Essai
Nouvelle parution
Amaury De Sart, Lire avec la traduction. L'exemple de Larva. Babel de una noche de San Juan de Julián Ríos

Amaury De Sart, Lire avec la traduction. L'exemple de Larva. Babel de una noche de San Juan de Julián Ríos

Publié le par Marc Escola (Source : Librairie Droz)

En quoi la traduction participe-t-elle à la création d’une œuvre dite «originale» ? Le roman LARVA. Babel de una noche de San Juan (1984) de l’écrivain espagnol Julián Ríos permet de penser les implications poétiques de la traduction dans la fiction. Dans ce roman plurilingue, qui agrège autour de l’espagnol plusieurs dizaines de langues, la traduction s’impose comme une pratique manipulatrice et comme un mode de composition à part entière, au point de devenir un puissant symbole qui reflète et nourrit le travail de l’écrivain. Elle met également à mal nos conceptions du romanesque, qui reposent souvent sur l’idée d’une intrigue, présentée par un narrateur dans une langue d’écriture.

En raison même de sa complexité et de ses imaginaires traductifs, LARVA serait en outre un roman qui appelle la traduction (effective) plus qu’il ne la contraint : il se révèle en effet comme une épreuve de la correspondance entre les langues et comme une invitation à la traduction qui doit dépasser les concepts d’équivalence et d’équité. Aussi n’est-il pas étonnant que Julián Ríos ait recréé, avec l’aide de traducteurs, son roman en anglais et en français : création et traduction interagissent constamment au point de former les deux faces d’un même projet plurilingue.

Quels éclairages offrent alors les traductions effectives sur une œuvre littéraire conçue à la croisée des langues ? L’analyse des traductions collaboratives de LARVA, menée à l’aide des instruments de la critique et de la génétique traductives, tâche de cerner les évolutions et les visées, mais aussi les inévitables zones d’ombres d’un projet qui n’a cessé de se redéfinir sur plusieurs années.

Sommaire

INTRODUCTION

I. JULÍAN RÍOS ET LARVA 1.1 Vie et oeuvres de Julián Ríos 1.1.1 Julián sin tierra : portrait d’un déraciné 1.1.2 L’édition comme acte de résistance 1.1.3 Larva à la croisée des influences 1.2 À la découverte de Larva 1.2.1 L’argument et le fonctionnement narratif 1.2.2 Le fonctionnement sémiotique 1.2.3 Le fonctionnement intertextuel 1.3 Panorama de l’oeuvre riossienne

II. DE LA TRADUCTION DANS LA FICTION À LA CRITIQUE TRADUCTIVE 2.1 La traduction comme paradigme 2.1.1 Les représentations littéraires de la traduction 2.1.2 Récits de traduction et traductologie 2.2 Critique de Larva en traductions 2.2.1 Les enjeux d’une critique traductive de Larva 2.2.2 Les traductions collaboratives face à la génétique

PREMIÈRE PARTIE : DISCOURS DU RÉCIT DE TRADUCTION

III. AUX COMMENCEMENTS DE LARVA : PREMIÈRES LECTURES DE L’EXORDE 3.1 Aux abords de Babel : la nota supernumeraria 3.2 L’ouverture de Larva : première lecture en spirale 3.3 Lecture herméneutique 3.3.1 Le sens en réseau : approche sémiotique 3.3.2 La solidarité et la complémentarité des trois sous-récits : approche narratologique 3.3.3 De la séduction ou les enjeux de l’incipit de Larva : approche pragmatique 3.4 La traduction dans Larva 3.4.1 L’origine en question et l’esthétique du recommencement 3.4.2 La traduction plurielle

IV. TRANSLATIO IN FABULA : DE LA TRADUCTION FICTIVE À LA TRADUCTION FICTIONNALISÉE 4.1 Les Notas de la almohada comme traduction fictive 4.1.1 Traduire au bord de l’abyme 4.1.2 De l’accréditation à la falsification 4.1.3 Les notes du traducteur ou la traduction révélée 4.2 Larva et la traduction fictionnalisée 4.2.1 Lost in translation 4.2.2 Un cas particulier d’herméneutique fictionnalisée 4.2.3 Sous l’invocation de Cervantes : la traduction a toujours déjà commencé

V. TRANSFERRE IN FABULA : LE TRAVAIL DE LA TRADUCTION 5.1 Una juerga de jergas : panorama de l’hétérolinguisme de Larva 5.1.1 Larva à la lumière du modèle gravitationnel 5.1.2 Les procédés hétérolingues 5.2 Les forces traductives 5.2.1 La traduction explicative 5.2.2 Le transluding ou la traduction comme jeu 5.2.3 Un cas particulier de transluding : la traducson 5.2.4 Les implications du travail de la traduction 5.3 Les langues en miroir 5.3.1 L’écriture translémique 5.3.2 La traduction comme medium : de la réalité multilingue à la poétique traductive 5.3.3 Portrait du lecteur en traducteur 5.4 L’érotisme et la libido translationis 5.4.1 Écriture donjuanesque et libido translationis 5.4.2 La traduction intralinguale et la stratégie du voilement 5.5 L’écriture en métamorphoses : la transmutation 5.5.1 Les limites de la transmutation 5.5.2 Transmutations in absentia et in praesentia

DEUXIÈME PARTIE : POUR UNE CRITIQUE DES TRADUCTIONS COLLABORATIVES

VI. PRÉSENTATION DU CORPUS ET DES TRADUCTEURS 6.1 Le corpus 6.2 La traduction américaine 6.2.1 Le contexte éditorial et traductif aux États-Unis 6.2.2 L’expérience formatrice de Tres tristes tigres 6.2.3 Richard Alan Francis sur les pas de Suzanne Jill Levine 6.3 La traduction française 6.3.1 Le contexte éditorial et traductif en France 6.3.2 Denis-Fernandez-Récatala, l’engagement par les lettres

VII. LECTURE CRITIQUE EN TRADUCTIONS 7.1 Macroniveau 7.1.1 Lectures transversales de Larva 7.1.2 Macrostructure en traductions 7.2 Analyse de l’incipit en traductions 7.3 Microniveau : lectures comparatives 7.3.1 Le cadre interprétatif 7.3.2 L’analyse des extraits 7.4 Comparaison des projets traductifs

VIII. DANS L’ATELIER DES TRADUCTEURS 8.1 Les enjeux d’une critique génétique de Larva en traductions 8.1.1 Présentation du dossier génétique 8.1.2 Une question de perspective : endogénèse vs exogénèse