Appel à communications pour le colloque
« Auteurs-traducteurs : la fabrique de l’écrivain »
Université Paris Ouest Nanterre La Défense, 8-9 janvier 2016
Le point de départ des réflexions que cette conférence se propose de mener est une question essentielle de la traduction littéraire : qui est l’auteur d’un texte traduit ? Si l’on attend du traducteur professionnel qu’il s’efface, se rende « invisible », la situation change lorsque celui qui remplit la fonction de traducteur est lui-même auteur. Dans le cas de l’auteur-traducteur, on se demandera comment la pratique de traduction s’articule à l’affirmation d’une autorité littéraire.
Deux aspects seront envisagés :
Traduction et écriture : pour certains auteurs, la traduction s’apparente à un exercice de style, un moyen de se réapproprier la langue maternelle en l’abordant depuis une perspective extérieure. De manière inverse, la traduction peut être une façon d’imposer son propre style d’auteur à l’œuvre d’un autre, transformant à jamais sa réception. Enfin, dans le dialogue qui se noue entre deux auteurs à travers le processus de traduction d’une œuvre, la notion de communauté d’écrivains, qu’elle soit synchronique ou diachronique, conditionne également le développement de l’auteur traduisant qui reconnaît dans l’auteur traduit un frère de plume par-delà les différences linguistiques. On s’intéressera également aux cas des traducteurs qui font autorité dans le domaine de la traduction sans pour autant être auteurs d’œuvres indépendantes : quel est donc ce statut d’autorité que leur confère la pratique de la traduction ?
Littérature traduite et autorité : sur le marché littéraire, l’œuvre traduite est-elle une production mineure, minoritaire, marginale du fait de sa nature dérivée, ou bien peut-elle être gage de réussite assurée ? Traduire un classique, pour un auteur encore inconnu, c’est un moyen efficace de se faire connaître en bénéficiant de la popularité d’un auteur déjà reconnu. Réciproquement, des auteurs confirmés ont pu vouloir faire partager à leurs compatriotes leur passion pour une littérature ou un auteur méconnus du grand public parce que jamais traduits. La question de l’identité et du prestige de l’auteur et de l’œuvre que l’on traduit va de pair avec le statut des différentes langues. À la Renaissance, traduire à partir du latin et surtout du grec, voire de l’hébreu, conférait une certaine forme d’autorité tout en constituant un acte de défi à l’égard des codes. Quelles sont les langues porteuses d’autorité au vingt-et-unième siècle ? Quelles sont celles qui demeurent minoritaires, celles qui ont besoin de l’audace et de l’autorité d’un écrivain confirmé pour être traduites ?
Les communications (en français ou en anglais) pourront porter sur les sujets évoqués ci-dessus en lien avec la traduction de textes littéraires de la Renaissance à nos jours, dans toutes les langues.
Modalités de participation
Merci d’envoyer vos propositions de communication (250-300 mots pour une communication de 25 minutes) accompagnées d’une brève biographie (environ 100 mots) avant le 30 juin 2015 à Christine Berthin (cmurphy@u-paris10.fr) et Laetitia Sansonetti (L.Sansonetti@u-paris10.fr).