Essai
Nouvelle parution
D. Payot, Retours d'échos. Comment ne pas écrire sur l'art et les artistes

D. Payot, Retours d'échos. Comment ne pas écrire sur l'art et les artistes

Publié le par Université de Lausanne (Source : François-Marie Deyrolle)

Compte rendu publié dans Acta Fabula (novembre 2021, vol. 22, n° 9) : "Pour une écriture dans l’intervalle : l’écho comme manière d’écrire sur l’art & les artistes" par Milène Lang.

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Daniel Payot, Retours d'échos. Comment ne pas écrire sur l'art et les artistes,

L'Atelier contemporain, collection "Essais sur l'art", 2021.

EAN13 : 9782850350245.

 

« Comment ne pas écrire sur l’art et les artistes » : avec ce sous-titre négatif, simple facétie en apparence, Daniel Payot installe en fait son essai dans une distance scrupuleuse qu’il estime seule féconde lorsqu’il s’agit de disserter sur l’art. Son refus d’énoncer de manière positive ce qui devrait être n’est pas la marque d’une timidité théorique : c’est un parti-pris de méthode, dérivé avec conséquence de sa certitude que rien n’est plus fatal que l’univocité dans notre face-à-face avec les œuvres.

Partant du constat d’une inadéquation naturelle entre la « langue privée de mots » des arts plastiques – lignes, ombres et couleurs, au sens inassignable – et l’ordre du discours, qui tend à figer dans des structures sans ambiguïté les choses et les rapports entre elles, l’auteur ébauche une autre approche, visant à permettre au langage de présenter l’œuvre dans sa différence intacte, sans entamer son équivoque. « On fait souvent comme s’il y avait des choses et des sujets et ensuite seulement des espaces entre eux. […] Et s’il y avait d’abord le ‘entre’ et ensuite les choses et les sujets s’y posant, à la fois consistants et éphémères ? »

Soucieux de cohérence, Daniel Payot n’affirme pas de façon tranchée. Procédant tel le mosaïste qui laisse à l’œil du spectateur le soin de fondre en une image des pièces juxtaposées, il cite, commente et développe l’une après l’autre, par brefs chapitres, les pistes de réflexion ouvertes par ses devanciers, théoriciens et patriciens d’une écriture avec et non aux dépens de l’art. Adorno, Benjamin, Michaux, Bonnefoy, Picon, Ponge, Arasse, Georges Didi-Hubermann sont quelques-uns seulement des interlocuteurs de cette méthode dialogique, où la voie à emprunter passe par l’entre-deux de l’échange.

Éloge de l’« intervalle », d’une réserve respectueuse de part et d’autre de laquelle art et écriture se serviraient réciproquement sans s’asservir et converseraient par « retours d’échos », cet ouvrage parlera à quiconque voit le discours savant comme un voile jeté sur les œuvres.

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Daniel Payot, enseignant en philosophie de l’art, est professeur émérite de l’Université de Strasbourg, dont il a été aussi le président. Il a été adjoint à la culture de la Ville de Strasbourg. Ses principales publications : Le Philosophe et l’Architecte, Aubier-Montaigne, 1982 ; Anachronies de l’œuvre d’art, Galilée, 1990 ; Effigies – La notion d’art et les fins de la ressemblance, Galilée, 1997 ; La statue de Heidegger, Circé, 1998 ; Après l’harmonie, Circé, 2000 ; L’art africain entre silence et promesse, Circé, 2009 ; Constellation et Utopie. Theodor W. Adorno, le singulier et l’espérance, Klincksieck, 2018.

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On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage:

"Écrire sur ou avec l'art ?", par Christian Ruby (en ligne le 27 mars 2021).