L'art bizarre de l'échec : rencontre avec Chloé Thomas pour son roman Fredon (Paris 8, Saint-Denis)
Cette rencontre autour du roman Fredon de Chloé Thomas (P.O.L., 2024) s'intéressera à l’idée d’une valeur productive de l’échec – ici, à être une artiste – défendue par Jack Halberstam comme une « forme de critique » (The Queer Art of Failure, 2011) ainsi qu’au concept de « rabat-joie » forgé par Sara Ahmed (The Feminist Killjoy Handbook, 2023) pour en faire un usage « déplacé ». Ainsi, si Jack Halberstam théorise un « féminisme fondé dans la négation, le refus, la passivité, l’absence et le silence », nous interrogerons sa pertinence pour penser, dans Fredon :
- La critique de la notion même de musique, congédiée par l’amusie de la narratrice, pianiste classique au faîte de sa renommée, qui cesse de jouer, et commence à entendre la musique comme un bruit qui lui répugne – cette critique portant également sur l’amour de l’art, la joie procurée par le fait de s’y dédier ;
- La critique du monde de l’art, des « récits convenus » des trajectoires d’artistes et des performances de genre qu’il faut produire pour se singulariser, forger sa propre légende.
De cette démarche, à sa manière, « rabat-joie » – dont l’objet, dans le roman, serait un mythe de l’art et de l’artiste qu’il s’agirait de refuser – découle le fait d’embrasser radicalement l’échec, non seulement à être une artiste, mais aussi à être une femme : nous sonderons ainsi l’imaginaire abject déployé par le roman d’une porosité entre les corps animaux humains et non-humains, les « bêtes », les végétaux, les minéraux et la façon dont celui-ci conduit à une spectralisation de la figure de l’artiste, ressaisie à partir de son effacement, de sa disparition, c’est-à-dire aussi de sa paradoxale liberté par rapport à la discipline de la répétition qui l’a définie jusque-là. Se pose alors la question de savoir ce que signifie vraiment l’étrange « fredon » qui donne au roman son titre et peut-être aussi son style.
Cette rencontre est organisée par Flavia Bujor et les étudiant·es du Master d'études de genre de Paris 8 Vincennes Saint-Denis, avec l'aide de la bibliothèque universitaire de Paris 8, dans le cadre du séminaire « Romans d'artistes féministes ? ». Elle aura lieu le mercredi 11 décembre 2024 de 18h à 19h30 en salle de la recherche à la bibliothèque universitaire de Paris 8 (2, rue de la liberté 93 200 Saint-Denis, métro ligne 13 Saint-Denis Université).
L'entrée est libre et ouverte à tout public sans inscription préalable. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu le roman pour venir ! Un temps sera consacré aux questions du public.
Crédits photo : Hélène Bamberger