Serge Chamchinov, La Typographie analytique ou les Temps du livre d’artiste
Granville : Éditions du Laboratoire du livre d'artiste, coll. "Symposium", 2013.
EAN 9791091274265
Présentation de l'ouvrage
Le livre de Serge Chamchinov La Typographie analytique ou les Temps du livre d’artiste inaugure la nouvelle collection « Symposium ». Ce volume met en place une méthode originale de recherches élaborée au sein du Laboratoire du livre d’artiste, établissement scientifique créé à la base de l’association « Livre d’artiste & art contemporain » (loi 1901). Le Laboratoire du livre d’artiste soutient le point de vue qui déclare l’autonomie réflective et méthodologique du livre d’artiste d’aujourd’hui. Il se distingue catégoriquement de deux visions contradictoires sur le livre d’artiste, dont l’une le rattache à la bibliophilie dite « contemporaine » et l’autre l’inscrit dans l’art conceptuel.
Étant donné sa matière complexe pour la création réflective, le livre d’artiste a le potentiel pour coordonner les différents modes d’expression, verbale, plastique, sonore, tactile, etc. Ses fonctions ne peuvent être limitées seulement par des critères purement esthétiques ou par des critères purement conceptuels. Le livre d’artiste se dirige vers les nouveaux temps de son existence, pour lequel l’œuvre, le processus de sa création et la pensée analytique se réunissent. Le livre d’artiste exige une recherche pluridisciplinaire, celle-ci doit élaborer sa propre méthode scientifique afin de pouvoir établir la future étude non pas pour réglementer le genre, mais pour pouvoir présenter toute sa diversité, ses rapports avec les autres domaines des cultures et des sciences humaines.
En présentant un parcours autocritique l’artiste-auteur Serge Chamchinov montre dans son ouvrage La Typographie analytique ou les Temps du livre d’artiste les liens internes qui s’organisent entre ce qui est écrit et ce qui est dessiné grâce aux procédés typographiques et picturaux dans le cadre de la création d’un livre d’artiste. Il explique la conception de l’indivisibilité infinie entre les éléments verbaux et les unités proprement graphiques. Le texte est rédigé d’après la conférence tenue par l’artiste à l’Institut national d’histoire de l’art (Paris) en 2012. L’auteur théorise le processus de création de l’œuvre et élabore l’aspect de la « modification du temps » dans le livre d’artiste. La thématique est développée autour de l’analyse d’un des livres d’artiste Jamais plus. Blanc/Noir (texte The Raven d’Edgar Allan Poe, traductions de Charles Baudelaire et de Stéphane Mallarmé, éditions Laboratoire du livre d’artiste, section « Translation », 2011).
Par la typographie analytique il faut comprendre la visualisation du textuel dont se passe l’accumulation et la coordination des différents types de la mise en page. La typographie analytique se repère d’une part à la « typographie visuelle », qui consiste en l’utilisation d’un langage visuel créé à partir de lettres et de mots (« zaoum typographique »). D’autre part, elle développe les principes de la « typographie expressive », dont l’essentiel consiste en l’interprétation visuelle souvent intuitive, émotionnelle et allusive, effectuée par des procédés individuels pour chaque artiste-typographe. En même temps, la typographie analytique a l’intention propre, grâce à ces différents outils, de pénétrer dans les sphères de la structure du verbal, dans les styles littéraires, dans les constructions linguistiques, dans la poétique et même dans les mécanismes internes de l’apparence graphique des langues.
La typographie analytique se révèle, au moins, dans deux registres de travail avec le texte : la mise en scène de la micro-poétique du texte ; la composition des structures visuelles créées à partir des segments graphiques du texte. Ainsi, le textuel est exploité dans les livres d’artiste en tant que tissu visuel composé par des unités graphiques sur un support-page. La page est considérée comme tableau-écran où ce tissu apparaît. Un tel tableau comporte donc des centres visuels accentués par des lettres et des mots, ainsi que des structures visuelles composées par des vers-lignes et des blocs du texte. Par ailleurs, chaque page est construite en tant que terrain des interactions du noir (caractères) et du blanc (intervalles), prenant en compte des marges, interactions qui permettent de créer des tensions entres les différents éléments graphiques.