Programme à venir.
Une table ronde en hommage à Annie Le Brun, explorant les contributions majeures de sa lecture sadienne, se tiendra le 15 mai à 17h.
Avec : Juan Manuel Ibeas Altamira, Leila Chevalley, Michel Delon, Stéphanie Genand, Marc Hersant (modérateur) et Thibault de Sade.
(entrée libre)
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Le rapport de Sade aux Lumières a souvent été interrogé, et ce au regard d’une question récurrente : que ce soit à travers la reprise d’arguments ou des collages approximatifs des textes d’autrui dans ses propres œuvres, l’auteur de Justine reste-t-il fidèle à l’héritage des Lumières lorsqu’il les mène à des conclusions qu’elles n’avaient pas forcément pensées ou souhaitées – mais vers lesquelles elles se dirigeaient malgré tout, malgré elles ? Les instrumentalise-t-il, au contraire, pour justifier des désirs ou des pratiques criminelles ? Les paramètres récurrents de la perversion et de la radicalisation suffisent-ils, du reste, à rendre compte de la "façon de penser" de Sade (dont il se montre régulièrement orgueilleux) et d’un corpus par ailleurs polymorphe ?
Pour certains, Sade reste un écrivain par excellence du XVIIIe siècle et des Lumières, en ce qu’il aurait su identifier les dérives possibles d’une modernité façonnée par ses prédécesseurs. D’autres continuent, à l’inverse, d’interroger jusqu’à son appartenance au siècle des Lumières, à un moment où l’écrivain semble avoir pourtant pleinement recouvré son ancrage contextuel, après avoir été si longuement déraciné de son terreau intellectuel.
Dès lors, l’opposition, à la fois pratique et discutée, entre Lumières radicales et Lumières modérées, permet-elle de ranger Sade à un point extrême des Lumières ? Au-delà de cette opposition, ne doit-on pas plutôt faire sortir Sade de la constellation des Lumières et le traiter comme un cas d’une singularité sans équivalent – et sans « précédent » –, sans pour autant prendre le risque de renouer avec certaines approches iconiques qui ont pu ériger Sade en concept ou en « trou noir » ahistorique de la pensée, au point d’en obscurcir la lecture même ?
Le colloque « Sade et les extrêmes Lumières » explorera essentiellement deux pistes :
1) celle de la nature du rapport de Sade aux Lumières, qu’on peut reconstruire à partir de son œuvre propre, des discours qu’il prête à ses personnages de fiction, des hommages fervents ou ambigus qu’il rend dans sa correspondance ou dans ses textes d’idées à des figures prestigieuses de la philosophie du siècle qui se termine au moment où il écrit ses textes les plus célèbres ;
2) celle d’une observation, chez les écrivains les plus excentriques, marginaux, extrêmes des XVIIe et XVIIIe siècles, d’éléments d’écriture ou de pensée suffisamment insolites pour sembler préfigurer Sade sur un point ou sur un autre. Que l'on songe ainsi à Meslier, à Dulaurens, à La Mettrie, ou encore à Chassaignon, mais aussi à des auteurs plus canoniques s’aventurant dans des territoires déconcertants, comme le Voltaire du Sermon des cinquante ou le Diderot du Neveu de Rameau.
Les spécialistes de Sade, comme ceux d’écrivains antérieurs ou contemporains, pourront ainsi dialoguer autour d’une question centrale : celle de la possibilité ou non de situer Sade dans une espèce de « tradition » d’excentricité ou d’extrémisme de l’écriture et de la pensée.
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Liste des participants :
Michel Delon (conférence inaugurale)
Jean-Christophe Abramovici
Michèle Bokobza-Kahan
Bertrand Binoche
Marc Buffat
Leila Chevalley
Yves Citton
Thibault de Sade
Serge Deruette
Colas Duflo
Nicolas Fréry
Stéphanie Genand
Marc Hersant
Juan Manuel Ibeas Altamira
Nathalie Kremer
Stéphane Lojkine
Sylvain Martin
Frédéric Mazières
Marco Menin
Elise Pavy
Jean-Christophe Revers
Luc Ruiz
Alain Sandrier
Yannick Séité
Jean-Paul Sermain
David Yvon
Caroline Warman
Mladen Kozul
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Organisateurs :
Leila Chevalley : leila.sayeg@sorbonne-nouvelle.fr
Marc Hersant : marc.hersant@sorbonne-nouvelle.fr
Nathalie Kremer : nathalie.kremer@sorbonne-nouvelle.fr
Jean-Christophe Revers : jean-christophe.revers@sorbonne-nouvelle.fr.