Colloque international et interdisciplinaire
Théâtre et Médecine
De l'exhibition spectaculaire de la médecine à l'analyse clinique du théâtre
Florence Filippi (Université Paris Descartes)
Christian Biet (Université Paris Ouest Nanterre la Défense - IUF)
EA 4414 HAR – Université Paris Ouest Nanterre la Défense
Bureau des affaires culturelles de l'Université Paris Descartes
27 et 28 mai 2010
Grand Amphithéâtre – Université Paris Descartes
12, rue de l'Ecole de Médecine, 75006 Paris
Comité scientifique
Pr. Christian Biet (Université Paris Ouest Nanterre la Défense, IUF)
Pr. Patrick Dandrey (Université Paris Sorbonne)
Pr. Daniel Jore (Doyen de l'UFR Biomédicale, Université Paris Descartes)
Pr. Axel Kahn (Président de l'Université Paris Descartes)
Pr. Jean-Marie Pradier (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis)
Le corps médical a toujours conçu sa pratique comme un spectacle à part entière, puisant dans les ressources de la mise en scène théâtrale les moyens d'une représentation efficace de son pouvoir thérapeutique. Le rituel des consultations et des oracles conférait à la médecine antique une dimension religieuse, sacrificielle et spectaculaire, proche des origines du théâtre. Réciproquement, les théoriciens du théâtre (Aristote, Diderot, Artaud), comme les dramaturges et les praticiens de la scène (Sade et son théâtre d'aliénés, truquistes et concepteurs d'effets morbides et sanglants du Grand Guignol) ont pu s'emparer du discours du médecin, et exploiter les pathologies et les symptômes du malade pour penser et concevoir le spectacle vivant.
Cherchant à se légitimer mutuellement, théâtre et médecine ont été renvoyés dos à dos par leurs détracteurs, nourrissant aussi bien la critique de leurs effets pathologiques que l'éloge de leurs vertus thérapeutiques. Dans cette optique, nous souhaiterions examiner cette relation de fascination et de répulsion mêlées, afin de penser le médical comme élément spectaculaire, et considérer le discours du médecin comme paradigme épistémologique pour le théâtre. A partir d'une double approche diachronique et synchronique, nous privilégierons l'analyse des dispositifs et des discours communs à la médecine et au spectacle vivant :
- Le spectacle comme révélateur de symptômes :
On verra notamment dans quelle mesure le corps souffrant, la névrose et la maladie, en tant que simulacres exhibés sur scène par le comédien, peuvent être conçus comme des signes distinctifs de l'homme de théâtre, susceptibles d'être investis par le discours médical. On interrogera à ce titre l'omniprésence des maladies d'acteurs et des pathologies de l'homme de théâtre, décrites dans les mémoires, les correspondances, et les rapports d'autopsie : La maladie est-elle la condition nécessaire de l'accès à la profession théâtrale, ou au contraire comme le résultat d'une pratique trop prolongée de la scène ?
- La médecine comme pratique spectaculaire :
Que penser également de la tendance des médecins à exhiber leurs cas cliniques, et à éprouver l'efficacité de leurs remèdes dans la mise en spectacle de leurs pratiques thérapeutiques ? Comment la médecine se met-elle en scène dans des dispositifs scénographiques parfois complexes et ostentatoires ? Pourquoi le médecin a-t-il, lui aussi, besoin d'un public pour faire admettre sa pratique et l'élever au rang d'art ?
- Les vertus thérapeutiques du théâtre :
Des théories d'Aristote à l'Art Thérapie, on ne cesse d'interroger les vertus thérapeutiques du théâtre, envisagé tour à tour comme propagateur de maux, ou au contraire comme catalyseur de pathologies sociales et moyen d'endiguer les pulsions individuelles. Quels seraient alors les effets physiologiques du théâtre sur son spectateur ? La question étiologique est-elle soulevée par l'art dramatique ? Si oui, sous quelles formes peut-elle s'exprimer sur scène? Enfin, quel dialogue le théâtre entretient-il avec la psychanalyse dont l'apport continue d'interroger et de faire rupture avec les sciences médicales « dures » ? Aujourd'hui où l'imagerie et la technique médicales ont pris une place centrale dans la tentative d'explication des pathologies, le spectacle théâtral aurait-il une fonction palliative au regard de cette rationalité des pratiques ?
Programme
Jeudi 27 Mai 2010 : Grand Amphithéâtre (12, rue de l'Ecole de Médecine, Paris 6e)
Séance d'introduction : Pour une poétique de la pratique médicale
10h : Ouverture du colloque par Florence Filippi (Université Paris Descartes) et Christian Biet (Université Paris Ouest Nanterre – IUF)
10h15 : Conférence d'ouverture par Jackie Pigeaud (Université de Nantes) : « Le corps et la maladie dans le théâtre antique »
Première session : Malade et imaginaire : le cas Molière
Présidence de séance : Christian Biet
11h : Patrick Dandrey (Université Paris Sorbonne) : « La médecine et la maladie dans le théâtre de Molière»
11h30 : Cristina Marinho (Université de Porto) : « Molière et L'Amour Médecin au Portugal, au XVIIIe siècle : un exemple de campagne de vaccination »
12h : questions
Deuxième session : Le personnage du médecin (XVIIIe –XIXe)
Présidence de séance : Patrick Pognant (Université Paris Descartes)
14h : Pierre Baron (Université Paris Descartes): « Opérateurs et charlatans dans le théâtre de foire au XVIIIe siècle »
14h30 : Patrick Berthier (Université de Nantes) : « Images du médecin dans le théâtre de la monarchie de Juillet »
15h : questions
Troisième session : Spectacle et vertu thérapeutique (I)
Présidence de séance : Patricia Attigui
15h30 : Violaine Heyraud (Université Paris Ouest Nanterre la Défense) : "Médecine sous influence et masques de l'hystérie : Alfred Binet, un psychologue au Grand-Guignol"
16h : Jean-Marie Pradier (Université Paris 8) : « Influence du Théâtre sur la santé Publique : thèse de médecine soutenue par H. Bonnaire de Saint Mihiel (1834) »
16h30 : Isabelle Barbéris (Université Paris Ouest Nanterre) : « Théâtre et vitalisme philosophique : le mythe de la vie dans le théâtre contemporain »
17h : questions
17h30 : Conférence-Performance de Mael Le Mée (Institut Benway) : « Archives, commémoration et mise en scène dans le cadre de la communication d'entreprise biomédicale : l'exemple du cinquantenaire de l'Institut Benway. »
Vendredi 28 mai 2010 : Grand amphithéâtre
Quatrième session : Spectacle et vertu thérapeutique (II)
Présidence de séance : Hugues Marchal
9 h 30 : Georges Vigarello (EHESS - IUF) : « Le spectacle de la médecine »
10h : Gérard Danou (Université Paris Diderot) : « Médecine éthique et politique dans Le Professeur Bernhardi d'Arthur Schnitzler »
10h30 : questions
Cinquième session : Pratiques thérapeutiques, pratiques théâtrales
Présidence de séance : Olivier Neveux
11h : Patricia Attigui (Université Paris Ouest Nanterre la Défense) : « La théâtralité, un lieu psychique pour penser l'énigme »
11h30 : Vincent Guillaume (Université de Poitiers) : «L'anti-catharsis : l'exemple de la mise en scène de Vivre »
12 h : Solange Ayache (Université Paris Sorbonne) : « Théâtres de l'espace mental : psychiatrie, psychanalyse et psychothérapie en scène »
12h30 : questions
14h : Concert-Conférence de Jean-Charles Léon, accompagné de Philippe Foulon à la viole de gambe, et Emer Buckley au clavecin : « Le tableau de l'opération de la taille de Marin Marais »
Sixième session : Le spectacle comme révélateur de symptômes :
Présidence de séance : Jean-Marie Pradier
14h45 : Julie de Faramond (Université Paris Ouest Nanterre) : « Être actrice et mourir phtisique : une malédiction de l'époque romantique »
15h15 : Olivier Neveux (Université de Strasbourg) : « Une chambre dans un hôpital parisien...Une visite inopportune de Copi (1988)»
15h45 questions
pause
16h15: Leïla Adham (Université de Poitiers) : « Le corps malade ou l'invention d'une nouvelle théâtralité : les mises en scène de Roméo Castellucci »
16h45 : Hugues Marchal (Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle) : « Corps limites : chirurgie et performance dans l'art contemporain »
17h15 : questions
17h30 : Conférence-performance d'Orlan