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La Littérature à l'oblique : dernières séances et clôture du séminaire

La Littérature à l'oblique : dernières séances et clôture du séminaire

Publié le par Aurore Turbiau (Source : Aurore Turbiau)

Les trois prochaines séances du séminaire "La littérature à l'oblique" auront lieu les 10 avril 2025, 14 mai et 27 juin. La séance du 27 juin clôturera deux ans et demi de séminaire, pour une mise en pause temporaire de ses activités ; elle sera l'occasion de réunir quelques-unes des personnes intervenues depuis 2023.

Les séances d'avril et de juin seront au format hybride ; celle de mai ne peut se faire qu'en présentiel. Dans tous les cas, les inscriptions sont nécessaires : chaque séance a son propre lien d'inscription.

JEUDI 10 AVRIL 2025 : De l'écriture lesbienne à la théorie lesbienne : Djuna Barnes et Jane Bowles

Salle DO40, 18h-20h

Interventions de Margaret Gillespie (Université de Franche-Comté Marie et Louis Pasteur) et Amy Wells (Université Caen Normandie)

Djuna Barnes (1892-1982) et Jane Bowles (1917-1973) sont deux écrivaines modernistes américaines dont l'œuvre pourrait être qualifiée de queer — dans tous les sens du terme : en partie auto-fictionnels, les écrits de Barnes et de Bowles se caractérisent par une représentation plutôt osée de l'homosexualité féminine et un style littéraire étrange, déroutant et souvent drôle.

Mais si Bowles s'est autoproclamée "Crippie the Kike Dyke" en référence à son identité de gouine juive et boiteuse, Barnes était formelle : "Je ne suis pas lesbienne, j’ai aimé Thelma et c’est tout" ("I’m not a lesbian, I just loved Thelma").

Notre séance se demandera en quoi leurs écrits et leur écriture sont (ou ne sont pas) "lesbiens".

Veuillez vous inscrire à ce lien.

MERCREDI 14 MAI : Traduire pour rompre le contrat hétérosexuel

Salle D323 − Discussion et atelier de traduction féministe et queer

Interventions de Lily Robert-Foley (Université Paul Valéry à Montpellier) et Heta Rundgren (Sorbonne Université)

“An anthropologist might say that we have to wait for fifty years.” / “Un anthropologue dira qu’il faut attendre cinquante ans.” Monique Wittig (1978 / 1980 / 2001)

Presque 50 ans se sont écoulés depuis que Monique Wittig livre à New York son analyse de la “question du langage”, “champ politique important”. Elle déclare qu’il est possible de rompre le contrat hétérosexuel et rendre lisible la pensée straight. Qu’en dites-vous ? Quelque chose aura changé dans les pratiques linguistiques et langagières depuis ? Quelque chose qui nous permet d’espérer qu”’il s’opère [...] des glissements” dans “les systèmes qui paraissaient si universels et éternels” ?

Proposant un aperçu des perspectives qu’offrent les pratiques de traduction féministes et queer pour chacune de nous, les intervenant·es de cette séance partiront de leurs savoirs et pratiques situées. Heta traduit de la théorie féministe entre le finnois, le français et l’anglais tout en menant des interventions postnormâles entre la littérature et les études de genre. Actuellement, elle traduit La pensée straight envers le finnois, d’où le choix du texte pour cette séance. Lily étudie la traduction expérimentale à travers des lectures et des pratiques de recherche-création en atelier (individuel et collectif), et songe à explorer un entre-deux potentiel et actuel entre la recherche-création et une critique de la pensée straight. Le projet qui hante sa tête en ce moment tourne autour de l’erreur et ses dérives errantes, tant sur le plan linguistique (entre les langues) que technologique mais aussi morale, éthique et politique. Lors de la séance, un premier temps d’entretien entre Lily et Heta sera suivi par une discussion collective et un temps d’atelier de traduction créative, plurilingue, peut-être même ludique.

Veuillez vous inscrire à ce lien.

VENDREDI 27 JUIN : Bisexualités en littérature

Salle D040

Interventions de Camille Islert (ENS Lyon) et d'Aurore Turbiau (Université de Lausanne)

Camille Islert. La littérature de la fin du XIXe siècle ne manque pas de personnages qu’on qualifierait aujourd’hui de bisexuels. Les romans fin-de-siècle abordant la question du saphisme mettent bien souvent en scène des personnages féminins entretenant des relations avec des hommes et des femmes – qu’on pense par exemple à Madame Adonis (Rachilde) ou Les Demi-sexes (Jane de la Vaudère). Au tournant 1900, alors que Colette revendique une bisexualité flamboyante mais non sans ambiguïtés, Paul Verlaine publie Hombres , pendant masculin à ses Amies de 1868. La catégorie de la bisexualité comme orientation sexuelle n’existe pourtant aucunement dans sa définition contemporaine. Nourrie des théories de l’inversion sexuelle , la pensée du bisexuel au XIXe siècle est indissociable d’une pensée du bisexué. Cette porosité est par ailleurs aux prises, en littérature, avec la proclamation par la modernité d’un Sublime créateur visant à la jonction des qualités supposément masculines et féminines, qui renforce la pensée de la différence sexuelle au moins autant qu’elle tache de la subjuguer. On s’interrogera, dans cet entrelacs contextuel qui s’ajoute aux difficultés théoriques que pose en elle-même un telle catégorie, sur la possibilité de penser une production littéraire bisexuelle au XIXe siècle.

Aurore Turbiau présentera la manière dont certaines autrices de la cause des femmes, au cours des années 1970-1980, parlent de bisexualité. Elles se situent parfois elles-mêmes en tant que bisexuelles, pou rejettent au contraire la notion, ou la considérent avec la distance vouée à une notion historiquement chargée, apparemment mal rattachée aux enjeux féministes et lesbiens les plus visibles de la période. Hélène Cixous, Christiane Rochefort, Jocelyne François entretiennent des rapports complexes avec ce concept ; comprendre ce qui s'y articule permet, notamment, d'éclairer d'une manière neuve l'histoire des liens entre théories féministes et théories queer.

Veuillez vous inscrire à ce lien.

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Pour rappel : l'argument-cadre du séminaire, ainsi que l'historique des séances et les informations pratiques pour chacune, sont disponibles sur le site de Philomel : https://philomel.hypotheses.org/la-litterature-a-loblique