Les livres philosophiques fantômes désignent les ouvrages qui ont existé, qui n’existent plus, mais qui hantent l’histoire de la philosophie par des citations à l’intérieur d’autres livres. Ils invitent à interroger les enjeux de la lecture philosophique et des chausse-trapes de la mémoire. Quelles incidences spécifiques génèrent les œuvres disparues au sein de l’histoire de la pensée ? Comment lire les livres qui manquent ? Parce que la citation recouvre une diversité d’intentions, le livre citateur altère, en tentant parfois de l’instrumentaliser, le fragment du livre disparu. Celui-ci exerce en retour des effets de hantise par lesquels, en "parasitant" le livre hôte, il garantit sa survivance anachronique. En traquant Les livres philosophiques fantômes (Hermann), Renaud Remond-Teissier invite à une écriture inédite de l’histoire de la philosophie : en-deçà des dialogues conscients entre œuvres et auteurs, la philosophie a affaire avec des effets de hantise inconsciente, ouvrant sur une mémoire inconsciente souterraine de la pensée. Fabula donne à lire l'introduction de l'ouvrage…
Rappelons qu'un double numéro de Fabula-LhT et Acta fabula nous invitait naguère à entrer dans "La bibliothèque des textes fantômes", et que William Marx s'était mis de son côté "À la recherche des œuvres perdues" dans un séminaire au Collège de France, à retrouver parmi les podcasts de France Culture…
(Illustr. : Brown lady of Raynham Hall, 1936 ©Country Life)