vivant » et des représentations en lien avec la réalité dans la Russie d'aujourd'hui. Tout d’abord chez certaines petites compagnies indépendantes. Mais aussi sur certaines petites salles de monstrueuses « structures culturelles ». Trois metteurs en scène (dont deux sont également scénographes de leurs productions) ont décidé de poursuivre leur travail en Russie. Chacun d'eux a sa propre stratégie pour créer un spectacle dans une situation où l'on ne peut pas dire aujourd’hui à haute voix ce que l'on pense.

 (15 mn suivi de 5 mn d’échange)

 

Thème 2 — Pratiques scénographiques : défis contemporains 

 Vera Martynov (scénographe et metteuse en scène russe qui vit désormais à Marseille France) 

La scénographie comme service de nettoyage

Mon parcours de scénographe a commencé de manière atypique et imprévisible : 12 ans d'expérience au sein de la compagnie théâtrale expérimentale Krymov LAB, connue pour son approche de « théâtre d'objet » également connu comme « théâtre d’artiste » ; une collaboration étroite avec Anatoli Vassiliev et son scénographe attitré Igor Popov, architecte réputé pour l'esthétique particulière du théâtre École d'art dramatique à Moscou ; la conception de trois espaces théâtraux (dont le centre Gogol et le Nouvel Espace du Théâtre des Nations à Moscou). 

En tant qu'artiste de performance et scénographe, je considère l'espace comme un co-auteur, privilégiant l'élimination d'objets et de textures étrangers plutôt que leur ajout. Avant d'introduire un nouvel objet dans un espace, je m'interroge rigoureusement sur sa nécessité, m'assurant que chaque ajout répond à un objectif.

Mon impact sur la durabilité environnementale, bien que modeste, n'est pas à négliger. J'ai activement poursuivi des initiatives visant à réduire l'utilisation de nouveaux matériaux et à promouvoir le recyclage. Cet engagement a été exemplifié dans un projet à grande échelle dédié au 400e anniversaire du théâtre en Russie, où j'ai obtenu un résultat « zéro déchet ». Cette installation, qui s'étendait sur quatre salles et totalisait 2.500 mètres carrés, a impliqué la participation d'une quinzaine de théâtres et de plusieurs musées.

Je suis convaincue que l'évolution de l'art scénographique devrait faire de la consommation consciente des ressources la norme plutôt que l'exception.

(20 mn suivi de 5 mn d’échange)

 Ksenia Peretrukhina ( scénographe russe qui vit désormais à Helsinki Finlande) 

D’un spectacle vers un espace à y passer du temps

La contribution se concentrera sur des défis scénographiques contemporains essentiels tels que : le corps du spectateur comme outil pour l'artiste ; la dimension tactile dans le théâtre ; le théâtre comme espace de soutien et de compassion ; la naïveté comme instrument de dialogue avec le spectateur ; le théâtre comme lieu où les générations se rencontrent. L'analyse sera basée sur mon travail au sein de la compagnie Théâtre des actions mutuelles à Moscou, où j’ai co-créé les spectacles « Musée de l’invasion extra-terrestre» (2016), « Université d’oiseaux » (2019) et « Guerre Froide » (2021), ainsi que sur la création des spectacles « Dieux de Perm » (2010, mise en scène Dmitri Volkostrelov, Théâtre-Théâtre à Perm) et « Avant et après » (2016,  mise en scène Dmitri Brusnikine, festival Territoria, Théâtre des Nations).

(20 mn suivi de 5 mn d’échange)

Thème 3 - Espace théâtral comme utopique et alternatif 

Alexandra Dunaeva (chercheuse russe indépendante qui vit en Finlande) 

Discours inclusifs en scénographie (Russie, années 2010)

En tant que chercheuse ayant étudié le théâtre avec des non-professionnels, en mettant l’accent sur la performance et le handicap, je m’intéresse à la façon dont les discours inclusifs ont été mis en œuvre dans la scénographie russe dans les années 2010. Dans ma contribution, j'aborderai un aspect de ce processus : les projets de théâtre social qui posent de nouveaux défis aux scénographes. À titre d’exemple, je discuterai de deux projets que j'ai observés en tant que chercheuse à Saint-Pétersbourg (Russie) de 2017 à 2019. Le décor du spectacle « Les Nuits de l'Arpenteur » (création 2019) de l'école de théâtre Inclusion à Saint-Pétersbourg a impliqué des artistes malentendants et non-voyants. Dans le projet « Appartement. Conversations » (les premières représentations datent de 2017) un groupe d'artistes a créé, dans un appartement, un environnement propice à la coexistence d'une équipe « neurodiverse » avec des invités. 

(15 mn suivi de 5 mn d’échange)

Varvara Sklez (Université de Warwick, Grande Bretagne) 

Lieu de protestation et Espace ressenti dans Vas sudyat ne za eto (2018) 

 Cette intervention examine Vas sudyat ne za eto (Ce n'est pas pour cela que vous êtes jugés, 2018), qui a été créé dans le cadre du laboratoire théâtral Polden' (Midi) au Centre Gogol à Moscou. Ce laboratoire suggérait aux artistes de théâtre de répondre au 50e anniversaire de la manifestation de 1968 sur la Place Rouge contre l'invasion soviétique de la Tchécoslovaquie. Dans Vas sudyat ne za eto, Ekaterina Bondarenko, Tatiana Gordeeva et Yoel Regev ont proposé à sept bénévoles - et plus tard à d'autres spectateurs - de monter sur scène et de tenir le plus longtemps possible les poses de personnes qui, à différents moments, sont allées manifester sur la Place Rouge. En tenant ces poses, qui font référence aux manifestations qui ont eu lieu sur la Place Rouge en 1968, 2013, 2014 et 2015, et en créant des histoires sur ce lieu, les participants et les auteurs ont réimaginé ensemble cet espace symboliquement chargé et, pour reprendre les termes d'Ariella Azoulay, ont créé son « histoire alternative ». Dans cet exposé, j'explorerai la manière dont la Place Rouge en tant que lieu est recréée et traitée dans Vas sudyat ne za eto par le recours à l'image, au corps et au texte. Je vais montrer que la considération de la Place Rouge dans cette performance la façonne en tant qu'espace de protestation qui transcende les frontières temporelles et géographiques.

 (15 mn suivi de 5 mn d’échange)

 ATTENTION CHANGEMENT D’HORAIRE

Horaire : 5h (heure de New-York et de Fort-de-France), 6h (heure de Buenos Aires), 10 h (heure de Londres), 11h (heure de Paris, de Le Cap et de Varsovie), 12h (heure de Beyrouth, de Helsinki et de Vilnius), 13 h (heure de Erevan),19h (heure de Hong-Kong), 21h (heure de Wellington).

Durée des séances : 2h30

 

Lien de connexion : https://meet.google.com/rnw-ixgk-vcx 

Pour participer par téléphone, composez le +1 414-909-5470 et saisissez ce code : 566

428 182#

LIRIS organization (Zone Eurasie):

Elena Gordienko (comité scientifique zone Eurasie) elena.gordienko@sorbonne-nouvelle.fr

Romain Fohr (comité scientifique international) romain.fohr@sorbonne-nouvelle.fr

RÈGLES - PRISE DE PAROLE JOURNÉE D’ÉTUDES Á DISTANCE :
La difficulté est de donner la parole à chacun‧e dans notre temps imparti de 2h30 chaque mois. Aussi, je vous propose quelques règles que nous pourrons adapter selon vos souhaits.
Les neuf référent‧e‧s universitaires du LIRIS de chaque université doivent veiller à la bonne circulation de la parole lors des séminaires à distance afin de restituer la parole des scénographes, universitaires, étudiant‧e‧s de leur zone géographique (Afrique, Amérique du nord, Amérique du sud, Asie, Caraïbes, Eurasie, Europe, Moyen-Orient, Océanie) ainsi que les échanges avec le public.
Chaque prise de parole doit être au maximum de 20 mn (contributeur), et de 1 mn pour les interventions extérieures. Ainsi la parole circulera plus facilement.
Lors de son intervention, chacun‧e doit prendre en compte que nous devons comprendre les précisions de nos prises de parole, aussi nous devons essayer de ne pas parler trop vite pour faciliter la compréhension des auditeurs qui lisent les sous-titrages. 

SURTITRAGES SIMULTANÉS ET ÉCRITS :
La traduction simultanée en deux langues est impossible car le vocabulaire spécifique demande un temps de préparation très long pour des interprètes et traducteurs. Le coût est trop cher.
La fonction de sous-titrage pour la visioconférence sera actionnée pour une meilleure compréhension des protagonistes qui parlent généralement en français, en espagnol et en anglais.
Un lexique commun et spécifique sur la scénographie sera créé pour mieux nous comprendre. Nous vous recommandons le Dictionnaire théâtral de Margherita Palli (éd. Quolibet, 2021) en sept langues.
Des résumés des interventions seront demandés avant l’intervention pour comprendre le sujet abordé.
Ces textes transcrits donneront lieu à un document qui sera diffusé pour les membres absents.
Google Work propose la fonction de traduction simultanée écrite avec un sous-titrage possible en 7 langues, l’Université Sorbonne nouvelle ne nous pas encore donné accès à cette possibilité très utile. En attendant, vous pouvez utiliser les fonctions :
Reverso https://www.reverso.net/traduzione-testo
DeepL https://www.deepl.com/translator
Google translate https://translate.google.com/intl/fr/about/
sur votre téléphone et ordinateur pour une traduction vocale simultanée.