Compte-rendu publié dans Acta Fabula (janvier 2022, vol. 23, n°1) :
"Principes des mondes dickiens" par Léo Pinguet.
*
L'Altération des mondes. Versions de Philip K. Dick
David Lapoujade
Paris, Éditions de Minuit, 2021, 160 p.
ISBN : 9782707347060
La SF est créatrice de mondes, mais les mondes créés par Philip K. Dick ont la particularité de s’effondrer très vite. Cela vaut pour le monde réel comme pour les mondes artificiels. D’ailleurs est-il encore possible de les distinguer les uns des autres ? Qu’est-ce qui nous assure que nous n’évoluons pas dans des mondes faux, aussi artificiels qu’un parc d’attractions — avec entrée payante ? Et si ces mondes sont créés de toutes pièces, qui en contrôle les apparences ? À qui appartiennent-ils ? Dans quel but sont-ils produits ? En nous bombardant de réalités artificielles, ne cherche-t-on pas à nous voler le monde — et notre rapport au monde ? Si tel est le cas, comment lutter contre ces entreprises de dépossession ?
Voir le livre sur le site de l'éditeur…
*
On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Philip K. Dick, réparateur de mondes", par Sébastien Omont (en ligne le 6 août 2021)
Les univers alternatifs créés par Philip K. Dick s’effondrent très vite, remarque David Lapoujade dans L’altération des mondes. Reliant chez l’auteur d’Ubik la notion de monde à celle de psychisme, la vérité à la subjectivité, le philosophe insiste sur l’importance du délire, de la paranoïa – et sur leurs points communs avec la religion et les drogues – pour représenter des sociétés de plus en plus soumises aux machines et au contrôle, fussent-ils invisibles et insidieux. En une analyse aussi précise que stimulante, David Lapoujade nous montre comment la désagrégation apparente des romans de Philip K. Dick peut se lire comme une stratégie pour réformer des sociétés « invivables ».