A. G. Freijomil, Arts de braconner Une histoire matérielle de la lecture chez Michel de Certeau (préf. de R. Chartier)
Compte rendu publié dans Acta Fabula (Février 2021, vol. 22, n° 2) : "Portrait de Certeau en « homme de revue »" par Simon Dumas Primbault
Andrès G. Freijomil,
Arts de braconner Une histoire matérielle de la lecture chez Michel de Certeau,
préface Roger Chartier,
Classiques Garnier, 2020., Classiques Garnier,
collection "Lire le XVIIe siècle. Série Littérature, libertinage et spiritualité.", 2020.
EAN13 : 9782406091042.
Peut-on faire l’histoire d’un lecteur, quand ce lecteur est Michel de Certeau, l'un des historiens les plus importants du XXe siècle, jésuite, et auteur d’une importante théorie de la lecture comme braconnage ?
L'ouvrage d'Andrès Freijomil entend suivre les traces matérielles d’un Michel de Certeau inconnu. Partant des soulignements et annotations marginales laissés dans ses livres, de sa manière de citer d’autres travaux, de se lire lui-même dans le réemploi de ses écrits, et de la construction de lecteurs libres de tout système scripturaire, ce livre fait émerger un territoire inconnu, celui des textes disséminés dans des revues et magazines, traces fondamentales du processus d’écriture d’une œuvre dont le présent a toujours gardé trace de l’altérité cachée de son passé: les arts de braconner.
Selon Roger Chartier qui a préfacé le livre, Andrès Freijomil permet de situer l'écriture de Michel de Certeau dans sa propre histoire, dans son propre mouvement en étant attentif aux dispositif discursifs et éditoriaux qui façonnent un lecteur libre et tenu cependant vers une vérité. C'est cette tension qui rend ce livre passionnant.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Michel de Certeau, relecture, réécriture", par Marc Lebiez (en ligne le 24 juin 2020).
Michel de Certeau (1925-1986) appartenait à la même génération que Deleuze, Foucault, Bourdieu, et il diffusa lui aussi un rayonnement stellaire. S’il n’apparaît plus comme une étoile de première grandeur, c’est peut-être la rançon de ce qui fit son originalité et sa force : la multiplicité de ses facettes. Était-il psychanalyste ou anthropologue, sémiologue ou historien ? Serait-ce le définir que le dire jésuite ? Il ne mettait pas en avant cette qualité, qu’il ne dissimulait pas non plus. Le travail d’Andrés G. Freijomil, Arts de braconner, est fondé sur sa pratique de la lecture.