Actualité
Appels à contributions
Régine Robin entre les langues (revue Interfrancophonies)

Régine Robin entre les langues (revue Interfrancophonies)

Publié le par Marc Escola (Source : Fernando Funari )

« Régine Robin entre les langues »,

sous la direction de Sara De Balsi et Myriam Vien

Autrice d’une œuvre reconnue pour son interdisciplinarité, voire pour son « indisciplinarité » (Désy et al. 2007), Régine Robin nous a quittés en 2021. Ce dossier se concentrera sur la place des langues dans son œuvre, à partir de l’hypothèse que cette œuvre déploie une poétique plurilingue, à la fois dans son versant théorique et dans son versant créatif.

Du yiddish de la famille au français de l’école, de l’anglais à l’allemand et au russe appris pour ses recherches, jusqu’à la langue française du Québec, le parcours de Régine Robin aura été une traversée des langues. Le français, sa langue d’écriture, est pluralisé non seulement par les nombreuses langues qu’elle parlait, lisait et fréquentait, mais aussi par l’altérité de la langue française du Québec, qu’elle considère comme étant, par rapport au français de France, « ni la même, ni une autre » (Robin 1993 : 183), et dont elle ne cesse d’interroger l’inquiétante étrangeté. Cet imaginaire de la langue est doublé d’une hybridation des genres : l’œuvre de Robin ne cesse de repousser les limites de l’écriture académique d’une part, des genres narratifs de l’autre. En outre, la pratique et la pensée de la littérature de Régine Robin sont imprégnées de l’imaginaire de langues absentes, enfouies, revenantes, réinventées : on le retrouve aussi bien dans ses fictions – on pense à La Québécoite et à certaines des nouvelles contenues dans le recueil L’immense fatigue des pierres – que dans des textes à vocation académique comme L’amour du yiddish, et surtout Le deuil de l’origine, consacré à la présence souterraines de langues juives – hébreu, yiddish, judéo-espagnol – chez Freud, Kafka, Canetti, Perec. Mais on peut penser aussi à sa fréquentation du russe, qu’elle avait étudié, et de l’allemand, qu’elle se targuait de ne pas connaître.

Une attention particulière sera portée à la relation de Robin avec sa terre d’élection, le Québec, et particulièrement de la ville de Montréal, où elle émigra à la fin des années soixante-dix. La rencontre avec cette province canadienne, ses villes et sa langue marque en effet un tournant dans l’œuvre et dans la pensée de l’altérité de l’autrice. Le Québec est à l’origine de son texte le plus connu, La Québécoite, paradigme d’une écriture migrante que l’autrice a aussi contribué à théoriser ; mais c’est aussi le lieu d’une « greffe » qui « n’a pas réussi » (Robin 2011), d’une assimilation impossible et d’une différence irréductible que l’écrivaine n’a jamais cessé d’interroger.

Les propositions d’articles pourront aborder, sans s’y limiter, les thèmes et les questions suivants :

Le français de Régine Robin : imaginaire de la langue, genres et style

La représentation des langues « étrangères » dans les textes : formes d’hétérolinguisme

Les langues « étrangères » au service de l’hybridation du texte

Langues absentes, oubliées, perdues, enfouies

L’Amérique de Régine Robin et la place de l’anglais, en particulier dans La Québécoite

La place de l’Allemagne et de l’allemand dans l’œuvre de Régine Robin

Quel héritage pour La Québécoite et pour l’écriture migrante que ce texte contribuait à imaginer ?

Régine Robin traductrice du yiddish

Régine Robin en traduction : quelles traductions et quel accueil en dehors de l’espace francophone ?

Échéancier 

Les propositions (500 mots), en français, accompagnées d’une brève note bio-bibliographique, sont à envoyer à fernando.funari@unifi.it d’ici le 1er mars 2025.

L’acceptation des propositions sera communiquée le 1er avril 2025. 

Le articles (rédigés selon les normes éditoriales d’Interfrancophonies : http://interfrancophonies.org/normes.html) sont attendus pour le 1er janvier 2026

Parution du volume : 2027

Pour toute autre information nous vous invitons à visiter le site de la Revue : http://interfrancophonies.org

Œuvres de Régine Robin (choix)

Histoire et linguistique, Paris, Armand Colin, 1973
Le Cheval blanc de Lénine ou l’Histoire autre, Bruxelles, Complexe, 1979
L’Amour du yiddish. Ecriture juive et sentiment de la langue (1830-1930), Paris, Éditions du Sorbier, 1984
Le Roman mémoriel, Montréal, Le Préambule, 1989
La Québécoite [1983], Montréal, XYZ, 1993 [1983]
L’immense fatigue des pierres [1996], Montréal, XYZ, 1999
Le Deuil de l’Origine. Une langue en trop, la langue en moins [1993], Paris, Editions Kimé, 2003
Cybermigrances. Traversées fugitives, Montréal, VLB éditeur, 2004
Nous autres, les autres. Difficile pluralisme, Montréal, Boréal, 2011


Bibliographie

De Balsi, Sara, « "Ni tout à fait théorique ni tout à fait fictionnel." Le discours hybride de Régine Robin », Le tournant créatif de la recherche. L’écriture comme instrument fouisseur, Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, collection « Recherche-création », 2024.
Désy, Caroline, Fauvelle, Véronique, Fridman, Viviana, Maltais, Pascale (dir.), Une œuvre indisciplinaire. Mémoire, texte et identité chez Régine Robin, Québec, Presses de l’Université Laval, 2007.
Ferraro, Alessandra, Écriture migrante et translinguisme au Québec, Venise, La Toletta, 2014
Jones, Elizabeth H., Spaces of Belonging. Home, Culture and Identity in 20th Century French Autobiography, Amsterdam/New York, Rodopi, 2007.
Kassab, Samia et Suchet, Myriam (dir.), « La langue française n’est pas la langue française », Fabula -LhT, 12, 2014.
Simon, Sherry, Le trafic des langues : traduction et culture dans la littérature québécoise, Montréal : Boréal, 1994.
Suchet, Myriam, L’imaginaire hétérolingue. Ce que nous apprennent les textes à la croisée des langues, Paris : Classiques Garnier, 2014.