Pour une traduction in(ter)disciplinaire. Détournements expérimentaux sur le seuil du transfert. Avec Lily Robert-Foley (Aix-Marseille, en ligne)
Le collectif jeunes chercheuses Frontières AMU (Frontières | Collectif interdisciplinaire de jeunes chercheur∙e∙s) a le plaisir de vous convier au cycle de séminaires "Seuils in(ter)disciplinaires : une exploration méthodologique de l’indisciplinarité", un projet financé par le CIELAM et lauréat de la Mission Interdisciplinarité(s) d'AMU.
La troisième séance aura lieu le 27 janvier prochain à la Maison de la Recherche (salle 2.44 et en visioconférence) et s'intitule "Pour une traduction in(ter)disciplinaire. Détournements expérimentaux sur le seuil du transfert".
Au cours de cette dernière, la poétesse et traductrice Lily Robert-Foley présentera sa dernière monographie Experimental Translation. The Work of Translation in the Age of Algorithmic Production et animera un atelier de traduction expérimentale.
La conférence
Avec l’avènement et l’implémentation de la traduction automatique, Robert-Foley entrevoit le potentiel d’une nouvelle approche de la pratique traductive, capable de détourner la doxa traditionnelle de la traductologie, reposant sur le paradigme de la fidélité et de la reproduction. S’inspirant de pratiques artistiques qui mobilisent l’écriture automatique ou des outils technologiques et électroniques, dans sa monographie Experimental Translation, Robert-Foley qualifie cette approche d’« experimental ». Combinant perspective transculturelle, traductologique et littéraire, elle interroge l’impact de la traduction automatique sur le langage en tant que production humaine. En effet, en s’appuyant sur d’autres unités de mesure (telles que les tokens), la traduction automatique défie l’idéologie structuraliste du langage et sa conception du signe linguistique, fondée sur le principe du transfert (d’un signifiant à un signifié). Parallèlement, elle rend l’acte traductif plus tangible, en le libérant de l’idée d’une reproduction invisible (Venuti, 1995) et valorisant sa dimension poïétique plutôt que mimétique.
En se référant aux sept procédés de traduction théorisés par Vinay et Darbelnet (1958), Robert-Foley en déconstruit les implications nationalistes et essentialistes, ainsi que le postulat du mouvement biunivoque du processus traductif, pour proposer une vision critique et créative de ce dernier. Dans cette nouvelle approche, la traduction s’accorde le droit à l’erreur, à la faillite (Halberstam, 2011), à la bizarrerie et à l’imprévisible. Alors, l’emprunt n’est plus une dette et le calque n’est plus une protection contre la contamination linguistique, ni une quelconque forme de reproduction. La traduction littérale et la transposition ne sont plus envisagées comme un processus de retranscription et de régulation normative. L’équivalence et la modulation n’exécutent plus la légitimation du critère de fidélité. Tous ces procédés deviennent, au contraire, un moyen de transcréer ou de souligner le déréglement et le somatique de la parole.
L'atelier (sur inscription) Tickets : Atelier de Experimental Translation avec Lily Robert-Foley - Billetweb
En accompagnement de sa monographie, Robert-Foley fournit aux lecteurs le Handbook of Translation Procedures. Dans ce dernier, on retrouve un guide avec des suggestions pour la mise en pratique des procédés traductifs étudiés dans la monographie, et les résultats créatifs atteints par l’écrivaine. Le Handbook à la main, lors de notre atelier itinérant nous ferons prendre corps et forme aux procédés, apportant ainsi notre contribution aux expériences de l’Experimental Translation.