Gestes et processus dans les arts de la marionnette, 2 : Gestes scénographiques: au-delà des gestes de manipulation, figurer autrement (Strasbourg)
Mercredi 29 janvier 2025
La Misha, salle de conférence
9h00-9h15 : accueil café
Ouverture
> 9h15-9h30 : remerciements, mot d’ouverture
Marie Garré-Nicoara, maîtresse de conférences (Université d’Artois)
Oriane Maubert, maîtresse de conférences (Université de Strasbourg)
Shirley Niclais, maîtresse de conférences (Université de Poitiers)
Gauthier Bazelle, directeur-adjoint du Pôle International de la Marionnette Jacques-Félix
> 9h30-10h00 : Introduction scientifique/Research scientific introduction
Marie Garré Nicoara, Oriane Maubert et Shirley Niclais
Session 1 – Immenses plateaux pour la marionnette/Huge stages for puppetry
Modération : Oriane Maubert
> 10h00-11h00 : Dialogue : des espaces qui s’animent/Dialogue : spaces that come alive
Aurélien Bory, metteur en scène de la Compagnie 111, directeur du théâtre Garonne – scène européenne & Aurélie Coulon, maîtresse de conférences en Arts du Spectacle (Université de Strasbourg)
> 11h00-11h30 : La marionnette comme lieu/Puppet as a place
Renaud Herbin, marionnettiste, directeur de la Compagnie l’Étendue
La relation intime à l’abstraction de l’espace et de la matière laisse la figure se maintenir sur le seuil de la vie et de l’animation. Penser la marionnette c’est déceler la relation à son milieu. Comment la fabrique de l’espace de la scène, comme une image en transformation, devient-elle un phénomène qui amplifie ce que peut la marionnette : nous mettre en lien avec le lieu des origines, connecter ce qui est vu avec un hors champ à deviner ? La matière s’anime à partir du lieu et l’énigme apparaît, qu’il ne s’agit pas de résoudre mais bien de déchiffrer.
The intimate relationship with the abstraction of space and material keeps the figure on the threshold of life and animation. Thinking about puppetry means identifying its relationship to its environment. How does the manufacturing of stage space, like an image in transformation, become a phenomenon that amplifies what puppetry can do: to connect us with the place of origins, to connect what is seen with an off-screen to be guessed at? The material comes to life from the place, and the enigma appears, not to be solved but to be deciphered.
> 11h30-12h00 : échanges
12h00-13h45 : déjeuner
Session 2 – La maquette, l’atelier : penser l’espace scénique dans la perspective de la marionnette/The model, the manufacturing workshop: thinking about stage space from the puppetry’s perspective
Modération : Léa Romoli, doctorante,
attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche (Université de Strasbourg)
> 13h45-14h45 : Dialogue : fabrique d’une scénographie marionnettique/Dialogue : to create a scenography for puppetry
Nicolas Saelens, metteur en scène, directeur de la Compagnie Théâtre Inutile, président de THEMAA & Antoine Vasseur, scénographe
Il s’agira ici d’un dialogue sur le processus de fabrication d’une scénographie et la conception de marionnettes. Partant du principe que la marionnette est un art de la contrainte, comment la conception d’une scénographie peut-elle y répondre ? Et par ricochets, comment la pensée d’une scénographie peut-elle engendrer les formes marionnettiques ?
This is a dialogue about the process of making a scenography and designing puppets. Starting from the idea that puppetry is an art of constraint, how can scenography design respond to this? And how can scenographic thinking give rise to puppet forms?
> 14h45-15h00 : échanges
15h00-15h15 : pause
> 15h15-15h45 : Matérialité, construction et espaces des marionnettes en jeu : études de cas du théâtre de marionnettes polonais contemporain/Performing puppet materiality, construction and space: case studies from the Polish Puppet Theatre
Marzenna Wiśniewska, Professeure (Université Nicolaus Copernicus, Toruń)
L’objectif de cette communication est de porter un regard sur une sélection de phénomènes présents dans le théâtre de marionnettes polonais, révélant trois types de gestes récurrents dans les arts de la marionnette : 1. La sélection de matériaux comme point de départ de la performance marionnettique, 2. Une recherche d’innovation dans la construction de marionnettes, 3. Le jeu en scène et le concept d’espace théâtral. À la lumière de ces sujets, j'aimerais aborder des thèmes tels que les assemblages de marionnettes, l'espace hanté des marionnettes et la marionnette en tant qu'espace de réception.
The aim of this paper is to discuss selected phenomena in Polish puppet theatre, illustrating three gestures in the art of puppet theatre: 1. the selection of material as a source of ideas for puppet performance, 2. the search for innovation in puppet construction, 3. the play with the theatre stage and the concept of space. In the light of these topics, I would like to take up themes such as puppet assemblages, haunted puppet space, and puppet as reception space.
> 15h45-16h15 : Transformer le canon : la boîte du vertep comme un tremplin de résistance artistique pour les marionnettistes ukrainien·es de l’ère soviétique/Transformation of the canon: the space of the vertep chest as a platform for artistic resistance by Ukrainian puppeteers of the soviet era
Daria Ivanova-Hololobova, docteure en Arts du Spectacle, présidente de l’Unima Ukraine, enseignante-chercheuse (Université de Théâtre, Cinéma et Télévision de Kiev I.K Karpenko Kary, et Université Heinrich Heine de Düsseldorf)
Cette communication analyse l’espace scénique de la Nativité traditionnellement mis en scène dans le théâtre de marionnettes ukrainien dit « vertep » dans les contextes de censure idéologique mis en place par les autorités soviétiques d’une part, et de résistance culturelle des marionnettistes ukrainien·nes, d’autre part. Il est question de la narration politique au sein du théâtre de marionnettes, en particulier par la manière dont cet espace canonique pour la marionnette peut être réinterprété afin de refléter les changements socio-politiques de la société contemporaine. Des exemples issus des théâtres de marionnettes de Khmelnytskyi et de Poltava du metteur en scène ukrainien Leonid Popov seront analysés.
The presentation will explore the space of the traditional nativity scene in Ukrainian puppet theatre (« vertep ») in the circumstances of ideological censorship by the Soviet authorities and cultural resistance of Ukrainian puppeteers. It raises the question of political narrative in puppetry, in particular how the canonical puppetry space can be reinterpreted and used to reflect socio-political moods in society in modern times. To analyse the proposed topic, examples from the performances of the puppet theatres of Khmelnytskyi and Poltava by the Ukrainian director Leonid Popov are offered.
> 16h15-16h30 : échanges
16h30-16h45 : pause
> 16h45-17h45 : Dialogue : « Un spectacle aussi populaire qu’une baraque à frites ! » : reconfigurations de la création Les Pieds Nickelés en vadrouille/Dialogue : « A play as popular as a French fry bar ! » : resetting of the play « The nickle-plated feet on the road »
Emmanuelle Ebel-Jost, docteure en Arts du Spectacle & Grégoire Callies, marionnettiste, metteur en scène, directeur du Théâtre du Chemin Creux
Le processus de fabrication du spectacle Les Pieds nickelés en vadrouille de Grégoire Callies est marqué par de multiples reconfigurations scénographiques en fonction des dimensions économiques, humaines, politiques et artistiques du projet mais aussi des perspectives de l'artiste selon ses identités de créateur, de directeur de compagnie, de partenaire d'un lieu puis de directeur d'un CDN. Il s'agit de penser comment les rôles et environnements impactent la façon de penser l'espace scénique.
The manufacturing process of Grégoire Callies' show Les Pieds nickelés en vadrouille is marked by multiple scenographic reseting, depending on the project's economic, human, political and artistic dimensions, as well as the artist's perspectives in terms of his identities as creator, company director, partner of a venue and then director of a CDN. The aim is to consider how roles and environments impact on the way we think about stage space.
> 17h45-18h00 : échanges
18h00 : fin de la journée, dîner pour les communicant·es
Jeudi 30 janvier 2025
La Misha, salle de conférence (matin)
salle Büchner (après-midi)
9h00-9h30 : accueil café
Session 3 – Infra-espaces : la boîte, le dos de la main, la très petite scène/Infra-spaces : the box, the back of the hand, the very little stage
Modération : Oriane Maubert
> 9h30-10h00 : Le foyer : scènes migratoires, marionnettistes migrant·es et la création de micro-foyers pour la marionnette/Home: migrant stages, migrant puppeteteers and the creation of micro-puppet homes
Cariad Astles, Maîtresse de conférences (Université d’Exeter et Royal Central School of Speech and Drama de Londres)
Les scénographes construisent des espaces pour marionnettes qui deviennent leurs « foyers », adaptés à leurs besoins techniques spécifiques et aux exigences de ce type de jeu. Ces espaces évoquent des mondes, des « foyers » habités par les marionnettes (Orenstein, 2023), qui sont souvent inspirés par des pratiques traditionnelles mais transposées aux exigences pratiques et sociales : les marionnettes à gaine et à tringle dans le castelet, les ombres sur un écran, les marionnettes de table sur une surplace plane, etc. Aujourd’hui, il existe une multitude de façons pour créer ces « foyers » pour marionnettes, que l’on trouve sur les scènes à travers le monde. Mais que devient ce « foyer » lorsque les marionnettistes migrant·es et réfugié·es sont contraint·es de voyager à la recherche de nouvelles maisons, laissant souvent derrière elleux non seulement leurs propres maisons, mais aussi celles de leurs marionnettes ? Cette
communication explorera la manière dont les marionnettistes migrant·es utilisent des espaces limités et minuscules pour rappeler, évoquer et questionner ce « foyer » pour les marionnettes comme pour elleux-mêmes, et pour développer de nouveaux « gestes » et terminologies nécessaires à leur travail au plateau.
Scenographers build stages for puppetry, which become their « homes », adapted to their particular technique and performance requirements. These stages evoke worlds, or « homes » which the puppets inhabit (Orenstein 2023). They are often drawn from traditional practices, but frequently adapted to practical and social requirements. Glove and rod puppets traditionally inhabit a booth, shadow puppets a screen, table-top puppets a surface, and so on. There are now a multitude of potential and actual performance « homes » for puppets used in design and spectacle in global contexts. But what becomes of the « home » when migrant and refugee puppeteers are forced to travel in search of new homes, often leaving behind not only their own homes, but the designed and performed homes of their puppets? This presentation will explore how migrant puppeteers use limited and tiny spaces to recall, evoke, question and establish questions of « home » for both puppets and themselves, and to develop new « gestures » and terminologies of design and concept within their performance work.
> 10h00-10h30 : Le corps augmenté : formes hybrides de mécatronique dans le théâtre de Marta
Cuscunà/The augmented body : hybrid forms of mechatronics in Marta Cuscunà's puppet theater
Francesca Di Fazio, docteure en Arts du Spectacle (Université Paul-Valéry Montpellier3), postdoctorante (Université de Bologne)
Dans la collaboration entre la marionnettiste italienne Marta Cuscunà, la scénographe Paola Villani et l’assistant Marco Rogante, la construction de marionnettes constitue la scénographie elle-même. Après avoir défini l’idée du spectacle, des prototypes sont créés, toujours étroitement liés au sens dramaturgique des pièces. Manipulées à distance via des joysticks, ils·elles construisent des marionnettes animatroniques qui brouillent les frontières entre corps humain et mécanique, créant un corps « augmenté ».
In the collaboration between Italian puppeteer Marta Cuscunà, scenographer Paola Villani and assistant Marco Rogante, the manufacturing of puppets constitutes the scenography itself. After defining the main goal of the show, prototypes are created, always closely linked to the dramaturgical meaning of the plays. Manipulated remotely with joysticks, they build animatronic puppets that blur the boundaries between human and mechanical bodies, creating
an « augmented » body.
> 10h30-10h45 : échanges
10h45-11h00 : pause
Session 4 – Scénographies immatérielles : de la lumière aux projections, les limites de l’espace floutées/Immaterial scenographies : from light to projections, blurring the boundaries of space
Modération : Shirley Niclais
> 11h00-11h30 : De l'extrême matérialité de la scénographie au tunnel perceptif/From the extreme materiality of scenography to the perceptive tunnel
Pauline Vanesse, doctorante en Arts du Spectacle (Universités de Lille et de Strasbourg)
La scénographie numérique dans Les ruines circulaires de David Ayoun et Esther Mollo sert d'écran entre les corps qui manipulent à vue. Au plateau, les mouvements des interprètes font apparaître sur six tablettes des avatars corporels. Dans le public, un régisseur coordonne le dispositif interactif. À la fois captation live et support d’apparitions marionnettiques en motion capture, le décor fonctionnel inhibe la progression des spectateur·ices à l’intérieur du dispositif, tout en induisant un nouvel engagement kinésique. Kaléidoscopique, la performance produit un état de corps que je propose de nommer tissu conjonctif. Par cette nouvelle acuité perceptive, l’écart entre la scène et le corps spectatoriel s’incarne : l’espace « comme trait caché du mouvement » (Rudolf Laban, Espace dynamique).
The digital scenography in David Ayoun and Esther Mollo's Les ruines circulaires (« The circular ruins ») acts as a screen between bodies that manipulate on sight. On stage, the performers' movements make visible body avatars on six tablets. In the audience, a stage manager coordinates the interactive system. Both a live recording and a support for motion capture puppeteering appearances, the functional scenography inhibits spectators' progress inside the system, while inducing a new kinesic engagement. Kaleidoscopic, the play produces a state of the body that I propose to call connective tissue. With this new perceptive acuity, the gap between the stage and the spectator's body embodies: space « as a hidden feature of
movement » (Rudolf Laban, Espace dynamique).
> 11h30-12h00 : Comment la scénographie immatérielle et le cadre de la « Miniature Box » peuvent-ils redéfinir les perceptions spatiale et narrative du théâtre de marionnettes ?/How can immaterial scenography and the « Miniature Box » framework redefine spatial perception and narrative in puppetry?
Niall Fallon, artiste physique et marionnettiste
Cette communication utilise comme étude de cas la création Tracing Spaces de Niall Fallon en tant que scénographie immatérielle, explorant la façon dont les projections en direct, les miniatures et les perspectives multiples de la caméra redéfinissent les perceptions spatiale et narrative. Il s’agit d’examiner le cadre de la « Miniature Box », brouillant l'avant-scène et l'arrière-scène pour positionner la marionnette comme un lieu de tromperie visuelle et de résonance émotionnelle. En déconstruisant les mécanismes théâtraux, cette pièce interroge la
manière dont la marionnette peut approfondir l'engagement, en se concentrant sur le concept
de « l'extérieur qui entre ».
The paper uses my project Tracing Spaces as a case study in immaterial scenography, exploring how live projections, miniatures, and multi-camera perspectives redefine spatial perception and narrative. It examines the « miniature box » framework, blurring front stage and backstage to position the puppet as a site of visual trickery and emotional resonance. By deconstructing
theatrical mechanics, it interrogates how puppetry can deepen engagement, focusing on my
concept of « the outside coming in ».
> 12h00-12h15 : échanges
12h15-14h00 : déjeuner
Session 5 – Laboratoires scénographiques : gestes et processus à l’essai/Scenographic laboratories gestures and processes on trial
> 14h00-15h00 : Atelier : Au laboratoire du feu/In the fire lab
Rafi Martin, marionnettiste, anthropologue-sociologue
Cet atelier propose une entrée dans une recherche artistique en cours autour du feu, questionnant 400 000 ans d'échanges avec cet élément, et enquêtant auprès de gestes artisanaux, de refuge de la rêverie et du pouvoir transformateur de la cuisson. Ce laboratoire convie les participant·es à invoquer cet élément, à retrouver sa capacité d'action et d’accompagnement à penser, particulièrement dans une région où la singularité de certains feux en activité permet une recherche de terrain qu'il faut ensuite transposer au plateau où conserver la performativité de la matière est un défi.
This workshop offers an introduction to an ongoing artistic investigation into fire, questioning 400,000 years of exchanges with this element, and investigating artisanal gestures, the refuge of daydream and the transformative power of firing. This laboratory invites participants to invoke this element, to rediscover its capacity to act and accompany thought, particularly in a region where the singularity of some active fires enables field research that must then be transposed to the stage, where preserving the material's performativity is a challenge.
15h00-15h30 : échanges
15h30-16h00 : pause
16h00-17h00 : Atelier : Nos choses fragiles, au fil d’une création/Our fragile things, in the creation process
Laura Elands, marionnettiste, Théâtre de l'Heure Bleue
Rencontre et atelier de feutrage. À l’orée d’une nouvelle création entre arts de la marionnette et arts textiles, Laura Elands vient partager ses interrogations et son processus de travail : comment se vit la vulnérabilité ? Sommes-nous capables de l'accueillir ? Au centre, une marionnette se fait traverser par tout ce qui l'entoure, par les impressions de son environnement. Elle est un « tableau vide » sur lequel vient s'exprimer le monde et elle peut être considérée comme faisant partie de l'espace scénographique. Comment interagir avec ce corps-espace ?
Meeting and felting workshop. On the eve of a new creation combining puppetry and textile arts, Laura Elands shares her questions and her work process: how is vulnerability experienced? Are we capable of welcoming it? In the center, a puppet is moved by all that surrounds it, by the impressions of its environment. It is an “empty painting” on which the world expresses itself, and can be considered part of the scenographic space. How do you interact with this body-space?
17h00-17h30 : échanges
17h30 : clôture du colloque