Que dit la littérature contemporaine sur la mémoire de la traite négrière et de l’esclavage ? Quels regards, quelles voix et quels non-dits révèle-t-elle sur l’expérience de la femme esclave et de ses descendantes ?
Les années 1990 voient apparaître, dans l’espace français et latino-américain, des revendications mémorielles autour de ce traumatisme historique qui continue à travailler notre présent. Aux réévaluations du passé, cristallisées dans l’institution de régimes mémoriels, vient faire écho une production littéraire hybride mettant en lumière le vécu de la femme esclave, longtemps occulté. Observation des convergences thématiques dans les pratiques romanesques chez des écrivaines francophones (Haïti, Martinique, Guadeloupe) et hispanophones (Argentine, Mexique, Uruguay) des Amériques, cet ouvrage explore l’émergence d’une poétique mémorielle de l’esclavage, translinguistique et transnationale, déclinée au féminin. L’étude croisée et inédite de six œuvres, associant archives et fiction, permet en effet de saisir la spécificité de l’expérience de la violence, de la résistance et de la transmission de la mémoire qui sous-tend ces récits. Elle sonde par détour leurs enjeux éthiques, esthétiques et politiques.