Journée d’étude
"La comédie musicale, entre théâtre et cinéma"
27 janvier 2025 - Université Sorbonne Nouvelle
Salle Athéna, Maison de la recherche
4 rue des Irlandais, 75005 Paris
Malgré son apparition dans le paysage des arts du spectacle internationaux il y a plus de 150 ans, la comédie musicale est un objet relativement nouveau dans le champ des analyses universitaires. Pluridisciplinaire, elle interroge les rapports entre texte, musique, performances scéniques, construction dramaturgiques, intermédialité, sociologie des publics, politiques et économie culturelles… Des historiographies sur les musicals ont déjà été rédigées (pensons aux ouvrages d’Alain Perroux[1], Patrick Niedo[2], Laurent Valière[3]) et malgré des recherches récentes portant sur la comédie musicale au cinéma (pensons aux travaux de Sylvie Chalaye et Gilles Mouëllic[4] ou encore de Fanny Beuré[5] …), trop peu d’analyses ont pour l’instant été consacrées au domaine de la « comédie musicale à la française » (dont on emprunte l’appellation à Jean-Luc Jelery[6]) et encore moins au passage de l’écran à la scène.
En France le genre pose des problèmes de définition : ses appellatifs sont pluriels ; le mode de production comme les esthétiques scéniques diffèrent, tout en les imitant, des productions de Broadway et du West end londonien ; mais surtout, la place dévolue à la chanson y est circonscrite de manière particulière. Là où les pratiques chantées et dansées du musical permettent une prolongation vocale et corporelle du parler, la comédie musicale à la française construit un écrin théâtral comme un effet dramatique autour de l’objet chanson, celle-ci devenant une scène en tant que telle, amenant Bernard Jeannot-Guérin à théoriser le spectacle musical français comme un « concert dramatique[7] » plus qu’un drame mis en musique et en chant.
Les travaux engagés par l’université Sorbonne nouvelle, l’université de Lorraine et l’université d’Angers autour de la patrimonialisation, de l’institutionnalisation et de la conservation des archives du spectacle musical français permettent d’engager une réflexion autour de la définition de ce genre : quelles sont ses frontières, ses marges, ses limites ?
Cette journée d’étude permettra non seulement d’interroger cette hétérogénéité des appellations du spectacle français, mais également de travailler sur les transfuges entre la comédie musicale au cinéma et la comédie musicale scénique, les réalisateurs qui deviennent des metteurs en scène du spectacle vivant (O. Dahan ; M. Kassovitz ; L. Chollat), la poétique de transposition (La Haine de Kassovitz), les croisements et les rencontres entre ces deux formes visuelles (l’une vivante, l’autre fixée sur la pellicule) et de travailler la plasticité d’une œuvre (Les Demoiselles de Rochefort…). Elle abordera aussi les moments de rencontre entre l’esthétique cinématographique et l’esthétique scénique (les nombreux décors désormais réalisés par / pour des modalités cinématographiques, comme le démontrent les choix scénographiques de Peparini) : comment travaille-t-on ces changements de régime ? comment réfléchir à la question du cinétique ? quelle place occupe la chanson dans ce travail de changement de régime, de croisement, de transposition ?
[1] Perroux Alain, La Comédie musicale mode d’emploi, Paris, Premières Loges, 2009.
[2] Niedo Patrick, Histoire de comédies musicales, Paris, Ipanema/Marque-pages, 2010.
[3] Valière Laurent, 42e rue, la grande histoire des comédies musicales, Paris, Marabout, 2018.
[4] Chalaye Sylvie et Mouëllic Gilles, Comédie musicale : les jeux du désir. De l’Âge d’or aux réminiscences, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008.
[5] Beuré Fanny, That’s Entertainment ! , Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2019 ; Beuré Fanny et Sandeau Jules, Fred Astaire : le dandy dansant, Paris, Sorbonne Université Presses, 2024.
[6] Jelery Jean-Luc, Le Musical, propos sur un art total, Marcoussis, Beslon, 2011.
[7] Jeannot-Guérin, Bernard, La Comédie musicale à la française : de l’opéra-rock à l’opéra urbain, Presses universitaires de Provence, 2024, p. 155.
Organisation et partenaires
Théâtrothèque Gaston Baty, IRET (Université Sorbonne Nouvelle), IRMÉCCEN (Université Sorbonne Nouvelle), LIS (Université de Lorraine), Association des Amis de la Théâtrothèque Gaston Baty.
Comité scientifique
Bernard Jeannot-Guérin, Catherine Rudent, Damien Hamard, Céline Hersant.
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Programme
La comédie musicale, un genre en transition
9h30 - Introduction
Bernard Jeannot-Guérin (Université de Lorraine), Damien Hamard (Université d’Angers),
Céline Hersant & Catherine Rudent (Université Sorbonne Nouvelle)
9h45 - Entre disques, scènes et écrans, la chanteuse réaliste Damia dans Sola (1931)
Laurent Guido (Université Sorbonne Nouvelle)
10h15 - Folies-Bergère (Un soir au music-hall), Henri Decoin, 1957 : entre music-hall et comédie musicale
Raphaëlle Moine & Romain Piana (Université Sorbonne Nouvelle)
10h45 - Discussion
11h - Pause
11h15 - Voyage à travers les programmes du Fonds Crépineau de la Théâtrothèque Gaston-Baty : comédies musicales, musicals et music-halls
Isabelle Champion (Compagnie Nationale des Experts)
11h45 - Spectacles musicaux adaptés de films d’animation Disney : transferts médiatiques de mondes en-chantés
Fanny Beuré (Université de Lorraine)
12h15 - Discussion
12h30 - Pause déjeuner
La comédie musicale à la française : côté plateau, côté coulisses
14h - De l’hétérogénéité de la comédie musicale en France : essai de typologie
Bernard Jeannot-Guérin (Université de Lorraine)
14h30 - La comédie musicale en France : réseaux de formation, productions et imaginaires
Entretien avec Alexandre Raveleau, journaliste, auteur, producteur, membre de l’AICOM
animé par Bernard Jeannot-Guérin, Catherine Rudent, Damien Hamard et Céline Hersant
15h30 - Discussion
15h45 - Pause
16h - Table ronde artistes
Pierre-Arthur Lemoine, Alexandre Jérôme, artistes de comédie musicale à la française
Échange animé par Bernard Jeannot-Guérin17h - Discussion
17h15 - Moment convivial