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Cours d'été de l'Institut d'histoire de la Réformation (Genève)

Cours d'été de l'Institut d'histoire de la Réformation (Genève)

Publié le par Marc Escola (Source : Secrétariat de l'IHR)

Chaque année au mois de juin, l'IHR organise un cours d'été intensif à l'intention d'étudiant-es diplômé-es (MA), candidat-es au doctorat ou déjà postgradué-es en histoire, histoire des religions, théologie, philosophie ou littérature. Le but de cet enseignement est de permettre aux participant-es d'approfondir leurs connaissances dans un domaine historique particulier et de se familiariser avec le traitement des sources. Une attention spéciale est portée à l'apprentissage des méthodes utilisées dans l'étude de l'histoire intellectuelle.

Les cours d'été 2025 auront lieu du 2 au 14 juin 2025. La première semaine, du 2 au 6, sera consacrée à la thématique suivante : "Œuvrer pour la Moisson. Construction et diffusion des groupes évangéliques à l’époque de la Réforme". Les enseignements seront donnés en français par Daniela Solfaroli Camillocci et Nathalie Szczech. La deuxième semaine, du 10 au 14 juin, sera consacrée au sujet "Les 'Bastions de l’Évangile': Les villes et la Réforme au XVIe siècle". Les enseignements seront également donnés en français, par Paul-Alexis Mellet et Ueli Zahnd.

Chaque cours est donné du lundi au vendredi de 9h à 17h. En général, les journées se déroulent de la manière suivante :

9h à 11h : Cours (introduction, problématisation et contextualisation de la thématique du jour, cas d’étude)

11h à 15h : Étude des sources (individuellement ou par groupe ; une brochure comportant les textes à étudier est envoyée aux participant-es un mois avant le cours d’été)

15h à 17h : Séminaire (discussion commune des sources étudiées préalablement)

Pendant la durée des cours, les participant-es ont des contacts directs avec les membres du corps enseignant de l’Institut et peuvent demander de s’entretenir avec eux de leurs recherches personnelles.

Semaine 1 – « Œuvrer pour la Moisson. Construction et diffusion des groupes évangéliques à l’époque de la Réforme »

Les enseignements seront donnés en français par Daniela Solfaroli Camillocci, professeure associée à l'Institut d'histoire de la Réformation et Nathalie Szczech, maîtresse de conférence à l'Université Bordeaux Montaigne (Département d'histoire, équipe d'accueil CEMMC)

Argumentaire
Au cours du premier XVIe siècle, dans un vaste espace francophone qui s’étend des Flandres aux vallées vaudoises des Alpes du nord et couvre le royaume de France, les territoires romands, ainsi que les marges francophones du Saint Empire romain germanique, hommes, femmes, idées et livres circulent intensément pour appeler à la réforme de l’Église. Renouvelant les modalités traditionnelles de regroupement et de piété collective (communautés monastiques et de vie semi-religieuse, confréries, oratoires et cercles spirituels), des groupes réformateurs se constituent et entrent en action dans l’espace francophone pour promouvoir une foi renouvelée par l’Évangile. Ces groupes sont touchés par les gestes de Luther et la théologie de Wittenberg, aussi bien que par le modèle des entreprises de Zwingli, des diverses actions réformatrices et mouvances théologiques dans les cantons suisses. Ce cours se propose d’étudier les dynamiques de ces groupes qui se donnent pour but de réformer l’Église dans sa doctrine comme dans ses pratiques, et au rôle qu’ils ont joué dans l’établissement des premières communautés réformées dans l’espace francophone des années 1520-1540. À partir de quelques études de cas – le conventicule de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, le cénacle de Meaux, le cercle francophone de Strasbourg ou encore les communautés vaudoises et le « groupe de Neuchâtel » – nous allons aborder les questions suivantes : comment ces groupes évangéliques se construisent-ils et qui sont leurs membres ? Quelles sont leurs pratiques et modalités d’action réformatrice vis-à-vis des autorités civiles et ecclésiastiques et des fidèles ? Quels liens de filiation, de coopération ou de concurrence entretiennent-ils et dans quelle mesure fonctionnent-ils en réseaux ? Se nomment-ils et se différencient-ils ? Quelles idées novatrices sont-elles mises en valeur dans les publications inspirées par leurs membres ou, au contraire, critiquées et dénoncées par leurs adversaires ?

Au fil des séances, nous étudierons la manière dont s’est organisé le passage de cercles de foi informels ou clandestins, dont les participant-es étaient soudé-es par des activités partagées d’oraison, de dévotion, de lecture, d’écriture, de prédication ou d’action dans l’espace public, aux premières communautés réformées, dont l’unité s’est notamment construite par des pratiques liturgiques renouvelées et progressivement institutionnalisées, que l’on mettra au jour. Nous interrogerons les trajectoires personnelles, ainsi que les modalités d’actions locales ou itinérantes. Il s’agira également d’aborder la question des modèles et contre-modèles de l’engagement collectif, de comprendre comment ces groupes se sont construits et comment ils ont ensuite été forgés par le discours de combat, tant dans des traités théologiques, des manuels liturgiques ou des sources de la pratique (correspondance, minutes de procès, etc.), que dans des écrits de dénonciation ou des publications à caractère historique (chroniques, récits des origines, etc.). En les nommant pour critiquer ou défendre l’œuvre de la Réforme, les relectures successives ont-elles contribué à définir – tout en les déformant – les identités de ces premiers groupes évangéliques, et, de ce fait, à rendre visibles ou à effacer des dynamiques réformatrices collectives ?

Semaine 2 – « Les "Bastions de l’Évangile": Les villes et la Réforme au XVIe siècle »

Les enseignements seront donnés en français, par Paul-Alexis Mellet et Ueli Zahnd, professeurs à l'Institut d'histoire de la Réformation

Argumentaire
Dans l’histoire pré-moderne, les villes représentent des structures sociales d’une complexité unique. Rassemblant en un même espace des couches sociales différentes avec des intérêts divergents, c’est dans les communautés urbaines et parmi leurs populations grandissantes que se développe depuis le Moyen Âge tardif un milieu particulièrement susceptible d’adopter la Réforme, à tel point que celle-ci a été souvent considérée comme une confession urbaine. Dans l’Empire en particulier, c’est dans les villes que l’on rencontre rapidement les idées de la Réforme, et c’est par les milieux urbains qu’elles se diffusent, grâce notamment au relais des réseaux politiques, intellectuels et commerciaux, ainsi qu’à une production littéraire spécifiquement urbaine (pamphlets, traités en langue vernaculaire, etc.). Apparaît alors un véritable zonage confessionnel urbain (par quartiers et professions), qui a retenu l’attention tant de l’histoire sociale que de l’histoire intellectuelle.

Mais les villes ne sont pas des actrices solitaires, tout comme une ville n’est pas un espace confessionnel figé : à l’extérieur, elles sont en négociation permanente avec les territoires qui les entourent, et à l’intérieur, elles représentent un lieu de tensions entre défenseurs de l’ancienne et de la nouvelle foi, tant pour l’accès aux magistratures que pour les lieux de culte et d’enseignement, les cimetières, etc. Ces tensions connaissent plusieurs niveaux d’intensité, de la simple concurrence aux violences les plus extrêmes. Ainsi, les villes sont non seulement des moteurs de la Réforme, mais elles en subissent également les conséquences ; et plus la Réforme avance et devient un enjeu politique, plus les villes sont des pions stratégiques. Les sacs et sièges de villes protestantes sont alors nombreux : Magdebourg, Münster, Malines, La Rochelle, Anvers, etc. Enfin, la ville constitue un lieu de refuge dans le cadre de tensions ou de guerres (comme Genève en 1572), voire un véritable « bastion », grâce auquel les protestants se protègent, structurent l’accueil des réfugiés et réorganisent leurs forces.

Cette deuxième semaine du cours d’été 2025 envisage de réouvrir le dossier du protestantisme dans la ville, afin d’explorer dans quelle mesure l’espace urbain est constitutif de la religion protestante elle-même. Quels sont les fondements de ce lien, supposé évident, entre villes et Réforme ? Quels enseignements tirer pour l’histoire de la Réforme, si l’on se concentre sur les acteurs urbains ? En prenant pour titre « les Bastions de l’Évangile », le cours ne fait pas seulement référence à la fameuse muraille de La Rochelle : il s’agit bien plus d’insister sur le fait que la ville, dans un cadre géographique élargi (Suisse, Saint-Empire, France, Pays-Bas), a été l’un des espaces privilégiés de l’implantation et de la diffusion du protestantisme dans toutes ses dimensions, politiques autant que théologiques, littéraires autant que sociales.

Conditions de candidature et de sélection

Les inscriptions au cours d'été 2025 sont ouvertes jusqu'au 14 avril 2025. Les candidat-es qui souhaitent s'inscrire devront remplir le formulaire disponible sur notre site internet et se munir des documents suivants :

CV à jour

Brève présentation des recherches menées

Lettre de motivation

Lettre de recommandation signée

Les candidatures seront examinées par le corps enseignant ; les candidat-es seront avisé-es de sa décision dans la semaine suivant le délai d’inscription.

L’admission à l’enseignement prend la forme de l’octroi d’une bourse de séjour résidentiel qui correspond à une prise en charge de l’hébergement en demi-pension (petit-déjeuner et déjeuner). Toutes les informations pratiques sont disponibles dans les brochures de présentation, à disposition sur notre site internet.