Édition
Nouvelle parution
Aglaé-Marie-Louise de Choiseul-Gouffier, Mémoires. Sur les routes de l’émigration

Aglaé-Marie-Louise de Choiseul-Gouffier, Mémoires. Sur les routes de l’émigration

Publié le par Marc Escola

Aglaé-Marie-Louise de Choiseul-Gouffier (1772-1861), épouse de Marie-Casimir de Saulx, comte de Tavanes, et fille du célèbre duc de Choiseul, n’avait sans doute pas l’intention d’écrire ses mémoires ni pour sa postérité ni en vue d’une publication posthume. Son texte parvenu jusqu’à nous grâce à une première édition de 1934 mérite toutefois de trouver sa place parmi les mémoires féminins rédigés pendant la première moitié du dix-neuvième siècle. Intitulé Mémoires de la Duchesse de Saulx-Tavanes. Sur les routes de l’émigration, le récit immerge les lecteurs dans le passé de l’émigration.

L’auteure relate les illusoires aspirations de la noblesse à un maintien de la monarchie, évoque le spectre de la mort sur l’échafaud ou le champ de bataille, et retrace ses multiples pérégrinations jusqu’à son arrivée à Saint- Pétersbourg. Là, elle critique la facticité de la Cour impériale russe où elle est pourtant accueillie avec bienveillance et pose un regard las sur les intrigues politiques et les jeux de pouvoir. Mais au-delà de ces thématiques, ses souvenirs suivent les méandres d’une catastrophe dont les conséquences sur sa vie de femme perdurent bien au-delà de l’expérience de l’émigration.

La duchesse nous convie ainsi à une double lecture de ses Mémoires : la première relativement limitée propose un mode de narration descriptive sur les tribulations de l’émigration et un chapitre de l’histoire de la noblesse française; la seconde, plus secrète, plus discrète mais plus profonde et intime, révèle l’omniprésence de la dimension émotive d’un récit marqué par le désenchantement et la mélancolie.

Édition critique par Michèle Bokobza Kahan, professeure de littérature française au département de Littérature à l’Université de Tel-Aviv.