Compte rendu publié dans Acta fabula (juin 2019, vol.20, n°6) :
Voyage au sein d’un Jules Verne méconnu par Denis Cels.
On peut lire sur Diakritik.com un entretien avec l'auteur…
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Laure Lévêque, Jules Verne. Un lanceur d'alerte dans le meilleur des mondes
Paris : L'Harmattan, 2019
22,50 € — EAN13 : 9782343177083.
Contre une vulgate tenace qui continue de célébrer en Jules Verne le thuriféraire aveugle du progrès, cet essai s’attache à remettre sous tension l’idée d’un Verne champion irréfléchi de l’entreprise humaine. Buissonnant dans le touffu massif vernien, il y puise de quoi déconstruire une image qui doit beaucoup à la politique éditoriale d’Hetzel, désireux d’arrimer les Voyages extraordinaires aux valeurs rationalistes, positivistes et expansionnistes qui dominent, tant sous le Second Empire que sous la Troisième République, une France lancée dans l’aventure industrielle et coloniale. Sans jamais néanmoins parvenir à étouffer les voix non autorisées qui, sous l’épopée alléguée de la science et de la technique, sous la geste des surhommes, comme en sous-main, travaillent contradictoirement l’écriture de Jules Verne. C’est à cette parole occultée, symptôme et expression d’un malaise dans la civilisation que ces pages entendent redonner voix : la voix d’un Jules Verne lanceur d’alerte devant la course à l’abîme et le naufrage éthique où s’enfonce un monde toujours plus polarisé, qui n’a pour gouvernail que l’impérialisme et le capitalisme sauvages.
TABLE DES MATIÈRES
Introduction : Faut-il arrêter le progrès ?
Paris au XXe siècle, capital(e) de la douleur
L’impérialisme, stade suprême du progrès ?
La mondialisation entre souverainisme et supranationalisme
Géographie politique ou géographie humaine ?
La Cité idéale, un idéal-type d’émancipation entre communs et dirigisme
Le Nouveau Monde : terre promise, Paradise Lost ou grand barnum ? 131Apocalypse now ?
Conclusion : Le meilleur des mondes à vau-l’eau