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Le moment misologique de la littérature française : imaginaires, discours, postures et pratiques de méfiance envers le langage (1936-1948). Soutenance de F. Demont (dir. G. Philippe et J. Meizoz, Lausanne)

Le moment misologique de la littérature française : imaginaires, discours, postures et pratiques de méfiance envers le langage (1936-1948). Soutenance de F. Demont (dir. G. Philippe et J. Meizoz, Lausanne)

Publié le par Université de Lausanne (Source : https://agenda.unil.ch/display/1728465432132)

Conférencière(s) ou conférencier(s): François DEMONT candidat au doctorat ès lettres  

Direction de la thèse
Gilles Philippe, Professeur, Faculté des lettres, UNIL
Jérôme Meizoz, Professeur, Faculté des lettres, UNIL

Membres du jury
Jean-François Hamel, Professeur, Université du Québec à Montréal, Canada
Christelle Reggiani, Professeure, Sorbonne-Université, France
Philippe Roussin, Professeur honoraire, EHESS, France

Sujet de thèse

Cette thèse analyse la misologie (ou la « méfiance envers le langage » selon Jean Paulhan dans Les Fleurs de Tarbes, 1941) d’un point de vue historique, stylistique, discursif et sociologique, en tant que thème commun d’un « moment misologique » du discours littéraire en France de 1936 à 1948. S’attachant à démontrer la prégnance d’un imaginaire misologique du langage observable sous la forme d’un paradigme chez des auteurs appartenant aux cercles de la NRF et de la maison d’édition Gallimard (comme Paulhan, Caillois, Leiris, Ponge, Sartre, Parain, Benda, Cioran, Blanchot et Bataille), cette thèse s’intéresse à un imaginaire linguistique et stylistique observable sur le plan des pratiques rédactionnelles. Qu’ils se fient au langage ou non, tous ces auteurs reconnaissent au langage, à la manière de Bergson, un caractère arbitraire, imparfait, stéréotypé, abstrait et grossier vis-à-vis de la pensée, du réel et des sensations. Les misologues se demandent donc comment il convient d’écrire, soit d’user du langage. Des éléments de discours communs se retrouvent ainsi chez les auteurs du paradigme misologique, que ceux-ci se méfient au fond vraiment du langage ou non, car tous partagent des imaginaires linguistiques en partie arrimés à un moment historique et à une configuration singulière du champ littéraire. Se pose donc à eux, selon différentes modalités, la question de l’écriture, du silence, des formes de pouvoir du langage en régime démocratique, de l’engagement par l’écriture, de la responsabilité, du style ou encore de la poésie. C’est en effet la question de l’autonomie et des pouvoirs de la littérature qui émerge en ces années cruciales, à travers l’opposition possible d’un langage littéraire au langage ordinaire, mais aussi une réflexion sur les limites de la langue et sur le rôle de l'écrivain en temps de crise politico-sociale.

Notice bio-bibliographique

Depuis 2014, François DEMONT travaille à la Faculté des lettres de l’UNIL, d’abord en tant qu’assistant-étudiant, puis en tant qu’assistant diplômé et enfin en tant que chargé de cours. Durant son parcours, il aura bénéficié d’une bourse de mobilité doctorale de 18 mois attribuée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique. Il a ainsi pu parfaire ses connaissances à l’Université Libre de Bruxelles, à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université de la Sorbonne. En parallèle de son parcours universitaire, François DEMONT a obtenu en 2024 un Master of advanced studies en français à la Haute Ecole Pédagogique de Lausanne. 

François DEMONT est l’auteur d’une vingtaine d’articles et de chapitres portant entre autres sur Emil Cioran, Julien Gracq, Jean Paulhan, la théorie littéraire et son sujet de thèse, la misologie. En collaboration avec d’autres membres de la Section de français et de la Faculté des Lettres de l'Université de Lausanne, il a organisé ou co-organisé plusieurs journées d’étude, participé à l’écriture d’un volume collectif intitulé Faire littérature. Usages et pratiques du littéraire (XIXe-XXIe siècles) (2019) et dirigé un numéro de la revue Itinéraires intitulé Publier la littérature : le texte et ses médias (édition, exposition, performance) (2023).