[ Mouvement contre la précarité à l'ENS ]
[ Agenda militant ]
Lundi 23 mai, un protocole de fin de crise a été signé à l'ENS Ulm après un mouvement social de sept mois de lutte, dont quatre mois et dix jours de grève. Ce protocole a été signé par la directrice de l'École normale supérieure, d'une part, l'Assemblée générale des personnels en grève, des élèves et des étudiants mobilisés, la section locale FERC-Sup-CGT et la section SUD-Étudiant, d'autre part.
Un banquet festif est prévu rue d'Ulm lundi 30 mai vers 19h. Il commencera par quelques discours des élèves et personnels et sera suivi d'une fête.
La direction a refusé de retirer les 5 plaintes qu'elle a déposées depuis le début du mouvement et à s'engager à ne pas sanctionner les élèves et les grévistes. Le risque de suites judiciaires et de procédures disciplinaires est donc réel - mais les grévistes se sont engagés à reprendre la grève à la moindre annonce de sanction.
N'oubliez pas de signer les pétitions contre les sanctions et pour la réintégration de Mme Ben Saïd
------------------------
"Sortie de conflit à l'ENS : une immense victoire pour les salariés" (Pierre Laurent, PCF)
-----------------------
Sept mois de lutte victorieuse contre la précarité à l'ENS
Mercredi dernier, le 25 mai, la Direction de l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm a enfin cédé et signé le protocole de fin de conflit répondant à la plupart des revendications de l'Assemblée Générale et des grévistes de l'établissement, ancien-ne-s précaires de la cuisine et du ménage :
L'obtention de CDI pour tou-te-s les grévistes ainsi que pour tou-te-s les personnel-le-s employé-e-s par l'ENS depuis plus de trois ans
La mutation du chef de cuisine, suite à l'ouverture d'une enquête portant sur des violences et des harcèlements sur le lieu de travail
Le paiement de 75% des jours de grève
75 euros d'indemnité mensuelle, forme de reconnaissance du caractère anormal de l'emploi de CDI dans la fonction publique, sur des emplois pérennes, au lieu d'attribuer des postes de fonctionnaires titulaires.
Par ailleurs, la Direction s'est engagée à ne pas externaliser le restaurant (ni gestion privée, ni CROUS) et à donner la priorité aux grévistes pour toutes les titularisations qui pourraient avoir lieu dans le cadre de la future loi sur la précarité dans la fonction publique actuellement en discussion.
Sept mois de conflit, des blocages et une grève longue de plus de 130 jours, ainsi que quatre semaines d'occupation des salons de la Direction, jusqu'à une évacuation par la police, ont permis d'aboutir à cette victoire dont la fédération Sud Etudiant se réjouit. La solidarité entre les grévistes et étudiant-e-s a permis à un tel mouvement de perdurer, de se financer par des ventes de repas et par la solidarité au sein de l'ENS et au-delà, pour finalement triompher. Ce mouvement a entrainé d'importantes modifications du paysage politique et syndical au sein de l'école contraignant à la vigilance un établissement jusque là bien peu attentif quant aux conditions de travail de ses employé-e-s, et qui avait pour principe de privilégier le “prestige” de façade à la justice pour tou-te-s.
D'autre part, les engagements concernant la non-externalisation et la titularisation prioritaire des grévistes ne doivent pas rester lettre morte. C'est maintenant au collectif de lutte issu du mouvement de veiller à la tenue de telles promesses, tout en demeurant réactif pour les luttes futures. L'emploi de titulaires doit demeurer le cadre légal de la fonction publique. De même, il faut continuer à veiller à ce que les plaintes que la Direction a déposées contre les salarié-e-s et normalienn-ne-s, ainsi que les menaces de conseil de discipline, n'aboutissent pas à des sanctions qui criminaliseraient la solidarité et la lutte syndicale et sociale.
Les salarié-e-s et étudiant-e-s mobilisé-e-s de l'ENS invitent toutes celles et tous ceux qui le souhaitent ce soir à partir de 20 heures au 45 rue d'Ulm pour une grande fête de la victoire, afin de clore tou-te-s ensemble la grève. La fédération Sud-Etudiant rappelle également que l'union des précaires et des étudiant-e-s avait au départ pour base des revendications communes, sur l'accès au logement pour les étudiant-e-s admis-e-s à préparer le diplôme de l'ENS notamment, qui étudient et vivent dans des conditions bien plus précaires que celles des élèves normalien-ne-s fonctionnaires-stagiaires. Ces revendications trouveront sans aucun doute un écho à travers de nouveaux combats réunissant les précaires de toutes catégories.
Etudiant-e-s, salarié-e-s, même précarité, même combat
----------------------
Victoire contre la précarité à l'École Normale Supérieure - Communiqué Ferc Sup/CGT, 26 mai 2011
Ce 23 mai, un protocole de fin de crise a été signé à l'ENS Ulm après un mouvement social de sept mois de lutte, dont quatre mois et dix jours de grève.
Ce protocole répond à toutes les revendications des grévistes :
• un contrat à durée indéterminée pour chacun des personnels contractuels grévistes,
• un engagement de la direction pour garantir l'emploi des personnels contractuels répondant à des besoins permanents pour qu'ils puissent bénéficier prioritairement des dispositions de titularisation de la loi consécutive au protocole sur les contractuels qui sera votée fin 2011,
• le paiement des jours de grève à 75%,
• une indemnité bi-annuelle correspondant à un montant mensuel de 75 € brut.
Depuis le début la CGT et ses organisations (l'Union nationale FERC Sup CGT, la FERC CGT et l'UGFF CGT notamment) ont soutenu ce mouvement et se sont directement impliquées dans la lutte des salariés de l'ENS contre la double précarité dont ils sont les victimes: en CDD renouvelables chaque année, les personnels de cuisine vivaient dans l'angoisse permanente des lendemains incertains, à laquelle venaient s'ajouter des relations de travail anormales au sein du service.
La solidarité active des élèves durant tout le conflit et de tous ceux qui, régulièrement, participaient aux banquets de soutien ou à la vente de sandwiches, ont permis à ces salariés précaires de sortir de l'ombre afin de réclamer leur droit à la dignité et leur droit à la sécurité de l'emploi. L'obstruction et l'entêtement de la direction de l'ENS, le mépris longtemps affiché envers ces personnels de catégorie C, l'évacuation le 19 avril par les forces de police des salons de la direction occupés par des élèves et les grévistes, ont entretenu les conditions d'un affrontement stérile privilégié pendant de trop nombreux mois par les responsables de l'école. Ce n'est qu'au terme du quatrième mois de grève que la direction a enfin accepté d'engager avec les personnels et leurs organisations syndicales de l'établissement des négociations directes qui ont permis d'aboutir à la signature d'un protocole de sortie de crise le 23 mai. Cette lutte des personnels précaires de l'École Normale Supérieure est emblématique des enjeux qui entourent la mise en place de la future loi sur « l'accès à l'emploi titulaire et l'amélioration des conditions d'emploi des agents contractuels ».
Leur victoire constitue un très important point d'appui pour les nécessaires mobilisations syndicales à venir contre la précarité, d'abord dans l'Enseignement supérieur et la recherche et, au-delà, dans les trois versants de la Fonction Publique.
Montreuil, le 26 mai 2011