Compte rendu publié dans Acta fabula : "Les modernes & la négativité" par Daniele Carluccio.
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Modernités, 33 : "Nihilismes"
Sous la direction de Eric Benoit et Dominique Rabaté
EAN 9782867817663.
393 p.
Prix 29EUR
Présentation de l'éditeur :
Dans le prolongement des réflexions sur le mal ou sur la question des valeurs de l'art aujourd'hui, c'est un pan capital de la littérature moderne européenne que ce livre collectif explore autour de la notion plurielle de nihilismes.
Ceux que Nancy Huston appelle "professeurs de désespoir" ou "néantistes" (Bloy, Beckett, Cioran, Bernhard, Blanchot, Jelinek, etc.) manifestent sans doute un refus des valeurs communes, une attirance pour la table rase. Mais faut-il réduire à cette pure négativité le programme esthétique de ces "entrepreneurs de démolition" ? Ne doit-on pas aussi entendre la force de cette énergie du désespoir, la puissance d'un soupçon fructueux ? Il faut donc faire l'histoire (philosophique, culturelle et littéraire) de cet attrait vers le Rien, des figures de la destruction qui y sont mobilisées, des incarnations du "dernier homme" qui y sont proposées, afin de différencier des moments, des courants selon les pays.
Mouvement européen, sous l'égide de Schopenhauer, le nihilisme littéraire stricto sensu n'existe pas, mais il permet de désigner une fascination (dans les avant-gardes notamment) pour la violence politique, qui croise pourtant un regard désabusé sur un siècle de guerre et d'exterminations. Un premier volet étudie les crises idéologiques et le vide existentiel qui se manifeste avec intensité au XIXe siècle.
Face aux déchaînements de l'Histoire, la question qui se pose aux artistes et aux intellectuels est bien de savoir comment continuer d'écrire en des temps d'anéantissement. Car c'est le langage même qui apparaît, dans le courant du XXe siècle, comme le lieu d'une négativité à la fois féconde et destructrice. Et notre époque, hantée par une apocalypse qui semble déjà advenue, cherche à conjurer une attirance pour le néant qui est aussi bien le signe de notre modernité toujours en devenir.
Sommaire :
- Introductions
•Dominique Rabaté : Un soupçon fructueux
•Eric Benoit : Comme si de rien n’était… (typologie des nihilismes)
I – Crises idéologiques et vide existentiel (XIXème siècle)
•Patrick Marot : La question du nihilisme à l’aube du XIXème siècle : l’exemple de Senancour
•Fabienne Bercegol : Accents nihilistes des premières oeuvres de Chateaubriand et de Senancour
•Enzo Neppi : Aux origines du nihilisme moderne : La réponse de Leopardi à Jacobi, Jean Paul et Hegel
•Marie-Catherine Huet-Brichard : Lélia (1833) : mal du siècle, pessimisme, et poétique du négatif
•Valéry Hugotte : « Le pou, non » (Lautréamont)
•Alissa Le Blanc : « Je rime au Néant » : Figures du nihil chez Jules Laforgue
•Isabelle Poulin : Le « grand écrivain » et les « moins que rien » : le nihilisme en question dans Les Démons de Dostoïevski
•Jean-Pierre Moussaron : Le marteau de Nietzsche contre le nihilisme
•Pierre Glaudes : Maupassant et le nihilisme
II – Ecrire en temps d’anéantissements (XXème siècle, 1)
•Laurent de Lataillade : Thomas Mann, la tentation nihiliste
•Chantal Lapeyre : Temple Drake et le nihilisme féminin
•Eva Andruszko : Du nihilisme mis en scène : Jean Anouilh
•Jean-Yves Laurichesse : Giono, de Pan au Zéro
•Sylvie Gomez : Nihilisme et tragique chez Camus
•Julien Roumette : Le nihilisme au placard : Lady L. de Romain Gary, ou Conrad contre Dostoïevski
•Waclaw Rapak : Quelques remarques sur la négativité chez Michaux
•Jean Pierre Moussaron : Présence et estompe du film noir dans Nous avons gagné ce soir (The Set Up) de Robert Wise
III – Conscience du langage et obsessions apocalyptiques (XXème siècle, 2)
•Michal Krzykawski : Pour une pensée affirmative : lectures françaises de Nietzsche
•Michael Holland : Blanchot, le nihilisme et la « Mort de Dieu »
•François Dominique : « Nous ne sommes rien, soyons tout »
•Jean-Pierre Martin : Le moment suspensif
•Eric Dazzan : « Il reste à faire le négatif »
•Alexandre Salas : Figures littéraires du nihilisme chrétien
•Raphaëlle Guidée : American Dreams : Le rêve américain à l’épreuve du nihilisme dans Pastorale américaine de Philip Roth
•Alain Sebbah : La Fin des temps dans le cinéma de science-fiction
•Jean-Paul Engelibert : Apocalypses sans royaume. Fictions de la catastrophe et nihilisme à la fin du XXe siècle