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Le questionnaire de Bolaño : Olivia Rosenthal, par Emmanuel Bouju (en-attendant-nadeau.fr)

Le questionnaire de Bolaño : Olivia Rosenthal, par Emmanuel Bouju (en-attendant-nadeau.fr)

Publié le par Marc Escola

Le Questionnaire de Bolaño : Olivia Rosenthal

par Emmanuel Bouju (en ligne le 18 mars 2025)

Régulièrement, EaN interroge un écrivain d’une manière originale, suivant son désormais bien connu « Questionnaire de Bolańo ». Manière savante, décalée, intime et humoristique de plonger dans son univers, de découvrir la constellation de ses lectures, de ses goûts, de sa manière d’envisager le monde, l’écriture, la lecture et la vie.

Quel est le premier mot qui vous vient à l’esprit ?

Pantoufle, le mot qu’une femme étrangère dans une situation précaire a prononcé pour moi, quand, dans le cadre d’un entretien que je faisais sur les usages du français par ceux et celles qui ont une autre langue maternelle, je lui ai posé la même question. J’ai toujours cru que « pantoufle » avait une étymologie turque. Mais après vérification, j’ai constaté que je confondais avec sofa (ou divan). Toujours est-il que vivre à l’intérieur repose.

Quelle est la différence entre ce mot et le mot « écrivain » ? 

L’un est la métonymie de l’autre. On imagine aisément que les écrivains écrivent en robe de chambre et en pantoufles et que s’établit donc entre leur costume et leur texte une relation de contiguïté. Vous aurez compris que l’image de l’écrivain aventurier et voyageur qui circule dans le monde entier pour extraire une anecdote sur les paysages, les mœurs exotiques et les indigènes a le don de m’énerver. Regarde ce que tu as sous les yeux. Et si tu as la chance de posséder des pantoufles, pense à tous ceux et à toutes celles qui marchent pieds nus dans des lieux indifférents ou hostiles, et qui rêveraient d’en posséder.

Qu’est-ce que la littérature française ?

Une aventure multiple dans laquelle il s’agit, soit de triturer le français pour lui faire rendre gorge (Rabelais), soit de se plier encore et toujours aux bonnes vieilles recettes du roman réaliste (personnages, situation, conflit, quête et résolution).

Marcel Proust, Claude Simon ou Annie Ernaux ?

Marcel Proust, parce que je l’ai lu à vingt ans, et Annie Ernaux parce que je l’ai lue à quarante. J’aime les chiffres ronds, de manière complètement arbitraire. […]

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