1er décembre 1944, camp de Thiaroye, en périphérie de Dakar. Des tirailleurs sénégalais, faits prisonniers par les Allemands lors de la guerre et récemment rapatriés, réclament le paiement de leur solde. Un droit qui leur était promis depuis des mois. La réponse est sanglante et d’une violence inouïe : des centaines d’entre eux sont rassemblés sur une esplanade du camp, froidement mitraillés puis jetés dans des fosses communes.
Pourtant, dès le lendemain, les autorités coloniales et militaires prétexteront une rébellion armée des tirailleurs et feront état de trente-cinq morts. Entre mensonge d’État et fraude scientifique, l’historienne Armelle Mabon mène depuis dix ans un véritable combat pour réhabiliter ces hommes et les faire reconnaître comme victimes d’un crime d’État.
À l’heure des commémorations pour les quatre-vingts ans de ce massacre, ce livre est d’autant plus nécessaire que la France s’obstine à refuser de regarder en face l’héritage raciste de la colonisation.
Chercheuse, Armelle Mabon a enseigné à l’université Bretagne-Sud. Membre du laboratoire TEMOS, elle fait aussi partie du Collectif Secret Défense. Elle mène depuis une dizaine d’années un travail de recherche sur le massacre de Thiaroye. Elle est l’autrice de Prisonniers de guerre indigènes (La découverte, 2010). La bande dessinée Morts par la France. Thiaroye 1944 (Les Arènes, 2018) dont elle a été la conseillère scientifique s’inspire largement de son combat. Elle vit et travaille à Lorient.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Amère archive", par Jean-François Laé (en ligne le 30 novembre 2024).
La durée de vie d’un mensonge d’État dépend-elle de la qualité des personnes tuées dans un lieu lointain ? Suffit-il de crier à la mutinerie pour fabriquer une histoire destinée à couvrir un massacre ? L’historienne Armelle Mabon reprend le fil de l’archive pour démonter cette machinerie.